On connaissait les « flottes fantômes », ces navires appartenant à des propriétaires opaques et des sociétés écrans, qui permettent aux navires russes de transporter clandestinement leur pétrole. On apprend désormais dans le Wall Street Journal que Moscou a trouvé un nouveau schéma pour contourner les sanctions contre son économie, en s’appuyant sur la Chine pour la livraison de son gaz naturel liquéfié (GNL).
Depuis août, la Russie aurait ainsi réussi à expédier une dizaine de pétroliers, à destination du port chinois de Beihai, devenu un noeud central pour les exportations de ressources naturelles russes – tout en renforçant ses liens avec Pékin. En effet, depuis le début de la guerre en Ukraine, les Etats-Unis tentent d’asphyxier l’économie russe, en imposant des sanctions sur ses exportations de gaz et de pétrole.
Un projet à 25 milliards
Dernières en date, celles imposées par Donald Trump la semaine dernière contre deux géants du secteur des énergies : Rosneft et Lukoil. Ce qui n’a pas empêché que des livraisons arrivent, le même jour, au port de Beihai. « Cela profite à la fois à l’économie chinoise et à la machine de guerre russe », résume auprès du WSJ Alexander Gabuev, spécialiste des relations sino-russes.
Pour la Russie, échapper aux sanctions est vital afin de financer sa machine de guerre, à un moment où le pays traverse de plus en plus de difficultés économiques. Cela fait quatre ans que ce géant des hydrocarbures ne peut plus, par exemple, écouler ses stocks sur le marché européen. Moscou parie ainsi sur le projet Arctic LNG 2, d’une valeur de 25 milliards de dollars, qui va servir à liquéfier le gaz naturel, réduisant son volume et facilitant son transport maritime.
Une aubaine pour la Chine
De son côté, la Chine est devenue de plus en plus dépendante du GNL : le pays, qui cherche à sortir du charbon, est désormais le premier importateur mondial de gaz naturel liquéfié. Le gaz russe, vendu à des prix moins élevés, a ainsi vu sa part dans les importations chinoises passer de 6,4 % en janvier 2025 à 17 % en septembre (+ 10,6 points, en un semestre).
En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, la Chine, qui dispose d’un rapport de force grâce au monopole des terres rares, semble de moins en moins préoccupée par les sanctions américaines. Tout le gaz en provenance de Russie est ainsi acheminé vers un seul et même port, Beihai, dont l’opérateur (la société d’Etat China Oil & Gas Pipeline Network), qui possède principalement des actifs en Chine, est peu touché par les menaces américaines.
Malgré tout, les sanctions en provenance de Washington continuent de faire leur effet, en ciblant les sociétés exploitantes du projet Arctic LNG 2, les navires de stockage, ou encore les compagnies maritimes qui voudraient participer au transport. Il est de plus en plus compliqué pour la Russie de se procurer des composants, tandis que les acheteurs de GNL craignent également les représailles. A titre d’exemple, rien que sur l’année 2023, les recettes mensuelles de la Russie provenant des exportations du pétrole ont baissé de -41,7 % sur un an, selon les données du Conseil de l’Union européenne.
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Publish date : 2025-10-27 19:44:00
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