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« Si on continue à nier en bloc… » : les doutes de Marine Le Pen et de ses proches sur sa défense

« Si on continue à nier en bloc… » : les doutes de Marine Le Pen et de ses proches sur sa défense

Pendant ses vacances, Marine Le Pen a l’habitude de déconnecter. Il faut bien qu’une exception confirme la règle. En pleine pause parlementaire, l’envie lui prend de discuter. Elle décroche son téléphone et passe un coup de fil à un élu proche. Et comment ne pas parler de son procès en appel, auquel est désormais suspendu son avenir politique ? La cheffe de file du parti d’extrême droite ne peut s’empêcher d’y penser. Ça la tourmente, elle y réfléchit, a d’ailleurs prévu de relire le jugement, rendu le 31 mars dernier. La décision de la Cour d’appel, annoncée à l’été 2026, pourrait confirmer le jugement de première instance, et l’empêcher de candidater à l’élection présidentielle. Son cercle de fidèles y croit de plus en plus, tandis qu’au parti, un sentiment de désillusion se répand.

Récemment, un nouvel élément a intensifié leur inquiétude. Le 14 avril, un article, publié par Médiapart soutient qu’Andréa Kotarac, porte-parole de Marine Le Pen en 2022, aurait cumulé son rôle auprès de cette dernière avec son emploi d’assistant parlementaire d’Hervé Juvin, entre novembre 2021 et décembre 2022, sans en avoir demandé l’autorisation au Parlement européen. Ce qui signifierait que le « système » des assistants fictifs du parti aurait perduré jusqu’en 2022, et pas jusqu’en 2016. « C’est très mauvais pour nous, ça vient renforcer l’idée que la récidive, utilisée comme justification par la juge pour la peine d’inéligibilité avec exécution provisoire, est possible », se lamente un cadre.

Le retour du cercle des fidèles

En privé, on le concède : ça prend une mauvaise tournure pour Marine Le Pen. Et comme souvent, dans les moments difficiles, la patronne se tourne vers son cercle de confiance. Sur les plateaux de télévision, fin mars, on a vu réapparaître Steeve Briois, le maire d’Hénin Beaumont et ami de longue date de la députée du Pas-de-Calais. Plusieurs y ont vu un signal. « La dernière fois qu’il était ressorti, c’était en 2022 quand on n’avait pas les parrainages, et qu’on était vraiment dans la m**de », commente un député. Avec Bruno Bilde, les deux nordistes font partie de la vieille garde. Comme Philippe Olivier, beau-frère et conseiller de Marine Le Pen, ou Louis Aliot, son ancien compagnon dont elle est restée proche. Ils sont de ceux que la députée a beaucoup consultés après la décision du tribunal correctionnel.

« Elle sait qui sont ses vrais proches, veut croire l’un d’eux. Ce sont des relations de confiance, dans la durée. Les coups de froid, c’est normal, ce qui compte c’est la solidité. » Elle est comme ça, Marine Le Pen. Fidèle en amitié, surtout dans les moments difficiles. Surtout en cette période, où les emmerdes volent en escadrille.

Et ses conseillers actuels ont une obsession : l’inciter à modifier sa stratégie de défense. « Attention, la même stratégie donnera lieu au même résultat », l’ont-ils prévenue. Pour l’heure, les éléments de langage du RN sont gravés dans le marbre. A savoir : qu’il existerait une « différence d’appréciation sur la mission des assistants parlementaires entre les partis politiques français et le Parlement européen ».

« On a suffisamment laissé retomber la poussière, il faut prendre une décision maintenant »

« Le système a cru qu’il pouvait s’amuser, mais non, ils ne manipuleront pas les textes pour nous faire condamner, on n’acceptera pas ça », répétait encore Philippe Olivier, le 6 avril, en marge du meeting de soutien à Marine Le Pen organisé par le parti place Vauban. Or, pour justifier la peine d’inéligibilité avec exécution provisoire, le tribunal correctionnel de Paris, dans son jugement, invoque un « risque de récidive » fondé sur « le système de défense », et « l’absence de reconnaissance des faits », ainsi que leur « impunité revendiquée ».

« Si on continue à nier en bloc, on va droit dans le mur », craint un mariniste qui veut croire encore en une dernière candidature à la présidentielle. Profitant des vacances de Pâques, on sonne le branle-bas de combat dans l’entourage de la patronne en quête d’une nouvelle stratégie. « Un appel est de facto un nouveau procès », pérore un conseiller. Les uns lui présentent de nouveaux juristes, pour la conseiller et même, qui sait, renouveler son équipe. Les autres l’abreuvent en notes, en conseils. Parfois contradictoires. « Il ne faut certainement pas changer d’équipe. La qualité des avocats n’est pas le sujet », assure l’un. « Évidemment qu’ils ont été mauvais, ils ont été incapables de prévoir la loi Sapin et se sont plantés sur toute la ligne », s’agace un autre. Marine Le Pen picore, encore indécise. « Elle réfléchit, elle frotte son cerveau à celui des autres, elle aime bien confronter son point de vue », se persuade un conseiller. Un autre, plus impatient : « On a suffisamment laissé retomber la poussière, il faut prendre une décision maintenant, définir un cadre et s’y tenir. » Dans les rangs, on espère qu’une réunion d’ampleur à la rentrée clarifiera le sujet. Pour l’heure, rien n’a été annoncé.



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Author : Marylou Magal

Publish date : 2025-04-25 11:00:00

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