L’Express

A la fin, c’est Donald Trump qui décide » : le monde retient son souffle avant le « Liberation Day

A la fin, c’est Donald Trump qui décide » : le monde retient son souffle avant le « Liberation Day

Le « Liberation Day » que Donald Trump promet depuis plusieurs semaines arrive enfin. Ce mercredi 2 avril, le président américain doit présenter devant la presse son grand projet de hausse des tarifs douaniers, l’une de ses principales promesses de campagne. « Ce mercredi, ce sera le jour de la libération de l’Amérique, comme l’a si fièrement baptisé le président Trump. Le président annoncera un plan tarifaire qui fera reculer les pratiques commerciales déloyales qui dépouillent notre pays depuis des décennies. Il le fait dans le meilleur intérêt du travailleur américain », a ainsi vanté ce lundi à la presse Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche.

Mais de ce projet, il est encore difficile de savoir qu’elles en seront les lignes directrices. Tout simplement car le président américain ne semblait lui-même pas encore avoir arrêté son choix quant à la mise en œuvre de cette hausse des droits de douane, alors que ses conseillers et ministres plaidaient pour des projets différents. « Ce plan est toutefois resté largement mystérieux, car Donald Trump et son administration ont lancé un certain nombre de propositions constamment changeantes et contradictoires », raconte ainsi CNN.

La piste des droits de douane réciproques…

Pourtant, à la veille de ces annonces qui pourraient bien avoir un impact colossal sur le commerce international, la presse américaine croit en savoir un peu plus sur les annonces que doit faire le président américain ce mercredi. Le Wall Street Journal affirme même que « le président Trump a déclaré qu’il avait arrêté un plan pour sa dernière série de droits de douane attendue cette semaine », sans pour autant « révéler ce qu’il avait décidé », conservant le mystère pour les annonces de ce mercredi.

Deux pistes semblaient jusqu’ici se dessiner. La première : celle de hausses tarifaires pays par pays, et notamment réciproques envers les Etats jugés comme traitant « injustement » les Etats-Unis. Celle-ci semblait encore privilégiée ce lundi soir par le président américain lui-même, comme l’affirme le Washington Post : « Ce lundi soir, Donald Trump avait laissé entendre à plusieurs reprises que les droits de douane seraient’réciproques’, c’est-à-dire directement proportionnels à ceux prélevés par les pays étrangers sur les exportations américaines, et a indiqué que de nombreux pays ne seraient pas concernés par les droits de douane à l’importation ».

Pour la Maison-Blanche, le grand intérêt de cette approche serait de pouvoir se servir de ces droits de douane comme un outil de négociation directement avec les différents Etats concernés. De négociation… ou plutôt de pression, avec Washington menaçant de tarifs douaniers potentiellement exorbitants, chaque pays refusant de se plier à ses demandes. Mais il n’empêche que cette piste permettrait à chaque pays concerné d’engager individuellement des discussions avec l’administration américaine, et de potentiellement échapper à des hausses douanières pouvant sévèrement endommager son économie.

… abandonnée au profit d’un taux universel ?

Pour autant, cette piste pourrait d’ores et déjà avoir été abandonnée. Le Washington Post affirme que le président américain, poussé par toute une partie de son administration et de ses conseillers, pourrait avoir changé de fusil d’épaule afin d’opter pour une option bien plus radicale : une hausse généralisée des tarifs douaniers sur toutes les importations, et ce qu’importe les pays d’où celles-ci proviennent. Des personnes au fait de ces discussions ont ainsi affirmé auprès du quotidien américain que « le président a fait pression en faveur d’un tarif douanier universel ces derniers jours, estimant qu’il était plus simple que la mesure spécifique à chaque pays ». Ce taux fixe pourrait s’établir autour de 20 %, et ce sur la grande majorité des importations entrant sur le sol américain.

