« Netanyahou mène une guerre mensongère contre la démocratie israélienne », tance sans ambages le quotidien Haaretz. Après avoir voulu révoquer le chef du Shin Bet, Ronen Bar, dont le limogeage vendredi a été bloqué par la Cour suprême, Benyamin Netanyahou ne s’arrête pas là. Le Premier ministre israélien s’en est pris aussi à la procureure de l’Etat, Gali Baharav-Miara, contre laquelle son gouvernement a voté une motion de défiance, dimanche 23 mars.
Ces deux attaques successives inédites ont donné lieu à de vives manifestations et réactions dans tout le pays. « Israël a besoin d’une réforme pour équilibrer le contrôle juridique et la responsabilité démocratique, et non de purges motivées par des considérations politiques. L’heure est à la responsabilité, et non à un nouvel affrontement entre les pouvoirs », s’est positionné dans un éditorial le Jerusalem Post.
Lundi 24 mars, celui qu’on surnomme « Bibi » a accusé le chef du Shin Bet d’avoir enquêté sans son accord sur le ministre d’extrême droite Itamar Ben Gvir, chargé du portefeuille de la Sécurité nationale. « L’affirmation selon laquelle le Premier ministre aurait autorisé Ronen Bar à recueillir des preuves contre le ministre Ben Gvir est un nouveau mensonge mis au jour », indique un communiqué du bureau du Premier ministre. La chaîne de télévision 12, qui offre un soutien inconditionnel aux forces armées israéliennes, a indiqué que l’Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) menait depuis quelques mois une « procédure secrète » d’enquête sur l’infiltration d’éléments d’extrême droite au sein de la police et sur son ministre de tutelle, d’Itamar Ben Gvir.
Benyamin Netanyahou a justifié sa décision de renvoyer Ronen Bar par « un manque de confiance ». « L’Etat d’Israël est un état de droit et de par la loi, c’est le gouvernement qui décide qui sera le chef du Shin Bet », a-t-il dit dans le week-end sur son compte X, alors que la Cour suprême tiendra le 8 avril une audience pour examiner les recours déposés contre ce limogeage.
« Un pouvoir exécutif sans limites »
En plus de lancer une cabale contre Ronen Bar, l’exécutif israélien a voté une motion de défiance contre Gali Baharav-Miara, nommée procureure générale en 2022, pendant une brève période où Benyamin Netanyahou n’était pas à la tête du gouvernement israélien. Il s’agit de la première étape d’une procédure de destitution inédite voulue par l’exécutif, selon un communiqué du ministre de la Justice. « Bien que le vote ne soit pas juridiquement contraignant, il envoie un message politique fort : le gouvernement ne considère plus sa principale conseillère juridique comme une partenaire », rappelle le Jerusalem Post. À noter que quelques jours auparavant, Gali Baharav-Miara avait émis des réserves sur la tentative de révocation du chef du Shin Bet.
« Le gouvernement israélien a approuvé à l’unanimité une décision sans précédent proposée par le […] ministre de la Justice, Yariv Levin, exprimant la défiance à l’égard de la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav-Miara », a-t-il affirmé dans un communiqué. Selon la loi, le procureur de l’Etat est également conseiller juridique du gouvernement. Yariv Levin a justifié cette décision par « sa conduite inappropriée et des désaccords importants et prolongés entre le gouvernement et la conseillère juridique, créant une situation qui empêche une coopération efficace ». Le ministre de la Justice doit maintenant tenir des consultations pour mettre fin à son mandat. Gali Baharav-Miara a exclu de démissionner et a reçu le soutien du Parquet général.
Benyamin Netanyahou de plus en plus contesté
Dans une lettre adressée au gouvernement dimanche, elle estime que la proposition de Yariv Levin « ne cherche pas à promouvoir la confiance, mais la loyauté envers la direction politique. Ce n’est pas la promotion de la gouvernance, mais d’un pouvoir exécutif sans limites », fustige-t-elle. Les relations entre la procureure générale et le gouvernement se sont détériorées après l’arrivée au pouvoir de Benyamin Netanyahou fin 2022. En décembre de cette année, elle avait ainsi estimé que le projet de réforme de la justice porté par le gouvernement menaçait de faire d’Israël une « démocratie qui en a le nom, mais pas l’essence ». Cette réforme avait profondément divisé le pays au printemps 2023.
À l’annonce du limogeage du chef du Shin Bet, Ronen Bar, de nombreuses manifestations, doublées d’appels à la grève, ont été organisées dans le pays, samedi 22 mars. À cela se sont ajoutés d’autres rassemblements contre la reprise des frappes israéliennes ciblant la bande de Gaza depuis mardi 18 mars, et pour un cessez-le-feu permettant d’obtenir la libération des 58 otages encore détenus dans l’enclave palestinienne. Au milieu d’une nuée de drapeaux israéliens, des manifestants brandissaient des pancartes où étaient inscrits « Plus de sang versé » ou « Stoppez la guerre, maintenant ! ». Dimanche 23 mars, plusieurs centaines de personnes se sont également réunies contre la destitution de la procureure générale devant la Knesset, le Parlement israélien, et près de la résidence privée du Premier ministre à Jérusalem.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/israel-quand-le-gouvernement-de-benyamin-netanyahou-ecarte-ses-opposants-WFTY4DHUW5DVNP3NNWLUTSWU54/
Author :
Publish date : 2025-03-24 10:14:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.