Emmanuel Macron a dit jeudi 20 mars souhaiter « une issue rapide » pour que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal puisse « retrouver sa liberté », après les réquisitions de dix ans de prison ferme prononcées lors de son procès pour atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie. « Ce qui s’est passé est très grave », « mais j’ai confiance dans le président (algérien Abdelmajid) Tebboune et sa clairvoyance pour savoir que tout ça n’est pas sérieux et qu’on a affaire à un grand écrivain, qui plus est malade », a dit le chef de l’Etat français devant la presse à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.
Prié de dire s’il en avait parlé avec son homologue, il a répondu que « plusieurs messages » avaient « été échangés ». « Notre souhait, c’est que Boualem Sansal puisse être soigné, libéré et aller là où il veut aller. Et donc, s’il souhaite quitter l’Algérie, la quitter », a encore insisté Emmanuel Macron « Je souhaite qu’on puisse trouver une issue rapide à cette situation qui est une situation humaine, humanitaire et de dignité », « c’est très important aussi pour l’Algérie », a-t-il plaidé.
Le parquet d’un tribunal près d’Alger a requis jeudi dix ans de prison ferme à l’encontre de Boualem Sansal, accusé d’atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie, dont le cas a envenimé des tensions déjà fortes entre Alger et Paris.
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a multiplié les déclarations virulentes contre l’Algérie également sur le front migratoire, menaçant d’abroger des accords bilatéraux dans le cadre d’une « riposte graduée ». Interrogé sur cette « riposte graduée », Emmanuel Macron n’a pas voulu se prononcer jeudi soir. « Je ne mélangerai pas » le « destin de ce grand écrivain, de cet homme et de ce citoyen aussi français » avec « le reste du sujet sur lequel j’aurai l’occasion de m’exprimer en temps voulu », a-t-il dit.
Jugement attendu le 27 mars
Le tribunal correctionnel de Dar El Beida rendra le 27 mars son jugement dans le procès du romancier, connu pour ses critiques du pouvoir algérien et des islamistes, emprisonné depuis le 16 novembre à Alger. Boualem Sansal, âgé de 80 ans selon son éditeur français Gallimard, a été accusé entre autres d' »atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l’économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».
Le procès s’est déroulé « ce jeudi dans des conditions ordinaires, sans dispositions particulières », selon le journal arabophone Echorouk, qui a noté que Boualem Sansal avait « préféré assurer lui-même sa défense », sans recourir à un avocat. Dans un communiqué reçu par l’AFP, son avocat français, Me François Zimeray, a dénoncé « un procès fantôme tenu dans le plus grand secret, sans défense, incompatible avec l’idée même de justice », rappelant avoir saisi « les organes compétents du Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU d’une plainte contre l’Algérie » pour détention arbitraire.
Selon un journaliste d’Echorouk, Boualem Sansal est apparu « en bonne santé » et a nié devant le tribunal toute intention de porter atteinte à l’Algérie, assurant n’avoir fait qu' »exprimer une opinion comme tout citoyen algérien ». Selon la même source, il a dit n’avoir pas imaginé que ses déclarations pouvaient porter atteinte aux institutions algériennes.
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Publish date : 2025-03-21 06:43:00
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