Il y a aujourd’hui sur le marché du travail trop d’ostéopathes, trop d’artistes, trop de graphistes. En revanche, on manque de bras dans les métiers du sport, de l’hôtellerie, de l’alimentation… Si le chômage des moins de 25 ans a augmenté de plus de 7% en 2024, le ralentissement de l’économie n’en est pas la seule cause. Il faut y voir aussi le signe d’une réelle inadéquation entre les besoins des entreprises et les choix d’orientation des jeunes. Attention : comme toujours, la nuance s’impose. Sans doute, les formateurs ont-ils parfois du mal à s’adapter aux évolutions rapides du marché du travail. Mais les entreprises doivent aussi prendre leur part à l’effort en prévoyant un accompagnement digne de ce nom des jeunes qu’elles accueillent. Tant il est vrai que certaines compétences ne s’apprennent que sur le terrain.
Est-il possible de mieux faire coïncider les postes demandés et les formations proposées par l’Education nationale et les grandes écoles ? Et, si oui, comment ? Quelle place accorder à la formation continue tout au long de la carrière ? Dans ce dossier, L’Express a interrogé Eric Lechelard, directeur des ressources humaines d’Alcatel-Lucent Enterprise International pour évoquer ces sujets et notamment celui crucial de l’IA.
Eric Lechelard, DRH d’Alcatel-Lucent
L’Express : La connaissance de l’intelligence artificielle (IA) représente-t-elle un prérequis pour intégrer une entreprise comme Alcatel ?
Eric Lechelard La maîtrise de l’intelligence artificielle ne relève pas – encore – d’une obligation impérieuse. Cet outil, y compris dans sa version générative, n’est pas encore utilisé dans l’ensemble des services de l’entreprise. En revanche, certains de nos départements comme ceux de la recherche et développement et de la production y ont recours quotidiennement, et ce parfois depuis plusieurs années. Les jeunes diplômés que nous embauchons, notamment les ingénieurs, ont quasiment tous été confrontés à l’IA durant leur formation initiale. Il s’agit d’un outil qui leur est naturel. Quoi qu’il en soit, le sujet est abordé lors de chacun des entretiens de recrutement, ne serait-ce que pour jauger le degré de maturité de nos futurs collaborateurs sur ces questions.
Les métiers de juriste ou de responsable financier ne vont pas disparaître de sitôt mais ces professionnels devront utiliser de plus en plus l’IA. Cela dit, nous ne recherchons pas uniquement des experts en IA. Les compétences en gestion de projet, en communication, en marketing et en ventes demeurent stratégiques pour l’entreprise. En revanche, nous attendons d’un spécialiste en marketing numérique de savoir tirer parti des outils d’IA pour optimiser ses campagnes.
Autrement dit, maîtriser l’IA représente un « plus » sans constituer une condition sine qua non pour vous rejoindre ?
Exactement. Nous recherchons avant tout des candidats possédant une réelle capacité d’adaptation, une ouverture d’esprit et une volonté d’apprendre. Les compétences en IA peuvent être acquises au fil du temps, par le biais de formations internes ou de cours en ligne. Pour nos collaborateurs déjà en poste, la montée en compétences sur l’IA peut représenter, en revanche, une occasion de développement professionnel. Nous investissons donc de plus en plus dans la formation continue de nos équipes, notamment sur l’IA, afin de les préparer aux défis technologiques de demain. Pour des entreprises qui se positionnent à la pointe de l’innovation technologique comme la nôtre, la maîtrise de l’IA deviendra rapidement un critère de recrutement différenciant.
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est-elle également une condition nécessaire pour intégrer une entreprise comme la vôtre ?
Notre groupe s’est positionné depuis plusieurs années sur ces sujets sociétaux. Nous sommes signataires, par exemple, du Global Compact, créé en 2000 par les Nations unies, qui vise à impliquer les entreprises dans le respect de 10 principes afin de construire une société plus durable comme l’environnement, la lutte contre les discriminations et la corruption ou l’abolition du travail des enfants. Ce programme représente une boussole quotidienne pour notre stratégie d’entreprise. Nous en parlons systématiquement à nos candidats. Eux-mêmes, d’ailleurs, abordent le sujet systématiquement et nous mettent au défi sur les problématiques de handicap, de minorités, d’inclusion, de diversité. Ces interrogations ne faisaient pas partie des entretiens d’embauche il y a encore cinq ou six ans. Elles témoignent du degré d’engagement de nos collaborateurs sur ces sujets.
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Publish date : 2025-03-29 09:30:00
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