« Dictateur sans élections ». Chef d’un Etat qui « a commencé la guerre ». Ces dernières semaines, Donald Trump multiplie les critiques à l’encontre de Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux. Au point de se demander si le président des Etats-Unis ne pourrait pas prochainement couper toute aide américaine en Ukraine.
Un scénario catastrophe pour la nation européenne. Vendredi, le chef de l’ONU a d’ailleurs dénoncé les « coupes sombres » dans les financements américains qui vont « à l’encontre des intérêts » des Etats-Unis. Puisque si le magnat de l’immobilier lui coupe les vivres, l’Ukraine et ses alliés auront alors du mal à combler ce manque d’équipements militaires. Sans cette aide des Etats-Unis, le pays de Volodymyr Zelensky perdrait, entre autres, certaines de ses armes les plus sophistiquées. Ce vendredi, la rencontre à Washington entre les deux dirigeants pourrait être décisive.
70 milliards de dollars d’aide militaire américaine
En trois ans de guerre, l’aide fournie par les Américains a permis à l’Ukraine de résister face aux forces russes. Selon le président ukrainien, les Etats-Unis ont envoyé près de 70 milliards de dollars d’aide militaire depuis le début du conflit, soit plus que l’ensemble des autres alliés occidentaux réunis. En cumulant les aides militaire, humanitaire et financière, l’Europe se place toutefois en tête devant les Etats-Unis, avec 132 milliards d’euros, contre 114 outre-Atlantique, selon l’Institut Kiel pour l’économie mondiale.
Si l’Ukraine construit ou finance actuellement 55 % de son matériel militaire, les Etats-Unis occupent une place non négligeable, en fournissant 20 % de celui-ci. D’autant plus que certaines armes américaines comme les systèmes avancés de défense aérienne ou les missiles balistiques sol-sol seront difficiles à remplacer sur le court terme, pour la simple et bonne raison que l’Europe n’en produit pas assez. Ou pour certains pays, pas du tout.
Par exemple, les Etats-Unis produisent les systèmes de défense aérienne Patriot, qui peuvent abattre les missiles balistiques russes et le missile semi-balistique longue portée ATACMS. Une fois ce matériel épuisé, la capacité de l’Ukraine à mener des frappes à plus longue portée et à protéger ses propres positions arrière serait fortement amoindrie, obligeant Kiev à décider des zones à protéger.
Certains analystes se demandent également si l’Ukraine continuerait à avoir accès au service Internet Starlink de SpaceX, un pilier stratégique sur le champ de bataille. Mais Elon Musk, directeur de l’entreprise, étant un proche allié de Donald Trump, rien n’est moins sûr. Le gouvernement américain a menacé d’interrompre l’accès aux satellites qui forment le réseau Starlink, a rapporté l’agence de presse Reuters le 22 février. Une pression supplémentaire pour forcer le président ukrainien à signer un accord sur l’accès aux minerais stratégiques ukrainiens.
Une quantité d’armes suffisante pour tenir jusqu’à l’été
Selon d’anciens et actuels responsables occidentaux interrogés par le Wall Street Journal, l’Ukraine dispose de suffisamment d’armes pour continuer à se battre jusqu’à l’été au même rythme qu’aujourd’hui. Mais passé cette date, Kiev pourrait se retrouver à court de munitions et être incapable d’utiliser certaines de ces armes. Raison pour laquelle le pays redouble d’efforts. En 2024, l’Ukraine a produit environ 1,5 million de drones et prévoit, cette année, de produire 3 000 missiles et 30 000 drones longue portée. Aujourd’hui, l’industrie ukrainienne produit près de 28 milliards d’euros d’armes par an, d’après le ministre des Industries stratégies du pays, soit six fois plus qu’auparavant.
« Nous pouvons tenir encore la moitié d’un an ou une année, afin de donner à l’Europe une année supplémentaire pour commencer à produire toutes les munitions possibles », a annoncé au quotidien américain Mykola Bielieskov, analyste à Come Back Alive, une organisation caritative ukrainienne qui a fourni des drones à l’armée.
Volodymyr Zelensky sait ce qu’il attend de l’Europe. « 200 000 [NDLR : soldats], c’est un minimum. Sinon, ce n’est rien », avait-il estimé en marge du forum de Davos en janvier dernier. Mais pour Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense, interrogé par L’Express il y a quelques jours, « sans les Américains, une présence permanente de 200 000 hommes est impossible ». « Pour s’en approcher, il faudrait que les Etats européens mettent la quasi-totalité de leurs moyens militaires en Ukraine », a-t-il expliqué.
L’Europe se prépare donc à essayer de combler le déficit. Le Vieux Continent a considérablement augmenté sa production d’obus d’artillerie et a engagé des discussions pour que l’Union européenne porte son aide à environ 28 milliards d’euros cette année. Ce jeudi, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé sur Franceinfo que la France allait proposer aux Etats européens de constituer des « stocks d’armes » qui pourront être cédés à l’Ukraine si nécessaire. Reste à voir quels pays accepteront.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-02-28 15:23:00
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