L’Express

François Bayrou à Matignon : la constitution d’un gouvernement, son premier défi

François Bayrou prend la parole pendant la cérémonie de passation à Matignon, le 13 décembre 2024




Un week-end de consultations. Après sa nomination à Matignon ce vendredi 13 décembre, à l’issue d’un long combat mené dans l’ombre, le nouveau Premier ministre François Bayrou s’attelle à la composition de son gouvernement. Le chef du gouvernement, qui plaidait dès cet été pour une « équipe » de « personnalités » plutôt « expérimentées », devra trouver le bon équilibre entre les forces politiques prêtes à le soutenir.Le chef de l’État a fixé la feuille de route depuis une semaine. Dès le lendemain de la censure de Michel Barnier, Emmanuel Macron a indiqué dans une allocution télévisée que son successeur serait chargé de « former un gouvernement d’intérêt général » à l’effectif « resserré ». Autrement dit, pas comme celui, pléthorique, de son prédécesseur, qui comptait dès le départ une quarantaine de membres. L’idée est sans doute davantage de calquer la première liste de Gabriel Attal, qui s’était d’abord entouré fin janvier d’une quinzaine de ministres, avant cependant d’en ajouter vingt de plus début février.Il faudra pourvoir un certain nombre de portefeuilles incontournables : Économie, Intérieur, Défense, Justice, Affaires étrangères, Éducation, Agriculture, Affaires sociales, sans oublier le porte-parolat et les relations avec le Parlement.Moscovici, Bertrand…Pour le casting, le nouveau chef du gouvernement sait déjà quels profils il recherche. Bien avant la nomination de Michel Barnier, François Bayrou plaidait déjà mi-août pour un gouvernement « constitué de personnalités de caractère » et « suffisamment expérimentées », venant « de gauche, du centre et de droite », tous « républicains, hors extrêmes ».Cette définition pourrait correspondre, par exemple, à une figure comme Bernard Cazeneuve. Les deux hommes se sont d’ailleurs rapprochés ces derniers mois : invité à l’université d’été du MoDem fin septembre, l’ex-Premier ministre socialiste jugeait pas plus tard que la semaine dernière que le leader centriste avait « toutes les qualités » pour faire « un bon Premier ministre ». Rien n’indique cependant que Bernard Cazeneuve, dont le nom était régulièrement cité pour devenir Premier ministre ces derniers jours, accepte d’entrer au gouvernement, même pour un poste comme celui de ministre des Affaires étrangères.D’autres noms de ténors sont aussi évoqués, en plus des quelques personnalités majeures du MoDem qui devraient l’accompagner dans le prochain gouvernement. À gauche, celui de l’ancien patron de Bercy, Pierre Moscovici, aujourd’hui président de la Cour des comptes. À droite, l’ex-ministre du Travail et de la Santé, Xavier Bertrand, désormais exilé à la région Hauts-de-France. Mais quitteraient-ils leurs fiefs pour un siège exécutif plus éjectable que jamais ? La durée éphémère du précédent gouvernement Barnier pourrait refroidir de nombreuses personnalités politiques.Bruno Retailleau, un épouvantail pour la gaucheLes cadors de l’Assemblée, Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, nouveaux hommes forts de leurs partis respectifs (Renaissance et Les Républicains), étaient restés prudemment en dehors de l’équipe Barnier. Vont-ils faire de même ? A l’inverse, Bruno Retailleau avait laissé les rênes de la droite au Sénat pour devenir ministre de l’Intérieur, où il espère bien rester. Le nouveau Premier ministre s’est déjà entretenu avec Bruno Retailleau, dès vendredi soir. Ce dernier a demandé des « garanties », notamment sur l’immigration, pour participer au gouvernement, a indiqué son entourage à l’AFP.Problème : toutes les « personnalités » ne sont pas compatibles. Le cas Bruno Retailleau, justement, s’avère délicat. Une partie de la gauche menace ainsi de censurer à son tour François Bayrou s’il conserve l’actuel ministre de l’Intérieur. « Je ne vois pas quel autre choix nous aurions », a prévenu la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier. « On va attendre dans les jours prochains de voir ce qu’il fait. Aujourd’hui, je vois mal comment il nous convainc de ne pas le censurer, surtout s’il ne nous appelle pas, et si son premier geste politique, c’est de recevoir Bruno Retailleau, c’est quand même mal parti. Mais il ne tient qu’à lui : il a sa propre censure entre ses mains », a précisé Marine Tondelier sur France Inter ce samedi matin. La porte-parole du PS, Chloé Ridel, a elle aussi estimé problématique le maintien de Bruno Retailleau à l’Intérieur. « S’il le reconduit au gouvernement, il risque de finir comme Michel Barnier », renversé trois mois après sa nomination, a-t-elle jugé sur le réseau social X.La société civile plébiscitéeLes socialistes ont pour leur part décidé de rester dans l’opposition et donc refusé d’entrer au gouvernement, ce qui limite encore le vivier potentiel. Et à droite, les responsables Les Républicains attendent « que le Premier ministre explique son projet » avant de trancher sur « une éventuelle participation ».En outre, les Français souhaitent que le futur gouvernement dirigé par François Bayrou, pas encore annoncé, soit majoritairement composé de ministres issus de la société civile (62 %), tandis que, au niveau des partis, la préférence des sondés va pour le Parti socialiste (55 %), Les Républicains (53 %) et le MoDem (51 %), selon un sondage Toluna Harris Interactive pour LCI.Autre écueil à prendre en compte : l’indispensable parité hommes-femmes au sein de l’équipe gouvernementale. Pour l’heure, à part les sortantes Catherine Vautrin (ministre des Territoires et de la Décentralisation) et Rachida Dati (ministre de la Culture), les noms de « personnalités » féminines sont rarement cités.



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Publish date : 2024-12-14 09:49:54

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