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Déserts médicaux : le plan du gouvernement pour faire face au problème

Déserts médicaux : le plan du gouvernement pour faire face au problème

Le gouvernement veut imposer jusqu’à deux jours par mois de temps de consultation aux médecins dans les zones prioritaires du territoire, mesure phare d’un plan de lutte contre les déserts médicaux, dévoilé ce vendredi 25 avril par François Bayrou, à l’occasion d’un déplacement dans le Cantal – département passé de 160,6 médecins généralistes pour 100 000 habitants en 2010 à 139,4 en 2025 selon l’Ordre des médecins.

« Chaque médecin généraliste ou spécialiste qui exerce dans un territoire bien pourvu devra consacrer un ou deux jours par mois à des consultations dans les zones qui sont les plus en difficulté », a annoncé le Premier ministre au terme d’une visite à Puycalvet, une petite commune rurale à une quarantaine de kilomètres d’Aurillac.

Ce « principe de solidarité » du corps médical est présenté par l’exécutif comme une alternative à la « fin de la liberté d’installation » des médecins, mesure induite dans une proposition de loi transpartisane dont l’article phare a été adopté contre l’avis du gouvernement début avril par l’Assemblée nationale, avant l’examen de la suite du texte prévu début mai.

Des pénalités en cas de refus

En 2024, 6 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant. La lutte contre les déserts médicaux fait partie des quatre priorités du Premier ministre, exposées dans un courrier adressé en mars aux chefs de groupe parlementaire. François Bayrou entend adresser « un message de confiance à l’ensemble de soignants », alors que la colère gronde chez les médecins libéraux, étudiants en médecine, internes et jeunes médecins, pour qui ce projet « mettra à mal l’attractivité de la médecine libérale, aujourd’hui le premier rempart du système de santé ». « L’idée est de ne pas privilégier les solutions de contrainte à l’installation », a appris l’AFP ce vendredi, de source gouvernementale. « Cette voie de la régulation autoritaire ne sera pas celle que nous retiendrons dans l’étape que nous ouvrons aujourd’hui », mais « si ce plan d’urgence immédiat ne réussit pas, nous savons bien qu’au bout du compte, le jour viendra où les principes de ce système, fondé sur le choix libre des médecins, devront changer », a averti M. Bayrou.

Cette mesure va concerner « tous les médecins ». « Il y aura des contreparties financières ». « A contrario, les médecins qui refuseraient se verront pénalisés », a-t-on encore précisé de même source. Près de 30 millions de consultations par an seraient ainsi réorientées là où il y en a besoin.

Outre cette mesure, le plan présenté vendredi comprend trois autres « axes ». Le premier traite de la formation. L’idée est de « permettre au plus de jeunes possible d’accéder aux études de santé, au plus près de leur territoire », de « recruter dans les territoires ruraux ou moins favorisés », déroule une source gouvernementale. Un nouveau médecin s’installe plus volontiers dans son territoire d’origine : 50 % des médecins généralistes formés exercent à moins de 85 km de leur lieu de naissance, une installation sur deux est située à moins de 43 km de l’université d’internat.

Cartographier les zones prioritaires

Le gouvernement entend ainsi développer massivement les stages en « territoires sous-denses » pour les étudiants en médecine. Chaque département – les trois-quarts le sont aujourd’hui – devra être pourvu d’une première année aux études de santé.

Le gouvernement veut par ailleurs confier de nouveaux actes aux autres professionnels de santé. Un patient souffrant de rhinite allergique saisonnière pourrait ainsi se rendre en pharmacie pour recevoir son traitement avec une ordonnance échue.

Par ailleurs, l’exécutif souhaite, dans le délai d’un mois, une cartographie des zones particulièrement prioritaires, dites « zones rouges ». Ce travail va être confié aux agences régionales de santé (ARS), « en lien étroit avec les préfets et les élus locaux », afin de « définir département par département les zones les plus prioritaires » pour l’application de ce plan.

« Il ne faut pas nous contraindre »

Les syndicats de médecins ne sont pas emballés. « Il ne faut pas que ce soit l’idée de contrainte, d’obligation », regrette auprès de l’AFP Agnès Giannotti, présidente de Médecins généralistes (MG France, majoritaire chez les libéraux). « On fait au quotidien vraiment le maximum de ce qu’on peut faire pour soigner les gens. Il faut nous protéger, il faut nous aider, il ne faut pas nous contraindre et nous menacer », poursuit la responsable.

Patricia Lefébure, présidente de la Fédération des médecins de France (Fmf), rappelle à l’AFP que son organe « proposait déjà ce principe de solidarité il y a 10-15 ans ». « C’était quand il y avait encore pas mal de médecins. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de médecin, c’est un peu tardif » grince-t-elle.



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Publish date : 2025-04-25 13:06:00

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