L’Express

Pourquoi y a-t-il un « h » à « huître » alors qu’il n’y en a pas à « ostréiculteur » ?

Pourquoi y a-t-il un « h » à « huître » alors qu’il n’y en a pas à « ostréiculteur » ?

On dira que je suis bon à être enfermé, mais pourquoi le taire ? Je me suis réveillé l’autre jour en me posant cette question : pourquoi y a-t-il un h à « huître » alors qu’il n’y en a pas à « ostréiculteur », qui, jusqu’à plus ample informé, fait profession de cultiver lesdites huîtres ? Vous me direz qu’il existe des problèmes plus graves sur Terre ; je n’en disconviens pas. Mais comme je me suis acharné à trouver la réponse et que je suis d’un naturel partageur, je vous la livre ici.

Conformément à son étymologie – le latin « ostrea », dérivé lui-même du grec « ostreon » – ce « mollusque lamellibranche à coquille rugueuse ou feuilletée » (merci, Le Petit Robert !) s’est longtemps présenté sous les formes « oistre », « uistre », puis « uitre ». Le souci ? Au Moyen Age, on ne distinguait pas graphiquement le u du v. De ce fait, « uitre » pouvait désigner soit notre délicieux coquillage, soit une… vitre !

« Frapper de bannissement »

Le contexte, généralement, permet de savoir de quoi l’on parle (personnellement, j’achète assez rarement une douzaine de vitres chez mon poissonnier). Il n’empêche : c’est pour éviter cette possible confusion que l’on a fini par ajouter un h à l’initiale. Notez au passage que l’on en a fait de même pour différencier « vile » et « uile » (devenu « huile »), ou encore « vis » et « uis » (devenu « huis »).

Surprenant, mais vrai : notre fameuse huître est également à l’origine du terme « ostracisme » et, pour le comprendre, il faut faire un petit détour par l’Antiquité grecque. A cette époque, en effet, lorsqu’un citoyen semblait représenter une menace pour la démocratie, les Athéniens le bannissaient en inscrivant son nom sur… une coquille d’huître appelée « ostrakon », d’où est dérivé « ostrakizein », « frapper de bannissement ». Un mot dont nous nous sommes inspirés au XIVᵉ siècle pour forger « ostracisme », dont le sens a évolué pour prendre celui que nous connaissons aujourd’hui : « Rejet hostile, par une collectivité, de l’un de ses membres. » Sans penser, cette fois, à le faire précéder du moindre h



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Author : Michel Feltin-Palas

Publish date : 2025-04-19 09:00:00

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