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Pourquoi les taxes de Donald Trump sur l’automobile pourraient faire mal à l’Europe

Pourquoi les taxes de Donald Trump sur l’automobile pourraient faire mal à l’Europe

L’acier, l’alcool, l’aluminium… et maintenant l’automobile. La liste des produits sur lesquels Donald Trump souhaite imposer des droits de douane supplémentaires s’allonge. Le président américain a annoncé mercredi 26 mars 25 % de taxes en plus sur « toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis », soit une taxe totale de 27,5 % de la valeur, contre 2,5 % auparavant. Ces nouvelles taxes entreront en vigueur le 2 avril.

« Je regrette profondément la décision des États-Unis », a réagi dans la foulée Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, l’organe exécutif de l’Union européenne, dans un communiqué. C’est aussi « une très mauvaise nouvelle » pour le ministre français de l’Economie Eric Lombard, qui a appelé à une riposte européenne, que Berlin souhaite « ferme » contre cette nouvelle offensive commerciale. Car si tous les constructeurs mondiaux vont être touchés par ces nouvelles taxes, l’Europe est particulièrement concernée : les Etats-Unis sont le premier importateur de voitures européennes.

Au total, plus de 10 % des voitures construites en Europe sont exportées vers les Etats-Unis.

Les constructeurs européens vent debout

Il n’y aura « que des perdants » dans « la guerre commerciale qui s’ouvre » avec les Etats-Unis, a réagi jeudi à l’AFP la Plateforme automobile (PFA), qui rassemble les grands constructeurs et équipementiers présents en France. « Pour l’Europe, ce conflit intervient au pire des moments, sur fond de transformation historique, de crise du marché et d’intensification de la concurrence », a souligné la PFA.

Les annonces de Donald Trump arrivent effectivement dans un contexte déjà tendu. En 2024, rapporte le New York Times, les constructeurs automobiles européens ont exporté 38,4 milliards d’euros de voitures en Amérique du Nord, soit une baisse de 4,6 % par rapport à 2023, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). « Nous demandons instamment au président (Donald) Trump de tenir compte de l’impact négatif des droits de douane non seulement sur les constructeurs automobiles mondiaux, mais aussi sur l’industrie nationale américaine », a déclaré hier l’ACEA.

L’Allemagne particulièrement touchée

L’impact pourrait être particulièrement important pour certaines marques automobiles allemandes comme Porsche, BMW, Volkswagen et Mercedes Benz, qui effectuent entre 12 et 25 % de leurs ventes mondiales aux Etats-Unis. L’Allemagne est d’ailleurs le premier exportateur mondial de voitures, et donc également le plus important exportateur de l’UE. Ainsi, environ une Porsche sur quatre est exportée aux Etats-Unis, et une BMW sur six.

Si Mercedes, Volkswagen ou BMW ont quelques sites de production aux États-Unis et au Mexique, ce n’est pas le cas de tous les constructeurs, et cela ne concerne pas tous les modèles de voitures – la plupart des modèles haut de gamme venant d’Allemagne ou d’Europe de l’est. Porsche, par exemple, importe toutes ses voitures.

BMW a évalué mi-mars l’impact de la hausse des droits de douane américains et des taxes de l’UE sur les véhicules produits en Chine à un milliard d’euros en 2025.

Selon le New York Times, qui se base sur des analyses du cabinet Bernstein, les droits de douane pourraient au global ajouter jusqu’à 75 milliards de dollars par an aux coûts des constructeurs automobiles, avec une conséquence directe pour les acheteurs : voir le prix des voitures s’envoler. La fédération des constructeurs automobiles (VDA) allemands a d’ailleurs averti dans un communiqué jeudi que la hausse des droits de douane « représente une charge considérable pour les entreprises et les chaînes d’approvisionnement mondiales » de l’industrie automobile, « avec des conséquences négatives, notamment pour les consommateurs, y compris en Amérique du Nord ».

Recul en bourse des valeurs automobiles

Les valeurs automobiles mondiales et notamment européennes ont reculé jeudi après les annonces de Donald Trump. Vers 10h00 heure française, à la Bourse de Francfort, BMW reculait de 3,38 %, Mercedes de 4,65 %, Porsche de 4,88 %, Volkswagen cédait 2,84 % et Continental 3,10 %. Vers 10h30 à la bourse de Paris, Stellantis cédait 4,19 % à 10,92 euros l’action. Le titre de Renault, le constructeur automobile européen le moins exposé aux Etats-Unis, prenait quant à lui 0,71 % à 49,35 euros.

Selon les analystes de RBC Capital Markets à l’AFP, les constructeurs allemands Mercedes, BMW et l’américain General Motors « seraient les plus touchés », suivis de Ford aux Etats-Unis et Stellantis en Europe, tandis que Ferrari (-1,69 %) « devrait être en mesure de répercuter les hausses de droits de douane assez facilement sur sa clientèle haut de gamme ».

Selon eux, le géant américain des véhicules électriques Tesla « pourrait en revanche bénéficier des droits de douane, compte tenu de la production nationale ». Toutefois, Elon Musk a également averti ce jeudi matin sur son réseau social X que les droits de douane supplémentaires auraient un effet « non négligeable » sur le coût de production des Tesla, car cela « affectera le prix des pièces détachées des voitures Tesla qui viennent d’autres pays ».



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Publish date : 2025-03-27 12:50:00

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