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« J’ai 50 % de la réponse » : François Bayrou à l’heure de l’alerte budgétaire

« J’ai 50 % de la réponse » : François Bayrou à l’heure de l’alerte budgétaire

Entre 4 et 5 millions de vues. François Bayrou se marre : « C’est n’importe quoi ! » La vidéo dans laquelle le Premier ministre reprend le slogan de Burger King a trouvé son public. Mais être audible sur les hamburgers garantit-il de l’être sur les finances publiques ?

François Bayrou le dit à tous ses visiteurs : lui a été le seul, et le premier, à faire de ce sujet un thème de campagne présidentielle – c’était en 2007. « Je sais bien que j’ai parfois ressemblé à Cassandre, qui prédit toujours les malheurs qui vont advenir, mais que l’on n’écoute jamais. », écrivait-il dans son dernier livre, Résolution française, publié en 2017.

Des « propositions inédites »

Etre audible, être écouté. Qu’il ait les mots pour le dire, cela ne fait aucun doute. Il y a tellement de temps qu’il rêve de faire partager aux Français la conscience exacte des finances publiques. C’est arrivé demain : mardi, devant un « comité d’alerte du budget », le Premier ministre justifiera le nom de cette nouvelle instance pour tirer un signal d’alarme et réclamer un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros. Avec un objectif précis : « Si nos concitoyens se rendent compte, alors on va pouvoir faire des propositions inédites. »

Bien que ce ne soit pas à ce jour son trait principal dans l’opinion, il veut apparaître comme Bayrou l’audacieux. Pas tout de suite, non. « J’ai 50 % de la réponse », a-t-il confié à un proche. Il ne la dévoilera pas cette semaine tant il estime clé la question de la « légitimation ». Qui passe, c’est sa marotte depuis déjà un certain temps, par un partenariat entre le pouvoir et le peuple : « On ne gouverne pas seul. Seul peut faire bouger le pays celui qui décide de le convaincre. » Donc il prendra son temps pour installer une ambiance : jusqu’en juin. Là on le reconnaît plus volontiers… Mais il n’entend pas être Bayrou le malicieux : l’habileté, c’était pour faire passer le budget 2024, concocté par l’éphémère Michel Barnier. Promis juré, cette fois l’heure sera à la gravité, pas au tour de passe-passe.

François Bayrou optimiste

A ce jour, on sait surtout ce qu’il ne veut pas : faire apparaître l’effort à conduire en matière de finances publiques comme une réponse à l’effort de défense. Plus l’Elysée le sous-entendra, plus lui se démarquera. Mêler le social et le militaire est à ses yeux le meilleur moyen de dissuader l’opinion d’accepter des sacrifices.

Même en prenant toutes les précautions oratoires possibles, les Français sont-ils prêts à se serrer la ceinture ? A travailler plus, à produire plus ? Leur réaction sur la réforme des retraites n’incite pas à un fol optimisme… sauf chez François Bayrou bien sûr, toujours convaincu d’avoir trouvé la martingale avec son conclave. « Ca marche très bien maintenant, dit-on à Matignon. Ceux des partenaires sociaux qui sont partis sont ceux qui voulaient partir. »

Le moment est mal venu pour s’attirer la bienveillance des socialistes, englués dans leur congrès. François Bayrou aime rappeler que les fameux 3 % de déficits par rapport au PIB viennent d’une pirouette de François Mitterrand qui, « à la recherche d’une proposition facile à retenir, demanda à ses experts une approximation qui donnerait l’air sérieux à la position de la France ». Parce qu’il trouvait intéressant que le ministre de la Finance fût non critiquable pour la gauche, il a eu l’idée de nommer Didier Lombard, proche d’Olivier Faure. Ses propos, notamment sur la fiscalité, ne sont pas toujours exactement dans la ligne, sans doute est-ce volontaire. Sauf que l’heure ne doit plus être à l’habileté, paraît-il…

Le moment est tout aussi peu propice pour s’attirer les grâces de la droite, tourneboulée par la compétition entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau – l’imagination du premier est jusqu’à présent moins prolixe en matière financière que sur le terrain régalien. C’est pourquoi les menaces de censure agitées par les deux extrêmes, le Rassemblement national et les insoumis, sont prises avec sérieux. Le chef du gouvernement n’imagine toutefois pas le PS plus enclin à se rapprocher de LFI que de la CFDT dans la séquence actuelle, ni le RN être aidé par d’autres formations après la condamnation de Marine Le Pen.

« Je saurais tout faire s’il y avait de l’argent, s’il y avait modérément de l’argent » : il arrive à François Bayrou de jouer les matamores. Heureusement, les caisses sont vides… Qu’à cela ne tienne : « Il ne fallait pas que je vienne ici si je voulais une mer calme. » Les orages désirés se lèvent mardi.



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Author : Eric Mandonnet

Publish date : 2025-04-14 15:23:00

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