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En Hongrie, Viktor Orban franchit un nouveau cap dans sa révolution conservatrice

En Hongrie, Viktor Orban franchit un nouveau cap dans sa révolution conservatrice

La révolution illibérale de Viktor Orban, désormais Premier ministre de la Hongrie, poursuit son chemin sinueux. Le Parlement hongrois a voté, ce lundi 14 avril, le 15e amendement constitutionnel depuis le retour au poste de Premier ministre du nationaliste Viktor Orban à une large majorité de 140 voix contre 21. À partir de la refonte initiale en 2011 introduisant des références à Dieu, au christianisme et à la famille traditionnelle, l’amendement ancre dans la loi fondamentale une vision ultra-conservatrice de la société.

Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui avait promis en mars « un grand nettoyage de Pâques » contre ses rivaux taxés de « punaises », a aussi fait adopter un texte s’attaquant aux binationaux, jugés « traîtres à la nation ». En possible ligne de mire, le milliardaire de 94 ans George Soros, né à Budapest et naturalisé américain.

La primauté du droit des enfants

Mi-mars, les députés avaient adopté une loi pour empêcher tout rassemblement qui violerait la législation de 2021 interdisant d’évoquer auprès des mineurs « l’homosexualité et le changement de sexe ». « Aujourd’hui, nous avons voté » pour « la protection des enfants », avait alors écrit Viktor Orban. « Nous ne laisserons pas l’idéologie woke les mettre en danger ». Il dit avoir toujours été « perturbé » par l’organisation à Budapest de la Marche des fiertés, qui attire chaque année des milliers de personnes, comme dans les autres pays de l’Union européenne (UE).

« Les gens normaux comme nous sont constamment provoqués car les personnes qui ont des comportements sexuels non traditionnels se lâchent dans la rue », a-t-il lancé, refusant « la propagande », qu’elle soit dans les livres, les films, les cours à l’école ou les manifestations. Mais il avait admis que la situation légale actuelle pouvait poser un problème. « Quel droit est prioritaire : la liberté de se rassembler ou le droit des parents à élever leurs enfants » ? avait-il relevé en mars. D’où l’amendement proposé lundi, qui affirme « la primauté du droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct sur tout autre droit ». A l’exception du droit à la vie.

« Un homme ou une femme »

Du point de vue des organisateurs de la parade, prévue cette année pour le 28 juin, c’est « une étape supplémentaire dans la fascisation de la société », une « tentative du pouvoir de les déshumaniser » dans un dangereux amalgame avec la pornographie et la pédophilie.

Le texte qui amende la Constitution évoque par ailleurs que « le sexe d’une personne à la naissance est une caractéristique biologique et peut être soit masculin, soit féminin », comme un écho au décret signé par le président américain Donald Trump il y a quelques semaines. Viktor Orban conforte avec ce nouvel amendement les restrictions des droits des personnes transgenres, qui ne peuvent plus changer leur nom ou leur genre sur les documents officiels depuis 2020. En 2019, la Constitution hongroise avait déjà été modifiée pour disposer que le mariage n’est possible qu’entre un homme et une femme. Un an plus tard, un nouvel amendement décrétant que la mère est une femme, le père est un homme était voté, empêchant les couples de même sexe d’adopter des enfants.

Les binationaux dans le viseur

Dans le viseur également, les binationaux qui menaceraient la sécurité en s’immisçant dans les affaires intérieures « sous le couvert d’ONG et de médias se disant indépendants ». Selon le texte, « la citoyenneté d’un Hongrois détenteur d’un autre passeport pourrait être suspendue », à l’exception des ressortissants de l’UE et de quelques autres pays européens. Une durée maximale de dix ans est prévue avec une expulsion à la clé pour ceux résidant en Hongrie.

Bête noire du pouvoir, le milliardaire de 94 ans George Soros, né à Budapest et naturalisé américain, pourrait en faire les frais. Une trentaine de juristes ont dénoncé une mesure « sans précédent en droit international », qui peut « constituer une forme de bannissement et de traitement inhumain ». Une trentaine de juristes ont dénoncé une mesure « sans précédent en droit international », qui peut « constituer une forme de bannissement et de traitement inhumain ».



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Publish date : 2025-04-14 18:09:00

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