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Calogena, futur champion des mini-réacteurs nucléaires ? « Le meilleur projet en France, c’est nous ! »

Calogena, futur champion des mini-réacteurs nucléaires ? « Le meilleur projet en France, c’est nous ! »

Et si les difficultés rencontrées par EDF sur le segment des small modular reactor (SMR) mettaient en lumière d’autres acteurs aux perspectives prometteuses ? Alors qu’un rapport récent épingle un manque général de maturité technologique au sein des start-up du nucléaire, Calogena veut incarner l’exception. D’abord parce qu’elle vise à produire de la chaleur basse température et pas de l’électricité. Un secteur dans lequel il existe peu de concurrence. Ensuite parce que ce spin-off du groupe Gorgé pourrait profiter dès l’an prochain d’un appel d’offres important en Finlande. De quoi accélérer fortement son développement. Entretien avec Raphaël Gorgé, le PDG de Calogena.

L’Express : Le projet Nuward a récemment essuyé un revers. Ce réacteur était pourtant développé par un consortium de plusieurs entreprises de premier plan. Qu’est ce qui vous fait dire que votre projet est mieux parti ?

Raphaël Gorgé : Je souhaite bien sûr le meilleur à tous les projets nucléaires innovants en France. Cependant, nous sommes objectivement le meilleur projet que l’on regarde la maturité ou bien les coûts. L’Autorité de sûreté nucléaire le dit. Ce bon positionnement tient avant tout au segment que nous avons choisi : celui de la production de chaleur basse température pour chauffer la population des grandes villes. Par rapport à la production d’électricité, la concurrence y est beaucoup moins forte. Le développement est aussi plus simple. Car si vous voulez produire des électrons, il vous faut ajouter une turbine et accepter au passage une perte de rendement importante par rapport au processus de fission initial.

Contrairement à d’autres projets lauréats de France 2030, nous n’avons pas non plus besoin de créer notre propre combustible et donc la filière qui va avec. Ces éléments font gagner énormément de temps à la fois dans le développement et les certifications. Ainsi on arrive à un projet de réacteur extrêmement peu coûteux, qui va sortir de la chaleur à un prix très compétitif. C’est ce qui compte à la fin. En France, grâce à notre solution, on peut sortir de la chaleur à 60 euros par mégawattheure sans subvention. Sachant que le prix moyen est à peu près à 108 euros aujourd’hui, aides financières comprises.

Combien avez-vous de concurrents dans votre domaine ?

En dehors d’une société Finlandaise, nous sommes les seuls sur ce créneau ! Il y a pourtant un marché important. En Europe, les réseaux de chaleur fonctionnent à plus de 90 % avec de l’énergie carbonée. C’est tout à fait massif. En gros, pour se chauffer, nous brûlons du gaz, du charbon, un petit peu de fioul, de la biomasse, des ordures ménagères… Mais chaque fois qu’on le fait, on émet du CO2. Notre idée consiste à remplacer ces centrales par des modules Calogena pour produire de la chaleur moins chère et décarbonée, à un prix fixe qui ne dépend pas du bon vouloir de l’approvisionnement en gaz ou en bois. Nous estimons qu’il y a de la place pour 500 modules Calogena en Europe, en excluant les pays non favorables au nucléaire. A 100 millions d’euros par module de 30 MW, on peut créer une société générant un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros !

Quels pays visez-vous en priorité ?

En France, environ 7 % de la population est connectée à un réseau de chaleur. Cette activité se développe rapidement. Cependant, la Finlande est aussi un pays qui nous intéresse beaucoup. C’est le premier à avoir lancé un appel d’offres nucléaire pour de la chaleur urbaine. Là-bas, 90 % des habitants sont déjà reliés au réseau de chaleur. Si nous sommes retenus, nous pourrions avoir une commande dès le début 2027. C’est un horizon extrêmement court à l’échelle d’une start-up du nucléaire !

La population acceptera-t-elle des SMR à proximité des villes ?

C’est le plus gros problème des SMR. Le concept que nous développons est très proche de celui des « réacteurs piscines », ces installations expérimentales déjà présentes dans bon nombre de grandes villes (il en existe par exemple une à Grenoble). L’eau dans laquelle baigne le réacteur suffit pour annihiler complètement tout risque de fusion du cœur. Un élément de sûreté essentiel. Certes, il ne suffira peut-être pas pour rassurer les habitants. Certains s’opposent aux éoliennes ou aux champs photovoltaïques, je ne m’attends donc pas à un enthousiasme débordant. Mais la question à se poser est la suivante : pour nous chauffer, préférons-nous, une centrale au bois avec les nombreux passages de camions qui vont avec pour l’approvisionnement de l’installation ? Ou alors, voulez-vous une solution sûre, souveraine, avec un prix constant de la chaleur et qui n’émet pas de CO2 ? Il y aura toujours des gens réfractaires. Cependant, il y a une différence majeure entre notre projet et les autres. Les habitants seront les seuls bénéficiaires de cette installation. Ils auront grâce à elle du chauffage pas cher à un prix garanti. La France a déjà décarboné son électricité dans le passé. Il est temps de s’attaquer au marché de la chaleur.



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Author : Sébastien Julian

Publish date : 2025-02-14 15:08:00

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