Après avoir joué les équilibristes, François Bayrou a tranché dimanche 16 mars : il n’y aura pas de retour sur l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Le maire de Pau met ainsi en péril l’avenir du « conclave » sur la réforme de 2023, en s’attirant les foudres des syndicats et des oppositions. « C’est scandaleux », a fustigé le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil à l’AFP, son homologue de la CFDT Yvan Ricordeau jugeant lui les propos de François Bayrou « incompréhensibles ». « C’est le même Premier ministre qui a décidé d’un conclave où tous les sujets seraient ouverts, y compris l’âge de départ à la retraite […] Il se contredit donc deux fois au risque de torpiller les discussions », a-t-il ajouté. De son côté, le président de la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC), François Hommeril a renchéri sur franceinfo qu’il était « tout à fait possible de revenir à 62 ans ».
Afin d’éviter l’embrasement politique et social, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a tenté de se montrer rassurant. Le « techno » a affirmé sur BFMTV que c’était aux partenaires sociaux de décider » de l’issue de ce « conclave ». « La position du gouvernement, c’est que le conclave doit se prononcer et cet engagement du conclave aura une force considérable », a-t-il martelé, sans reprendre à son compte les déclarations du Premier ministre.
Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, François Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord. Les concertations des partenaires sociaux ont débuté le 27 février, syndicats et patronat étant censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu’à la fin du mois de mai – même si Force ouvrière (FO) a d’emblée claqué la porte. Mais la nouvelle donne internationale ouverte par l’accession de Donald Trump au pouvoir a conduit le président de la République à souhaiter le 5 mars « de nouveaux investissements » et de « nouveaux choix budgétaires », faisant craindre à une partie du corps social et de la classe politique que le modèle social français en paye le prix.
« Un mépris pour les partenaires sociaux »
La gauche, elle, n’a pas tardé à réagir. « Le conclave est fini. Bayrou dit non à l’abrogation de la retraite à 64 ans », a réagi sur X le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, dénonçant un « foutage de gueule ». Même indignation exprimée chez le député (LFI) David Guiraud : « La non-censure du Parti Socialiste coûte cher au peuple français. Et le prétexte de la guerre pour détruire nos acquis sociaux continue. » La patronne des Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a également envoyé quelques tacles au PS et accusé le premier ministre de « mentir et de trahir son engagement sur les retraites ».
De son côté, le député socialiste Jérôme Guedj, fer de lance de son parti sur la question des retraites, a critiqué sur X une « faute » et « un mépris pour les partenaires sociaux », quand le patron du PS Olivier Faure a martelé que « la défense ne peut servir de prétexte à l’accélération d’une politique de suppression des droits ».
À l’extrême droite, le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a lui aussi jugé que cette sortie signifiait la « fin du conclave », sous-entendant que cela ne plaidait pas en faveur d’un maintien durable de François Bayrou à Matignon. « Il ne fait pas un pas vers l’idée de rester le plus longtemps possible en place », a ainsi ironisé le député RN sur le plateau de BFMTV ce dimanche. Manière de menacer le chef du gouvernement d’une éventuelle censure par le parti de Jordan Bardella.
À l’inverse, le ministre délégué à l’Europe Benjamin Haddad a salué un « discours de vérité » du Premier ministre : « Le contexte géopolitique exige une réflexion sur le financement du réarmement, au niveau national comme européen », a-t-il écrit sur X. Toujours partie prenante des concertations, la CGT avait d’ores et déjà appelé fin février à la mobilisation, le 8 puis le 20 mars, « pour gagner l’abrogation de la réforme » de 2023.
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Publish date : 2025-03-17 06:43:00
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