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Russie – Azerbaïdjan : le crash d’avion qui ravive les tensions entre Moscou et Bakou

Le site du crash d'un avion de ligne d'Azerbaïdjan Airlines près de la ville kazakhe d'Aktau, à l'ouest du pays, le 25 décembre 2024




La Russie l’a promis : elle identifiera et punira les personnes impliquées dans l’accident mercredi 25 décembre d’un avion de ligne azerbaïdjanais, qui selon Bakou a été touché par des tirs russes. La nouvelle a été annoncée par le parquet azerbaïdjanais lundi 30 décembre. La veille, le président Ilham Aliyev a accusé Moscou d’avoir voulu cacher sa responsabilité dans le crash de l’appareil qui effectuait la liaison Bakou-Grozny, et réclamé des excuses publiques et des compensations. Vladimir Poutine a depuis présenté des excuses et admit que des tirs de défense antiaérienne avaient eu lieu le jour du crash en raison d’une attaque de drones ukrainiens, mais sans reconnaître que l’avion avait été frappé. Cette affaire vient une nouvelle fois assombrir les relations entre les deux nations, aussi dépendantes l’une de l’autre que secouées depuis le début de la décennie par de vives tensions concernant plusieurs dossiers, entre le Haut-Karabakh, le gaz naturel et la guerre en Ukraine.Selon le procureur général azerbaïdjanais, Kamran Aliev, le chef du Comité d’enquête russe lui a indiqué que des « mesures intensives sont prises pour identifier les coupables et les amener à répondre pénalement de leurs actes ». Moscou a également promis de « mener une enquête complète, exhaustive et objective » sur cet accident, en plus des investigations menées au Kazakhstan, où s’est écrasé l’appareil, a précisé le parquet azerbaïdjanais dans un communiqué. Des investigations sont aussi menées sur les lieux de l’accident « avec la participation d’enquêteurs professionnels et d’experts d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, de Russie et du Brésil », ce dernier pays étant le fabricant de l’appareil Embraer.Une relation minée par de nombreuses tensions…Un signe de bonne volonté au milieu du désastre, alors que les relations récemment réchauffées entre les deux pays restent fragiles et ponctuées de nombreux points de tension. Car l’Azerbaïdjan avait fait partie des pays de l’ex-sphère soviétique qui avaient apporté leur soutien à l’Ukraine attaquée, en février 2022. Tout en signant, de la main de son président un accord de coopération renforcée avec la Russie peu après la reconnaissance en février par Moscou des républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk. Et c’est aussi vers ce pays du Caucase que l’Union européenne s’est tournée en 2022 pour s’approvisionner en gaz naturel, quand elle a fermé les robinets des pipelines en provenance de Russie après l’invasion de l’Ukraine, notamment grâce au corridor d’Asie du Sud, un réseau de pipelines reliant ses réserves de gaz à l’Europe.Autre dossier tendu entre les deux pays, le Haut-Karabakh, qui bien que reconnu internationalement comme faisant partie du territoire azerbaïdjanais, est disputé par l’Arménie depuis la fin des années 1980. En 2020, une guerre a éclaté, se terminant par une victoire de l’Azerbaïdjan et un cessez-le-feu négocié par la Russie, qui a également déployé des forces de maintien de la paix sur le territoire. Avant de reconquérir la zone par la force en septembre 2023, Bakou a accusé Moscou de ne pas faire respecter les termes de l’accord, notamment en ce qui concerne le désarmement des groupes arméniens restants dans la région, exacerbant les tensions diplomatiques entre les deux nations.… mais interdépendanteUn froid qui s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large, où l’Azerbaïdjan renforce ses alliances avec des puissances comme la Turquie et l’UE, pendant que la Russie lutte pour maintenir son influence dans le Caucase, un espace clef pour ses intérêts commerciaux et énergétiques. Un partenariat conclut en 2010 avec Ankara, qui inclut une clause de défense mutuelle, confère d’ailleurs à l’Azerbaïdjan une sécurité supplémentaire contre une éventuelle menace russe. Après ce désaccord majeur en 2023, les relations entre Bakou et Moscou s’étaient pourtant réchauffées en août dernier. Vladimir Poutine s’était alors rendu pour la première fois depuis 2018 en visite d’Etat dans le pays du Caucase, pour évoquer les problèmes régionaux et internationaux.Malgré ce nouvel incident de taille, les relations commerciales et stratégiques entre Bakou et Moscou restent essentielles aux deux parties. L’Azerbaïdjan, dont 19 % des importations proviennent de Russie, occupe depuis plusieurs années une place stratégique et géographique essentielle dans le projet de Corridor de transport international Nord Sud (INSTC), qui ambitionne d’ici 2028 de connecter l’Inde, l’Iran, la Russie, et d’autres pays de la région à travers une route combinant chemins de fer, routes et voies maritimes. Ce corridor permettrait non seulement de raccourcir les temps de transport des marchandises entre la Russie et l’Inde à environ 25-30 jours, contre 40-45 jours via les routes maritimes traditionnelles, mais aussi d’offrir une route stratégique pour contourner les sanctions occidentales en utilisant des voies terrestres et maritimes alternatives.



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Publish date : 2024-12-30 15:15:00

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