L’Express

Nous sommes arrivés à un maximum sur les impôts, par Agnès Verdier-Molinié

Nous sommes arrivés à un maximum sur les impôts, par Agnès Verdier-Molinié

« Cela fait cinquante ans que la France est en déficit. Le dernier budget présentant un solde positif remonte à 1974 : + 8,5 milliards de francs de l’époque, l’équivalent de 200 millions d’euros aujourd’hui. En 1975, les dépenses publiques en France représentaient environ 46 % du PIB et les prélèvements obligatoires 35 % du PIB. Avec entre 56 % et 57 % de dépenses publiques aujourd’hui et environ 44 % de taux de prélèvements obligatoires, on voit bien que la dérive s’est faite à la fois en dépenses et en pression fiscale et sociale supplémentaires. […]

Nous surtaxons tous les ans de 150 milliards nos entreprises et nos ménages et nous surdépensons de l’ordre de 260 milliards par rapport à la moyenne de nos voisins de la zone euro. Tout cela pour financer des services publics qui ne sont pas meilleurs comme le montrent notamment les classements Pisa pour l’éducation, mais assortis d’un système de protection sociale XXL. […]

« Nous avons enregistré le pire déficit de la Ve République »

On nous l’avait promis : l’année 2023 était censée présenter un budget à l’euro près. Résultat : le déficit, au lieu de se résorber par rapport à 2022, s’est creusé de 126 à 154 milliards d’euros ! […] La révélation d’un déficit à 5,5 % du PIB en 2023 a fait l’effet d’une bombe. On craignait que la France ne devienne la lanterne rouge du déficit public en zone euro en 2024… les chiffres ont montré qu’elle l’était déjà en 2023. Et cela risque de recommencer en 2025. En 2023, nous avons enregistré le pire déficit, hors récession et hors crise, de la Ve République. Et pour 2024, les chiffres sont tout aussi mauvais. 175 milliards d’euros de déficit ! Plus de 6 % du PIB ! Un emballement qui donne l’impression que nos dirigeants ont jeté l’éponge et laissent filer les dépenses.

Nos concitoyens ont en tête les déclarations des ministres qui expliquent que ce dérapage est dû avant tout au fait que les recettes fiscales et sociales sont moins bien rentrées dans les caisses publiques que prévu. Or, ce n’est pas complètement le cas. Le problème vient surtout des dépenses publiques qui ont augmenté de plus de 50 milliards entre 2022 et 2023 et de plus de 60 milliards entre 2023 et 2024… Pendant que les recettes augmentaient moins que prévu. […]

Le FMI ou les agences de notation commencent enfin à intégrer que nous sommes arrivés à un maximum sur les impôts, taxes et cotisations. Ils exhortent – eux aussi bien tardivement – la France à baisser ses dépenses publiques. Nous sommes à un tournant. Quand les agences constateront que les impôts ne rentrent pas assez, que les acteurs économiques sont sur pause, atterrés par l’instabilité politique et les risques de volte-face fiscale, que les économies sur les dépenses sont encore moindres qu’annoncé et que les déficits ne se résorbent pas, les conséquences sont connues : une hausse brutale de nos taux d’intérêt souverains sur les marchés financiers. Hausse qui entraînerait un coût insoutenable de la charge de la dette. La suite, on la connaît… »

*Agnès Verdier-Molinié, Face au mur : Dette, désindustrialisation, normes, assistanat, insécurité, Editions Broché, 2025.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/nous-sommes-arrives-a-un-maximum-sur-les-impots-par-agnes-verdier-molinie-Q5XT7P5HPJCJBK6YIIBPPJ7MBY/

Author :

Publish date : 2025-03-17 12:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile