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Nucléaire : pourquoi EDF va mettre son électricité aux enchères en Europe

Nucléaire : pourquoi EDF va mettre son électricité aux enchères en Europe

C’est sans doute les prémices des résultats de la réforme structurelle de l’organisation du marché européen de l’électricité adoptée en 2024, et poussée par la France depuis 2022. Le géant français de l’électricité EDF a annoncé jeudi 6 mars, dans un communiqué de presse, qu’il allait proposer des contrats d’achat d’électricité nucléaire « à travers un mécanisme d’enchère à l’échelle européenne » dans les prochains mois.

Depuis fin 2023 et un accord conclu avec l’Etat, EDF a lancé une nouvelle politique commerciale consistant à proposer des contrats d’électricité de moyen et long terme à destination de grands clients professionnels. À la suite de cet accord, l’électricien a entamé des négociations bilatérales avec des industriels électro-intensifs, c’est-à-dire gros consommateurs d’électricité, comme la métallurgie, la verrerie ou la chimie, en vue de signer des contrats de partenariat de long terme adossés au parc nucléaire historique français.

Ces contrats, dits « contrats d’allocation de production nucléaire » (CAPN), permettent ainsi aux partenaires de bénéficier d’une quote-part de la production effective du parc nucléaire moyennant un partage des coûts et des risques associés. Selon EDF, « les partenaires ont ainsi accès à un approvisionnement en électricité bas carbone pendant 10 ou 15 ans en France, à des prix reflétant les coûts du parc nucléaire et donc décorrélés des prix des marchés de gros ».

Financer des investissements indispensables

L’objectif ? Cette politique permettrait d’offrir aux clients un choix plus large de contrats d’électricité bas carbone de moyen et long terme face à la volatilité des prix sur les marchés de gros. En outre, elle permettrait à EDF de financer les investissements indispensables à la transition énergétique et de limiter son exposition aux marchés de gros. Ces contrats CAPN, une innovation commerciale d’EDF, ont été conçus pour prendre le relais du système de régulation actuel (dit Arenh) qui permet à de gros industriels et à des fournisseurs alternatifs de bénéficier d’un tarif d’électricité nucléaire à prix cassé – un mécanisme qui s’éteint le 31 décembre 2025.

Concrètement, dans cette démarche, EDF vise deux types de clients. D’une part des entreprises de taille significative de tous secteurs ayant des besoins d’électricité supérieurs à 7 GWh/an, en France ou en Europe ; d’autre part, des « fournisseurs ou producteurs » d’électricité présents physiquement en France, pour approvisionner leurs clients français ou européens. EDF proposera un volume de 10 TWh par an pour livraison à partir du 1er janvier 2026 à travers ces enchères dites ascendantes annoncées au mois de juin. Selon des informations du journal Les Echos, ces enchères seraient ouvertes à la fois à ces chimistes et autres aciéristes mais aussi aux autres fournisseurs d’électricité, Engie ou encore TotalEnergies qui réclamaient une égalité de traitement pour pouvoir continuer de concurrencer EDF.

Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Energie a cependant souligné que l’accord Etat-EDF de 2023 visait « spécifiquement à ce que EDF fournisse des clients industriels électro-intensifs exposés à une concurrence internationale forte ». Or « EDF n’a signé à ce stade (avec les électro-intensifs, NDLR) qu’un CAPN pour un volume très faible (moins de 1 % de l’objectif). Nous attendons dans les prochains jours un bilan », ajoute le ministère.



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Publish date : 2025-03-07 11:42:00

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