Selon les médias américains, la vidéo a tourné en boucle toute la journée dans les différentes agences du ministère de la Santé américain. Tôt ce jeudi 27 mars, les quelque 82 000 fonctionnaires de ce département de l’administration fédérale américaine ont pris connaissance d’une courte allocution de leur responsable, Robert Kennedy Jr., publiée sur le réseau social X. Six minutes durant lesquelles cette figure antivax, nommée par Donald Trump, multiplie les critiques contre « la bureaucratie tentaculaire » des services de son ministère et « la moitié » de ses agents « qui ne viennent même pas travailler ». Avec, surtout, une annonce : la réduction d’un quart de ses effectifs pour faire des économies.
Dans la lignée des coupes budgétaires impulsées par Elon Musk via son département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), Robert Kennedy Jr. entérine donc une diminution drastique du nombre de salariés de plusieurs agences sanitaires américaines. 20 000 personnes vont devoir quitter leur poste, dont la moitié seront directement licenciés. « Une période douloureuse » va s’ouvrir au sein du ministère, a reconnu « RFK Jr. ». « Nous allons devoir faire plus avec moins. Aucun Américain ne sera laissé pour compte. »
De MAGA à MAHA
Dans le détail, le nombre d’agences nationales sera abaissé de 28 à 15 après cette réforme. Même coup de rabot concernant les bureaux en région, qui verront la moitié d’entre eux fermer, passant de 10 à 5. « Le ministère de la Santé détient plus d’une centaine de services de communication, plus de quarante services informatiques, des douzaines de services d’approvisionnement et neuf services de ressources humaines », a décompté Robert Kennedy Jr. « Souvent, ils ne parlent même pas entre eux. » Les postes précis des employés licenciés n’ont cependant pas encore été annoncés, même si ce genre de déclaration peut légitimement inquiéter les fonctionnaires évoluant dans l’une de ces branches.
Pour justifier ces coupes budgétaires importantes, le ministre fait valoir une nouvelle vision du système sanitaire, « améliorant » son fonctionnement actuel. Le tout, incarné par un slogan inspiré de celui du président américain : MAHA, pour « Make America Healthy Again » (« Rendre à l’Amérique sa santé »). Comment compte-t-il y parvenir ? Les propositions de Robert Kennedy Jr. restent vaporeuses, ce dernier signalant simplement promouvoir une « alimentation saine et sûre, une eau propre et l’élimination des toxines environnementales ». Autre objectif mis en avant par le neveu de l’ex-président John F. Kennedy : la lutte contre les maladies chroniques, l’obésité et le diabète concernant de plus en plus d’Américains.
Rougeole et grippe aviaire
D’autres enjeux préoccupent actuellement les médecins et les scientifiques américains. La résurgence de la rougeole inquiète les spécialistes. La maladie a fait deux morts outre-Atlantique, une première depuis dix ans dans le pays. Les CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) s’occupent notamment de réaliser des mesures d’épidémiologie pour surveiller l’évolution des maladies infectieuses à travers les Etats-Unis – par exemple la rougeole.
Des données précieuses aux pouvoirs publics, qui leur permettent si besoin d’adopter une stratégie pour lutter contre une épidémie. Or, d’après une note d’information communiquée par le ministère de la Santé, 2400 postes de personnels seront donc supprimés dans les CDC avec ce plan de départs. Mais cette synthèse le promet : « la lutte contre les épidémies » sera malgré tout renforcée après ces changements. « La situation est très difficile, et personne n’y voit clair », a résumé au Washington Post un responsable des CDC, sous couvert d’anonymat.
Autre enjeu actuel sur le plan sanitaire : la gestion de l’épidémie de grippe aviaire, qui ravage les populations de volailles dans les fermes américaines. Face à ce problème, les supermarchés américains font face à une importante pénurie d’œufs. Le problème est tel que Washington est poussé à… demander l’aide de certains pays européens pour approvisionner les rayons de ses magasins. Quoi qu’il en soit, cette problématique économique s’ajoute à des considérations importantes en matière de santé publique. Ce virus H5N1 pourrait-il muter et se transmettre aux humains ? Partout dans le monde, les chercheurs mènent de nombreux travaux pour tenter d’anticiper toute potentielle alerte.
C’est dans ce contexte que l’administration Trump annonce donc également des coupes budgétaires importantes dans plusieurs organes de recherche liés au ministère de la Santé. D’après la même note d’information, 1200 personnes devraient donc perdre leur poste au sein des National Institutes of Health, l’équivalent de l’Inserm en France. La Food and Drug Administration, chargée de la sécurité alimentaire et du contrôle des vaccins et des médicaments, devrait quant à elle perdre 3500 employés. Là encore, la note de synthèse promet que ces mesures « n’affecteront pas les examinateurs de médicaments, de dispositifs médicaux ou d’aliments, ni les inspecteurs ».
Relativement épargnées, les CMS, les structures qui gèrent le Medicare et le Medicaid, les systèmes d’assurance-maladie américains, ne seront touchés qu’à hauteur de 300 postes supprimés. L’ensemble du plan présenté par Robert Kennedy Jr., à l’impact important sur le plan social, ne représente en réalité que 0,1 % du budget total actuel du ministère de la Santé. Mais le symbole de milliers de fonctionnaires renvoyés contribue à mettre en avant l’action d’un nouvel exécutif proactif pour faire des économies. Ces mesures s’inscrivent dans la lignée de l’objectif des licenciements déjà opérés dans d’autres ministères, comme ceux de l’Environnement, de l’Education ou des Anciens combattants. Au total, plus de 100 000 fonctionnaires auraient déjà été limogés depuis le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump.
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Publish date : 2025-03-27 19:35:00
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