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Forum de Davos : Klaus Schwab ciblé par une enquête après sa démission surprise

Forum de Davos : Klaus Schwab ciblé par une enquête après sa démission surprise

Des révélations graves au cœur de l’une des institutions les plus scrutées au monde. Le Forum économique mondial (WEF), organisatrice du fameux sommet tous les hivers à Davos, a ouvert une enquête contre son fondateur, Klaus Schwab, après des accusations anonymes de malversations, qui ont précipité sa démission après plus d’un demi-siècle à la tête de cette organisation qu’il incarnait.

Klaus Schwab avait créé la surprise ce lundi 21 avril en annonçant sa démission avec effet immédiat, évoquant simplement son âge sans autre explication. « Alors que je commence ma 88e année, j’ai décidé de quitter le poste de président et de membre du conseil d’administration, avec effet immédiat », avait-il écrit dans un communiqué publié ce lundi. En 1971, il avait jeté les bases de ce qui est devenu un événement annuel incontournable pour les élites politiques et économiques, dans la luxueuse station suisse de ski de Davos.

Mais le poids des années serait loin d’être la seule raison du départ de l’octogénaire allemand. Ainsi, le Wall Street Journal a révélé ce mardi qu’une lettre anonyme avait été adressée au conseil d’administration de l’organisation, accusant Klaus Schwab et son épouse Hilde d’avoir « mélangé leurs affaires personnelles avec les ressources du Forum, sans surveillance appropriée ». Le quotidien américain des affaires dit s’appuyer sur des sources informées du dossier sans les nommer. Un porte-parole de Klaus Schwab, interrogé par le quotidien, a démenti toutes ces accusations.

Une culture du travail toxique

La lettre anonyme, qui émane d’anciens et actuels employés, selon le quotidien, met également en cause la culture du travail au sein de la prestigieuse institution, toujours selon le Wall Street Journal. Ce dernier avait déjà publié l’an passé une longue enquête affirmant que Klaus Schwab avait laissé planer une atmosphère de travail « toxique » au sein de ses équipes. Y était notamment remis en cause le traitement par Klaus Schwab de plusieurs femmes employées du Forum, avec des cas de harcèlement sexuel ou d’autres comportements discriminatoires n’ayant pas été contrôlés sur le lieu de travail ou mis sous silence durant plusieurs décennies.

À l’époque, le Forum avait contesté l’article du Wall Street Journal et son fondateur avait nié les allégations portées contre lui. « Nous nous sentons obligés de partager un compte rendu détaillé des défaillances systémiques de gouvernance et des abus de pouvoir qui ont eu lieu pendant de nombreuses années sous l’autorité incontrôlée de Klaus Schwab », indique la lettre anonyme révélée par le WSJ.

Une réunion d’urgence le dimanche de Pâques

Contacté par l’AFP, le WEF a confirmé l’ouverture d’une enquête interne. Le Wall Street Journal précise que la lettre anonyme a poussé le conseil d’administration à se réunir en urgence le dimanche de Pâques. Klaus Schwab a quant à lui « opté pour une démission immédiate » de son rôle de président du conseil d’administration, « plutôt que de rester pour une période de transition prolongée comme prévu auparavant », ajoute le quotidien. Celui-ci a également souhaité intervenir au conseil d’administration dimanche dernier, demande qui lui fut refusée.

Le WEF a indiqué à l’AFP que le conseil d’administration soutient « unanimement la décision du comité d’audit et risque de lancer une investigation à la suite d’une lettre de lanceur d’alerte ». Si l’organisation « prend ces accusations au sérieux », elle souligne que ces allégations ne sont « pas prouvées » et qu’elle ne fera pas de commentaire supplémentaire en attendant le résultat de l’enquête.

L’intérim à la tête du conseil d’administration a été confié à son vice-président, Peter Brabeck-Letmathe, l’ancien patron de Nestlé. De nombreuses personnalités du monde économique et politique siègent au sein de ce conseil d’administration, dont Thomas Buberl, le patron du géant français de l’assurance Axa, ou Al Gore, l’ancien vice-président des Etats-Unis.

Retraits d’argent et massages

Selon le Wall Street Journal, la lettre inclut notamment des accusations selon lesquelles Klaus Schwab aurait demandé à de jeunes employés de retirer pour lui « des milliers de dollars » dans des distributeurs de billets et utilisé des fonds de l’organisation pour régler des massages lors de séjours à l’hôtel. Toujours selon le quotidien américain, son épouse Hilde aurait programmé de fausses réunions dans divers endroits du globe afin de justifier des voyages de vacances de luxe aux frais de l’organisation.

Le porte-parole de Klaus Schwab a expliqué que ces dépenses pendant ses voyages ont toujours été remboursées. Il a également réfuté les accusations concernant l’utilisation d’une luxueuse villa sur les bords du lac Léman et des dépenses de rénovation supervisées par son épouse, ajoutant que Klaus Schwab compte porter plainte contre quiconque se trouve derrière cette lettre anonyme ou « toute personne qui répand ces contrevérités ».

Né à Ravensburg en Allemagne en 1938, Klaus Schwab n’était encore qu’un simple professeur en gestion d’entreprise de l’université de Genève, où il a enseigné jusqu’en 2003, lorsqu’il a lancé le « Forum européen de management », qui a préfiguré l’actuel Forum de Davos. Marié et père de deux enfants, il a ensuite invité des chefs d’entreprises américains, élargissant progressivement l’événement pour en faire un grand rendez-vous international dédié aux relations d’affaires et aux échanges d’idées.

L’événement, vu comme un symbole du capitalisme, fait souvent l’objet de critiques d’ONG et organisations syndicales, mais est aussi la cible de théories complotistes. En 2020, Klaus Schwab avait publié un ouvrage intitulé « La grande réinitialisation », qui avait enflammé les sphères complotistes qui y avaient vu une preuve, selon elles, d’un plan des élites mondiales pour détruire les démocraties et asservir, voire éliminer, une partie de l’humanité.



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Publish date : 2025-04-23 16:10:00

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