Le président Bachar el-Assad a fui la Syrie dans la nuit de samedi à dimanche, chassé par l’offensive spectaculaire d’une coalition de rebelles, menée par les islamistes du groupe HTC. La fin d’un demi-siècle de règne sans partage du clan familial… Qui fait déjà bouger quelques lignes en Europe. Dans un contexte de forte progression des partis d’extrême droite aux récentes élections sur le continent, les gouvernements allemand, autrichien, suédois, danois, norvégien et belge ont d’ores et déjà décidé de la suspension des demandes d’asile des ressortissants syriens. La France envisage de faire de même. Ce statut de réfugié, défini par la Convention de Genève de 1951, reconnaît comme tel toute personne craignant d’être persécutée dans son pays d’origine « du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».En Allemagne, étant donné « l’incertitude actuelle », l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés a « décrété un gel des décisions pour les procédures d’asile actuellement encore en cours » des migrants syriens, a déclaré ce lundi dans un communiqué la ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser. L’Allemagne est le pays de l’Union européenne qui accueille la plus importante diaspora syrienne. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 974 136 personnes de nationalité syrienne résident actuellement dans le pays. Parmi elles, 5 090 ont été reconnues comme éligibles à l’asile, 321 444 ont obtenu le statut de réfugié et 329 242 ont bénéficié d’une protection subsidiaire, un sursis plus temporaire, tandis que des dizaines de milliers d’autres cas restent en suspens.Angesichts dieser unklaren Lage ist es richtig, dass das @BAMF_Dialog heute einen Entscheidungsstopp für aktuell noch laufende Asylverfahren verhängt hat, bis die Lage klarer ist. Dann wird das BAMF seine Entscheidungspraxis an die neue Lage anpassen. 3/3— Nancy Faeser (@NancyFaeser) December 9, 2024″La fin de la tyrannie brutale du dictateur syrien Assad est un grand soulagement pour de nombreuses personnes qui ont souffert de la torture, du meurtre et de la terreur », a estimé la ministre. De nombreux Syriens qui ont trouvé refuge en Allemagne depuis la grande crise migratoire des années 2015-2016 « ont désormais enfin l’espoir de retourner dans leur patrie syrienne et de reconstruire leur pays », a-t-elle ajouté, soulignant que la situation reste « très confuse », et que « les possibilités concrètes de retour ne sont pas encore prévisibles pour le moment ».Au Danemark, la commission de recours des réfugiés danoise a également « décidé de suspendre le traitement des dossiers concernant des personnes en provenance de Syrie en raison de la situation très incertaine dans le pays après la chute du régime Assad », a-t-elle écrit dans un communiqué. La décision concerne actuellement 69 cas. Elle a également « décidé de reporter la date limite de départ pour les personnes en mesure d’être expulsées vers la Syrie », ce qui concerne 50 cas, a-t-elle précisé.La France envisage aussi la suspensionEn Norvège, le directorat norvégien de l’immigration (UDI) « ne rejettera ni n’accordera les demandes d’asile des Syriens qui ont demandé l’asile, pour le moment », précise l’organisation, sans donner le nombre de dossiers concernés. La Norvège a reçu 1 933 demandes d’asile de la part de Syriens depuis le début de l’année.La Suède est aussi concernée. « Compte tenu de la situation, il n’est tout simplement pas possible d’évaluer les motifs de protection à l’heure actuelle », a déclaré Carl Bexelius, responsable des affaires juridiques à l’Office suédois des migrations dans un communiqué. La décision doit être officialisée mardi. Une décision similaire avait également été prise dans le cadre de la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan en 2021. La Suède est le deuxième pays de l’UE à avoir accueilli le plus grand nombre de Syriens fuyant la guerre civile en 2015 et 2016, après l’Allemagne. Les autorités vont aussi suspendre les expulsions en attendant que la situation politique s’éclaircisse en Syrie.Le ministère de l’Intérieur français a indiqué ce lundi « travailler sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie ». « Une décision devrait aboutir dans les heures qui viennent », a-t-on indiqué la même source. En 2023, plus de 4 000 demandes d’asile de ressortissants syriens ont été enregistrées dans l’Hexagone, selon les derniers chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), chargé d’examiner les demandes. Sur Franceinfo, le chef démissionnaire de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a déclaré que « la France a conditionné d’une certaine manière le retour des réfugiés ou en tout cas a dit que le retour des réfugiés ne pouvait advenir que dans la mesure où ils pouvaient rentrer en Syrie en sécurité, la sécurité n’étant encore tout à fait assurée ». »En plus d’anticiper un risque migratoire lié à l’instauration d’un régime islamiste, la France doit stopper sans délai tout traitement des demandes d’asile de Syriens », avait réclamé sur X, quelques minutes avant l’annonce, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.La Belgique, le Danemark, l’Allemagne et l’Autriche ont suspendu le traitement des demandes d’asile de Syriens.
En plus d’anticiper un risque migratoire lié à l’instauration d’un régime islamiste, la France doit stopper sans délai tout traitement des demandes d’asile de Syriens.— Jordan Bardella (@J_Bardella) December 9, 2024Risque d’expulsion en Autriche, réexamen possible en BelgiqueLes autorités autrichiennes ont également annoncé suspendre les demandes d’asile des réfugiés de ce pays, mais, contrairement à la Suède qui entend suspendre les expulsions, le ministère de l’Intérieur a annoncé préparer « un programme de rapatriement et d’expulsion ». Environ 7 300 dossiers sont concernés par cette décision de suspension, parmi les quelque 100 000 Syriens vivant en Autriche, un des pays qui en a accueilli le plus en Europe. Depuis 2015, environ 87 000 Syriens ont reçu une réponse positive à leur demande d’asile dans ce pays de neuf millions d’habitants.Le cas de ceux ayant déjà l’asile va aussi être réexaminé. Le regroupement familial est, de même, suspendu. « Dans ce contexte, j’ai chargé le ministère de préparer un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie », a ajouté le ministre de l’Intérieur, Gerhard Karner. « La situation politique en Syrie a fondamentalement changé, avec une soudaine accélération des événements ces derniers jours », a souligné le ministère, jugeant « important de réévaluer la situation ».La Belgique a également suspendu les examens de demandes d’asile venant de personnes syriennes. Citée par RTL Belgique, la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor (CD & V), a déclaré que « le statut de réfugié n’est pas nécessairement éternel », et que « si la situation en Syrie s’améliore durablement », elle demandera de « réexaminer le statut des Syriens arrivés ici au cours des cinq dernières années. Mais il est encore trop tôt pour cela », a-t-elle dit, en précisant que ses services ne vont « pas révoquer le droit de séjour des personnes qui se sont intégrées ici de manière permanente et qui, par exemple, travaillent ici, parlent bien le français et ont des enfants en âge d’aller à l’école ».
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Publish date : 2024-12-09 17:31:50
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