L’Express

« Bête comme chou », « coûter bonbon »… Découvrez l’origine surprenante de ces expressions

« Bête comme chou », « coûter bonbon »… Découvrez l’origine surprenante de ces expressions

Vous êtes peut-être plus doué que moi, mais, personnellement, l’origine de certaines expressions m’a toujours paru obscure. C’est pourquoi je me suis décidé à éclaircir le mystère en plongeant dans des ouvrages spécialisés Comme j’ai l’esprit partageur, je vous livre ici le résultat de mes recherches, sachant que je n’ai retenu que celles concernant l’alimentation. Après tout, on est en France !

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Se comporter comme un fayot. Il va falloir vous accrocher un peu, mais, vous allez voir, tout est finalement assez logique. Au départ, un fayot est une variété de haricot, régulièrement embarqué sur les bateaux en raison de sa bonne conservation. Au fil du temps, il a fini par désigner le marin qui décidait de renouveler son contrat puisque lui aussi revenait souvent à bord. Le terme s’est ensuite étendu à d’autres milieux professionnels, en prenant peu à peu une connotation péjorative. De « celui qui se réengage volontairement », on est passé à « celui qui fait un peu trop de zèle » pour plaire aux chefs.

Bête comme chou. Depuis le XIXe siècle, ce légume figure aussi la tête, donc l’intelligence (d’où « en avoir dans le chou »). Mais, en argot, le chou désigne aussi… le derrière. C’est évidemment à cette dernière acception que renvoie notre expression.

Faire chou blanc. C’est d’un tout autre chou qu’il est question ici. En effet, l’expression « faire chou blanc » ne renvoie pas à la plante, mais aux joueurs de quilles (ou de boules) qui parlaient d’un « coup blanc » pour évoquer un échec. Or, selon les régions, le son [k] pouvait se prononcer [ch] : « char »/ »car », ; « chien »/ »quien » ; « rescapé »/ »réchappé ». Résultat : ce qui ici s’appelait « coup » est donc devenu « chou », ailleurs. Quant au choix de la couleur blanche, elle renvoie à l’un de ses sens dérivés « qui n’a pas ses effets habituels », comme dans les expressions « mariage blanc » ou « nuit blanche ».

Bourré comme un coing. On dit d’un individu ivre qu’il est complètement « rond » ? Cela tombe bien : le fruit du cognassier l’est aussi. De là le parallèle qui s’est établi.

Etre baba. Attention : faux ami ! Ce baba-là n’a en effet rien à voir avec le gâteau du pâtissier. Il s’agit simplement du doublement d’une onomatopée marquant la surprise. « Bah, bah… »

Raconter des salades. Qu’est-ce qu’une salade ? Un assortiment de feuilles nombreuses et de formes diverses. C’est cette image qui est passée dans la langue argotique pour faire allusion à un discours profus visant à endormir la méfiance de son interlocuteur en mêlant propos vraisemblables et affirmations totalement imaginaires. Ce qui nous vaut parfois cette repartie : « Arrête tes salades ! ».

En rester comme deux ronds de flan. Le flan dont il s’agit ici renvoie à une pièce de monnaie. A la fin du XIe siècle, « flaon » désignait en effet « un disque destiné à recevoir une empreinte par pression », précise le Dictionnaire historique de la langue française. L’expression figure donc les yeux qui, sous l’effet de l’étonnement, s’ouvrent grand au point de ressembler à deux pièces de monnaie.

Tirer les marrons du feu. Profitons de cet article pour tenter de mettre fin à une confusion fréquente. Contrairement à ce que l’on entend souvent, « tirer les marrons du feu » ne signifie pas « profiter d’une occasion », mais son exact contraire. Elle désigne en effet une situation où une personne se brûle les doigts pour donner à une autre le plaisir d’une dégustation sans risques.

Coûter bonbon. Un bonbon ne vaut pas bien cher, sauf… qu’il y a bonbon et bonbon. Comme en témoigne l’expression « ils me cassent les bonbons », le terme a également une connotation sexuelle et c’est celle-ci qui explique notre expression car ces bonbons-là, eux, ont une grande valeur… Soyons honnêtes : certains linguistes avancent une autre explication, moins argotique. Selon eux, il s’agirait de la répétition de l’adjectif « bon », qui, dans certains cas, exprime une quantité, comme dans « un bon bout de temps ». On aurait alors affaire à un simple redoublement expressif. Mais avouez que l’on a davantage envie de croire à la première hypothèse !

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Sources

Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert.

Bayer aux corneilles, et 99 autres expressions qu’on n’a jamais (vraiment) comprises, par Julien Soulié. First Editions

– Site Expressio.fr

Du côté de la langue française

Les Français lisent de moins en moins

Telle est la principale et peu réjouissante conclusion de la sixième édition du baromètre « Les Français et la lecture », que vient de publier le Centre national du livre. La part des Français se déclarant spontanément lecteurs diminue dans toutes les catégories, y compris celle rassemblant les lecteurs les plus réguliers. Leur attention est par ailleurs régulièrement distraite : 27 % d’entre eux déclarent faire autre chose en même temps (notamment envoyer des messages ou aller sur les réseaux sociaux). Un comportement qui se vérifie surtout chez les 15-24 ans.

Dix mots français hérités de la mythologie

« Dédale », « narcissique », « furie », « médusé », « pomme de discorde »… La mythologie gréco-romaine a profondément imprégné notre vocabulaire. La preuve avec ces dix mots sélectionnés par le dictionnaire Le Robert.

