Il est des phénomènes qui vous échappent de prime abord. On avait bien vu cet été, d’un œil distrait, que La Femme de ménage (J’ai lu) d’une certaine Freida McFadden triomphait dans le palmarès Edistat des meilleures ventes, tous genres et formats confondus. Mais lorsque les trois titres de cette mini-série s’y sont confortablement installés cet automne, les deux premiers en poche, le troisième, La femme de ménage voit tout, chez City Editions, son éditeur indépendant en grand format, on a fini par s’interroger et par enquêter sur cette inconnue venue d’outre-Atlantique. Qui a eu les honneurs du New York Times, en juin 2024, décryptant l’épopée de cette femme de 44 ans, avec ce titre « Comment un médecin de Boston a conquis le genre thriller » – après une décennie d’autoédition, cette spécialiste des lésions cérébrales et mère de famille est actuellement l’auteur de thrillers le plus vendu aux Etats-Unis, battant James Patterson, David Baldacci ou encore John Grisham ! A tel point que les lecteurs insatiables de McFadden se font appeler « McFans ».Son registre ? Au choix, le suspense psychologique ou le thriller domestique. En France aussi, la sauce a donc pris. Commentaire d’Hélène Fiamma, la patronne de J’ai lu, et d’Anne Maizeret, l’éditrice qui s’est empressé d’acheter les droits auprès du « découvreur », Frédéric Thibaut chez City Editions. « C’est de la très bonne littérature populaire avec des ressorts narratifs géniaux, ainsi de la femme qui se venge de son tortionnaire en employant les mêmes moyens que lui. C’est la revanche des faibles sur les nantis. Les jeunes générations, peu lectrices de polars, adhérent, ce qui élargit grandement le cercle. » A la lecture, on en convient. Malgré quelques longueurs et redites, La Femme de ménage tient la route. Grâce, notamment, à la gouaille de son héroïne, Millie, tout juste sortie de dix années de prison et embauchée pour son plus grand bonheur (éphémère) dans une belle demeure de Long Island. Très vite, Mme Winchester, la maîtresse de maison, se fait cinglante tandis qu’Andrews, son bel époux et riche homme d’affaires, tente d’arrondir les angles. Evidemment, les rôles pourraient s’inverser… Titre intrigant, couverture habile (un œil dans une serrure), campagne d’affichage dans les gares avec ce slogan « On l’a lu en 2 heures. Et vous ? »… alimentent le phénomène.Résultat : après des débuts prometteurs, 30 à 40 000 exemplaires les premiers mois, les ventes de La Femme de ménage, publié en poche en octobre 2023, n’ont cessé de progresser pour dépasser ces jours-ci près les 500 000 exemplaires, tandis que le deuxième volet, Les Secrets de la femme de ménage, s’envole avec plus de 200 000 exemplaires moins de deux mois après parution et que le troisième, sorti en même temps chez City, pointe à près de 40 000 – on n’avait pas vu tel carton depuis 2015 et La Fille du train, de Paula Hawkins. Quand on apprend que La Femme de ménage va être adapté au cinéma et que la dame a écrit 23 romans, on comprend que le Dr McFadden n’est pas près de disparaître du paysage éditorial.
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Author : Marianne Payot
Publish date : 2024-11-25 10:00:00
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