Un des arguments avancés par certains conseillers pour pousser en faveur de cette taxation universelle et non pays par pays serait « la crainte de contournements de ces réglementations en passant par des Etats-tiers où les droits de douane seraient moins élevés », poursuit le Washington Post. Mais elle permettrait également de frapper plus fort : selon la Maison-Blanche, cette mesure, couplée à des droits de douane supplémentaires sur des secteurs comme l’automobile et les produits pharmaceutiques, « générerait plus de 6 000 milliards de nouvelles recettes fédérales, et équivaudrait à la plus importante hausse d’impôts depuis des dizaines d’années », rapporte le quotidien américain. Une façon de retranscrire de façon la plus fidèle la politique de « l’Amérique d’abord », « ce pour quoi se bat chacun des clans auprès du président américain », comme l’affirme le Wall Street Journal.

Une stratégie qui divise

Si cette piste des droits de douane universels peut encore être bouleversée par les tergiversations permanentes du président américain, elle serait sans aucun doute celle avec le plus de conséquences économiques aux Etats-Unis et dans le monde. Ce plan qui risque de « provoquer une onde de choc sur les marchés boursiers et dans l’économie mondiale », estime le Washington Post. Selon Mark Zandi, économiste en chef chez Moody’s et interviewé par le quotidien américain, « si des droits de douane permanents prenaient effet au cours du trimestre actuel et déclenchaient de fortes représailles de la part des partenaires commerciaux des Etats-Unis, l’économie américaine entrerait presque immédiatement dans une récession qui durerait plus d’un an et ferait grimper le taux de chômage au-dessus de 7 % ». Sans oublier les risques d’une nette hausse des prix en réaction à cette décision. Des mises en garde largement balayées par l’administration Trump, du moins par la frange la plus radicale.

Mais les désaccords qui agitent l’entourage du président ne se limitent pas seulement à la façon de mettre en œuvre cette hausse des droits de douane. Comme l’affirme le New York Times, ce sont également les buts derrière cette guerre commerciale que semble vouloir déclencher Donald Trump qui questionne jusqu’au sommet de l’Etat. « Donald Trump a décrit les droits de douane comme un outil de négociation susceptible de contraindre d’autres pays à supprimer leurs obstacles au commerce, ce qui se traduirait en fin de compte par une baisse des droits de douane. Mais il a également parlé des droits de douane comme d’un moyen d’augmenter les recettes et de ramener la chaîne d’approvisionnement aux Etats-Unis, ce qui résulterait d’une hausse durable des droits de douane », rapporte le quotidien américain.

En d’autres termes : cette hausse des droits de douane vise-t-elle vraiment à augmenter les recettes américaines, et à inciter le secteur industriel à réinvestir aux Etats-Unis plutôt qu’à délocaliser ? Ou ne sont-ils qu’une menace visant in fine à leur baisse, après des négociations avec les différents pays concernés ? Jusqu’au plus proche de l’entourage de Donald Trump, l’avis ne semble pas tranché : c’est pourtant bien de ce choix que découleront les annonces de Donald Trump ce mercredi. « Les partisans du président ont mis en avant ces deux objectifs contradictoires, mais c’est le président qui, en fin de compte, décidera de la voie à suivre », affirme ainsi le New York Times.

« Tout le monde ici s’alignera sur son choix »

Un seul homme pour trancher une décision qui pourrait transformer le commerce international presque sans commune mesure : c’est ainsi que semble se profiler le « Liberation Day » pour Donald Trump, qui devrait s’assurer que son administration suive au pas ses conclusions. « En fin de compte, cette fois-ci, c’est à Donald Trump de prendre la décision et tout le monde ici s’alignera sur son choix », a également affirmé auprès du Washington Post Wilbur Ross, qui a été secrétaire d’Etat au commerce pendant le premier mandat du président américain et qui a fait partie des discussions quant à la mise en œuvre de ces tarifs douaniers.

L’Amérique de Donald Trump semble désormais faite ainsi : le président tout-puissant décide, ses conseillers et ministres se démènent pour en défendre les conséquences, aussi néfastes puissent-elles être. Au reste du monde de choisir sa marche à suivre en riposte, ce qui ne devrait pas manquer dès ce mercredi une fois les annonces du locataire de la Maison-Blanche prononcées.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/a-la-fin-cest-donald-trump-qui-decide-le-monde-retient-son-souffle-avant-le-liberation-day-DB3PICYOLVCUDAJNMEN7GN3IBY/

Author :

Publish date : 2025-04-01 17:29:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express