L’Express

L’IA générale sera là plus vite que prévu : les incroyables perspectives de Sam Altman

Avec son nouveau moteur de recherche intégrant l'intelligence artificielle, OpenAI souhaite concurrencer Google.




Le jour où l’IA sera aussi intelligente que l’homme arrive, selon Sam Altman. Et même plus vite que prévu. Alors que des voix critiques commencent à anticiper une stagnation de l’IA, OpenAI qui fêtait dans la soirée du 14 novembre l’ouverture de son bureau parisien est plus confiant que jamais. « Les progrès de l’IA continuent de s’accélérer », assure Romain Huet, responsable de l’expérience développeur. Grâce à notre dernier modèle o1, une nouvelle ère va s’ouvrir. » En moins d’un an, OpenAI s’est d’ailleurs métamorphosé, passant d’un siège à San Francisco à un réseau de neuf bureaux dans le monde. « ChatGPT recense 250 millions d’utilisateurs hebdomadaires actifs », précise OpenAI. Et en France, le groupe compte déjà des acteurs d’envergure parmi ses partenaires et clients notamment Sanofi, Publicis Groupe, l’ESCP ou encore les licornes Pigment et Mirakl.Sam Altman n’a de toute manière pas pour habitude d’écouter les pessimistes. Dans un récent podcast de Y Combinator, il révèle l’hostilité qu’OpenAI a suscitée à ses débuts : « Notre postulat de départ était que le deep learning marchait et que plus on le pratiquait à grande échelle, meilleurs seraient les résultats. Mais ce pari était presque hérétique à l’époque. Des profils chevronnés de l’industrie pensaient que ce serait un gaspillage monstre de ressources, que cela déclencherait un hiver de l’IA. » L’équipe OpenAI s’est entêtée. A raison. En « scalant » ses modèles, elle a fait réaliser des bonds de géant au secteur de l’IA.Cette recette continuera-t-elle de fonctionner ? OpenAI identifie cinq niveaux d’intelligence artificielle. ChatGPT correspond au premier, celui des chatbots, ces outils conversationnels. Le deuxième est celui des IA qui raisonnent, comme son modèle OpenAI o1 lancé en septembre dernier. Le niveau 3 correspond aux « agents » capables de réaliser des actions de manière autonome (faire une réservation, passer une commande). Le quatrième aux « Innovateurs », des modèles qui aident à faire de nouvelles découvertes. Tout en haut, le niveau 5 des « Organisations » désigne des IA capables de réaliser le travail d’une entreprise entière.Et plusieurs signes laissent Sam Altman penser que l’escalade de la pyramide est possible. Pour commencer, « le coût de l’IA a drastiquement baissé », pointe OpenAI lors d’une présentation presse le 14 novembre. Les acteurs de l’IA facturent souvent les offres entreprises au « million de tokens », ces unités élémentaires de texte ou de code dans lesquelles les demandes des utilisateurs sont décomposées. Et la facture s’est en effet allégée : de 36 $ en mars 2023 à 4 $ en août dernier.La dernière IA de Sam Altman « raisonne »Mais ce sont surtout les perspectives ouvertes par le modèle o1 qui rendent OpenAI confiant. Romain Huet a bluffé le public hier soir, en montrant comment cette IA de dernière génération pouvait aider des personnes n’ayant pas de connaissance en informatique. Sollicitant au micro l’aide d’o1, il explique à l’IA qu’il ne sait pas comment faire voler le modèle de drone dont il dispose, ni déclencher sa caméra. Quelques instants plus tard, la magie opère : o1 lui écrit de A à Z un programme lui permettant de faire décoller l’engin, le diriger. Et filmer le public. »o1 a aidé certaines start-up à bien formuler des demandes de brevets ou à analyser des données financières, d’autres l’ont testé pour construire des objets physiques complexes », précise OpenAI. Une start-up qui l’expérimentait lors d’un hackathon organisé par le groupe a ainsi réduit le temps de conception d’une voile – objet qui nécessite des calculs aérodynamiques complexes – de trois heures à quelques minutes.Le secret des progrès d’o1 ? Cette nouvelle IA prend le temps de « réfléchir ». Plus concrètement, de décomposer une demande complexe en séries d’étapes simples afin de mieux la comprendre. « o1 explore également plusieurs options de réponses et réalise une sorte d’examen critique de ces options afin de choisir la meilleure », nous détaille l’équipe OpenAI. L’ensemble de ce processus est appelé « chaîne de pensée » (chain of thoughts, en anglais).Une manière de faire qui tranche avec les précédentes générations qui livrent, elles, instantanément la réponse que leurs calculs probabilistes sophistiqués ont jugée pertinente. Raison pour laquelle depuis o1, OpenAI a scindé sa gamme d’IA en deux familles : les « IA classiques » et les « IA de raisonnement ». Les premières, taillées pour les conversations avec l’IA et les demandes pressées. Les autres, pour les problèmes complexes nécessitant de la patience. »Quel prix pour un nouveau traitement contre le cancer ? «  »Pour le moment, o1 réfléchit pendant plusieurs secondes. Mais nous envisageons de futures versions où il réfléchirait pendant des heures, des jours voire des semaines. Les coûts d’inférence seraient bien plus élevés. Mais quel prix serions-nous prêts à payer pour un nouveau traitement contre le cancer ? Pour des batteries révolutionnaires ? Pour une preuve de l’hypothèse de Riemann (NDLR l’un des problèmes mathématiques non résolus jugés les plus importants de notre époque). L’IA peut être bien davantage qu’un chatbot », soulignait sur X Noam Brown, un des chercheurs de premier plan d’OpenAI.Sam Altman le dit et le répète sur les réseaux sociaux : « il n’y pas de mur (de l’IA) ». Et contrairement à plusieurs pontes du secteur, il ne juge visiblement pas nécessaire d’inventer des approches fondamentalement nouvelles pour atteindre le graal de l’intelligence artificielle générale (AGI). « Pour la toute première fois, j’ai le sentiment que nous savons quoi faire. Passer du stade actuel à l’AGI nécessitera un travail colossal. Il y a toujours quelques inconnues […] mais dans l’ensemble nous savons désormais ce qu’il faut faire […] Et lorsqu’on a ce degré de visibilité, cela peut aller assez vite », précisait-il récemment à Garry Tan, le DG de l’incubateur Y Combinator.Sam Altman n’est d’ailleurs pas le seul à y croire. Dans le dernier podcast de Lex Fridman, Dario Amodei, le PDG d’Anthropic, anticipe lui aussi une arrivée rapide de l’AGI. « Beaucoup d’obstacles pourraient retarder sa matérialisation […] Mais si l’on regarde la vitesse à laquelle les capacités de l’IA augmentent, cela laisse penser que nous pourrions l’atteindre d’ici 2026 ou 2027. »Qu’apporteront à notre civilisation des IA surpuissantes ? Pour le PDG d’Anthropic, à coup sûr, des progrès majeurs dans la recherche scientifique. « Les humains ont du mal à comprendre la complexité de la biologie. A Stanford, Harvard, Berkeley, il y a des départements entiers de personnes qui étudient le système immunitaire ou les voies métaboliques. Chacun d’eux se spécialise et ne maîtrise qu’un fragment de l’ensemble. Et ils peinent à combiner leurs connaissances. J’ai le pressentiment que l’IA serait plus intelligente », précise-t-il au micro de Lex Fridman.La menace Elon MuskDans son essai L’Age de l’intelligence, le PDG d’OpenAI, Sam Altman, évoque aussi l’arrivée de tuteurs virtuels pédagogues, d’assistant médicaux aux petits soins, de solutions à la crise climatique. « Dans les décennies à venir, nous pourrons faire des choses qui auraient semblé relever de la magie à nos grands-parents », écrit-il.Reste à voir si la sphère politique ne met pas de bâtons dans les roues de Sam Altman. Certes, Donald Trump qui vient d’être réélu président semble enclin à fortement déréguler l’IA. Il a notamment agité l’idée de supprimer l’Executive Order de Biden qui pose un cadre pourtant souple au secteur. Mais Donald Trump a également confié des responsabilités de premier plan à Elon Musk qui a activement mené campagne en sa faveur. Et ce dernier voue une rancune tenace à OpenAI, qu’il a participé à cofonder mais a quitté en 2018. Il ne cesse depuis de critiquer le virage lucratif pris par l’entité qu’il juge être une trahison « aux proportions shakespeariennes » avec sa mission de départ. Et a porté plainte contre eux. Elon Musk est également déterminé à profiter du boom de l’IA et a lancé sa propre start-up dans le domaine, xAI. Le plus grand défi de Sam Altman sur la route de l’AGI ne sera peut-être pas de dompter la machine. Mais de s’accorder avec un homme.



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Author : Anne Cagan

Publish date : 2024-11-15 14:11:21

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