Participez au festival « Les mots libres » de Courbevoie

Un hommage à Serge Gainsbourg, un concert de la Grande Sophie, un groupe composé de personnes autistes, des débats, des lectures, des rencontres, des expositions… Du 6 au 29 juin, la commune de Courbevoie met les mots à l’honneur avec une programmation éclectique.

Cyril Ducatez, écrivain polyglotte

Voici un parcours qui se situe à mille lieues toute standardisation. Dès l’enfance, Cyril Ducatez s’est inventé une langue-jeu dans laquelle il a trouvé un refuge et le moyen d’exprimer ses émotions les plus intimes. Devenu adulte, il est aujourd’hui l’auteur de textes rédigés écrits en français, en anglais, mais aussi en suédois et en picard. Une histoire singulière – en français – qu’il décrit dans ce livre qui constitue une ode à la diversité culturelle.

L’enfant qui s’était inventé une langue, par Cyril Ducatez. Editions Complicités.

Du côté des autres langues de France

La France compterait 5 millions de locuteurs de langues régionales

5 millions au total, dont 3 millions en métropole et 2 millions outre-mer. Tel serait le nombre de locuteurs des langues dites régionales, selon les estimations du ministère de la Culture figurant dans le Rapport au Parlement sur la langue française 2025. Dans le détail, les langues comptant le plus de pratiquants seraient l’occitan (1,67 million), l’alsacien (800 000) et le picard (700 000), devant les créoles réunionnais (455 000), martiniquais (418 000) et guadeloupéen (400 000). Retrouvez l’intégralité des données sur la page Facebook dédiée à cette infolettre.

McDo ignore les langues régionales et s’en mord les doigts !

Le géant états-unien de la restauration rapide n’a pas cru bon de devoir traduire son nouveau produit en alsacien et en francique mosellan. Mal lui en a pris ! L’appellation Big Arch®, « grande arche » en bon français, signifie en effet « gros cul » dans les langues germaniques. Si l’entreprise a bien pensé à le rebaptiser « der M » outre-Rhin, elle ne l’a pas fait dans les régions frontalières comme l’Alsace ou la Moselle, où elle est l’objet de la risée générale.

L’extraordinaire situation linguistique de Mayotte

Mayotte est un territoire multilingue, où sont parlés notamment le shimaoré (une langue bantoue) et le kibushi (une langue proche du malgache). Quelles politiques mettre en place pour ces langues régionales d’usage quotidien, sachant que de nombreux adultes maîtrisent mal le français à l’écrit ? Le dernier numéro de la revue en ligne Langues et cité est consacré à la pratique des langues de (et à) Mayotte.

Faut-il écrire « Bayonne » ou « Baiona » ?

« Franciser les noms basques des communes, c’est mépriser la langue basque et les Basques. » Telle est la conviction de Gorka Roca Torre, qui mène une bataille juridique en faveur du respect des toponymies originelles. Il a notamment adressé un courrier à nos confrères de Libération, qui, depuis le début de la guerre en Ukraine, ont décidé de ne plus employer « Kiev », à la russe, mais « Kyiv« , à l’ukrainienne. Il leur demande de s’inspirer de cet exemple et d’écrire désormais « Baiona » et non plus « Bayonne ».

Le « patrimoine écrit des langues de France » à la Bibliothèque nationale de France

« Le patrimoine écrit des langues de France : signaler, numériser, transmettre ». Tel sera le thème de la journée d’étude organisée le 4 juin au petit auditorium de la BnF (site François-Mitterrand), en partenariat avec la Délégation générale à la langue française et aux langues de France.

Du côté des langues du monde

Pourquoi le Royaume-Uni refuse d’exploiter son trésor linguistique

Malgré un potentiel économique colossal, le multilinguisme reste un angle mort des politiques publiques britanniques, écrit The Guardian dans cet article repris par Courrier international. Qui s’interroge : pourquoi le Royaume-Uni refuse-t-il de profiter de ses locuteurs du mandarin, du swahili ou du bengali ?

A écouter

Langue à Langue, saison 2

Le podcast « Langue à Langue » de Margot Grellier revient pour une deuxième saison, avec cinq nouveaux voyages linguistiques, littéraires et culturels consacrés au Soudan, au Mexique, à la Pologne, aux Etats-Unis et à la Chine. Une manière de s’ouvrir à la diversité du monde.

Inizi ar Mor-bihan, sous la direction de Jean-Claude Le Ruyet

Le nouvel album de Jean-Claude Le Ruyet réunit 19 chants, qu’il s’agisse de morceaux traditionnels ou de compositions inédites. Intitulé Inizi ar Mor-Bihan (mot à mot, les îles de la petite mer), il offre un voyage à la fois maritime et culturel. Pour le commander, écrire à jeanclaudeleruyet@gmail.com

A regarder

Quand The Voice et Florent Pagny versent dans la glottophobie

A priori, le fait d’accorder une place au chanteur en langue provençale Cédric dans l’émission The Voice avait tout pour me réjouir. C’était sans compter sur les réflexions des membres du jury. « C’est du français ? » « Ça doit être un patois… » Mention spéciale à Florent Pagny, auteur de cette saillie glottophobe (attitude discriminatoire envers les personnes dont la langue ou la manière de parler est jugée inférieure) : « Cette langue amène des notes un peu serrées : on est toujours sur des é, sur des i. » Une contre-vérité. Non seulement le caractère « chantant » du provençal est une évidence, mais il est établi scientifiquement que, de toutes les langues issues du latin, c’est au contraire le français prononcé avec l’accent standard (celui de Florent Pagny) qui connaît le plus faible ambitus (écart entre la note la plus grave et la note la plus aiguë).

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Author : Michel Feltin-Palas

Publish date : 2025-04-15 04:15:00

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