Considérer qu’un livre n’a pas eu le succès qu’il mérite lors de sa première édition ; profiter d’une actualité pour remettre un ouvrage sur le devant de la scène ; le rééditer car devenu indisponible ; le relancer en surfant sur la nouvelle notoriété de son auteur ; s’enthousiasmer pour un écrivain dont l’éditeur originel s’est désintéressé ; publier un livre à moindre coût mais à un prix plus élevé que l’original… Il y a de multiples raisons (bonnes ou erronées) pour ressortir une œuvre à en croire les rééditions qui se sont multipliées ces derniers mois avec plus ou moins de bonheur.
En voici quelques exemples. Ainsi a-t-on vu Frédéric Martin, le patron des éditions du Tripode (aujourd’hui à la tête de Robert Laffont) s’enflammer pour l’iconoclaste Mathieu Belezi. Après avoir publié avec succès en 2022 Attaquer la terre et le soleil (plus de 90 000 exemplaires vendus), il a réédité ses précédents romans, comme Le Petit Roi, publié en 1999 par Phébus, Moi, le glorieux et Le Temps des crocodiles (chez Flammarion en 2011 sous le titre Les Vieux Fous) ou encore Emma Picard (Flammarion 2015). Philippe Rey, lui, s’est passionné pour Les Années-lumière de Serge Rezvani, multiréédité depuis 1967 par diverses maisons. Avec sa nouvelle édition, il a décroché le Prix Renaudot poche 2024, la toute première distinction pour cet auteur de 96 ans !
Ce « brûlot féministe » qui n’avait pas rencontré l’écho mérité
Direction le Gers, où Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, le duo derrière Tristam, ont ressorti début janvier le premier roman d’anticipation de Corinne Aguzou, La Révolution par les femmes, publié en 2007, persuadés que ce « brûlot féministe » n’a pas rencontré l’écho mérité car sorti à une époque, bien avant MeToo, où le féminisme avait mauvaise réputation. Pour l’heure, le succès se fait attendre. Les Arènes BD, eux, ont jeté leur dévolu sur L’Incroyable histoire de la littérature française de Catherine Mory et Philippe Bercovicgi, qu’ils publient pour la 3e fois, avec une mise en avant sur le bandeau des noms d’Annie Ernaux, de Romain Gary et de Nathalie Sarraute.
De leur côté, les toutes nouvelles Editions de l’Eclaireur s’emparent de La France sensible, du réputé et regretté Pierre Sansot (1928-2005), préfacé par Olivier Mongin. Enfin, P.O.L. relance Le Détroit de Behring (1986), d’Emmanuel Carrère, sous le titre Uchronie, tandis que Stock publiera le 14 mai, trente ans après sa publication, Moi qui n’ai pas connu les hommes de l’écrivaine et psychanalyste belge Jacqueline Harpman (1929-2012). Un roman post-apocalypse, sous forme de fable sur l’absurdité de la condition humaine, qui fait actuellement un malheur à l’étranger. Alors, pourquoi n’en serait-il pas de même en France ?
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Author : Marianne Payot
Publish date : 2025-03-17 08:00:00
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