Ce devait être l’alpha et l’oméga du renouveau démocratique. La botte secrète d’Anne Hidalgo pour montrer l’exemple à suivre. « Donner son avis, réagir, proposer font partie de la culture parisienne. Ville-monde, Paris est une ville où le débat et la participation citoyenne sont omniprésents », peut-on lire dans la bible rédigée par les évangélistes de l’Hôtel de ville.
Patatras, la démocratie participative, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a oublié les citoyens au bord de la route. C’est la seule conclusion à tirer du taux de participation famélique (4,06 %) de la dernière « votation » proposée le 23 mars aux habitants de la capitale, auxquels on demandait de se prononcer sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 rues de la Ville Lumière. Ses responsables, eux, préfèrent s’attarder sur le beau résultat obtenu à l’occasion de ce scrutin, avec 66 % de bulletins favorables au projet.
L’échec de cette stratégie participative
Mais avec une abstention record de 96 %, ils devraient surtout s’interroger sur l’échec de cette stratégie participative… Les deux précédentes consultations de 2023 et 2024 (portant sur les trottinettes en libre-service et sur la tarification spécifique pour le stationnement des SUV) n’avaient guère fait mieux, attirant moins de 10 % des électeurs, qui, échaudés sans doute par le manque d’efficacité de leur vote, ont décidé cette fois-ci de bouder l’initiative de la ville. Une réaction qui n’étonne guère Paul Cébille, analyste politique et spécialiste du référendum : selon lui, ce scrutin « a plus une visée communicationnelle que décisionnelle ». D’autant, ajoute-t-il, que ces rues-jardins existent déjà et font partie du plan local d’urbanisme bioclimatique voté en novembre dernier.
Peut-être serait-il urgent de mettre fin à un système coûteux et inutile démocratiquement ? Faut-il pour autant enterrer toute initiative de consultation locale, sous prétexte que la capitale ne sait pas les organiser ? « Ce serait une erreur, Paris est en la matière un contre-exemple », tempère Paul Cébille, qui rappelle que l’an dernier, une trentaine de référendums locaux se sont tenus en France, avec, la plupart du temps, des vraies questions et un intérêt réel des citoyens. Les habitants de Seyne (Alpes-de-Haute-Provence) ont été, par exemple, consultés sur l’avenir de la station du Grand-Puy : 756 électeurs se sont déplacés (58 % de taux de participation) pour dire majoritairement oui à la fermeture des remontées mécaniques. « Le référendum local a deux vertus, poursuit le politologue. Il peut aider à résoudre un problème en faisant trancher les électeurs et il contribue, via le débat qu’il suscite, à aider les électeurs à mieux comprendre les enjeux autour d’un sujet. »
Avis à la maire de Paris : peut-être faudrait-il en finir avec la com déguisée en charabia participatif et poser les vraies questions qui touchent les Parisiens. Par exemple : êtes-vous d’accord pour continuer à vous endetter (la dette de la capitale a progressé de 4,1 à 9,3 milliards d’euros entre 2014 et 2025) pour financer les projets de la Ville ? Cette question pourrait être résolue par le scrutin municipal de 2026…
Source link : https://www.lexpress.fr/politique/votation-citoyenne-a-paris-de-la-com-deguisee-en-charabia-participatif-par-eric-chol-WVGGRV5NNJDCREUWLQEE2CKYD4/
Author : Eric Chol
Publish date : 2025-03-24 17:56:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.