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Investissement : faut-il continuer de miser sur l’or ?

Investissement : faut-il continuer de miser sur l’or ?

Les chiffres donnent le tournis. L’once d’or vaut plus de 3 300 dollars, en hausse de 26 % depuis le 1er janvier et de 40 % sur un an. Le seuil symbolique des 2 000 dollars, franchi pour la première fois en 2020, ne semble plus qu’un lointain souvenir. L’or est ainsi l’un des actifs les plus performants de ces derniers mois. Mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’économie de la planète.

« La hausse s’est accélérée en mars lorsque Donald Trump a évoqué l’instauration de droits de douane aux Etats-Unis, explique Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France. Les perspectives de guerre commerciale et ses conséquences sur la croissance mondiale inquiètent les investisseurs. » Le métal jaune a ainsi pleinement joué son rôle de valeur refuge vers laquelle se tourner en cas de crise. Les tensions géopolitiques, notamment autour de l’Ukraine et du Moyen-Orient, contribuent elles aussi à la flambée de ces derniers mois.

Le métal jaune bénéficie par ailleurs d’autres facteurs de soutien plus structurels. Les banques centrales des marchés émergents sont engagées depuis 2022 dans une politique d’achats massifs, ce qui contribue à faire monter les cours. « En augmentant leurs réserves d’or, plutôt que d’investir en bons du Trésor américain, les banques centrales diversifient leur risque de change. C’est aussi une façon de participer à la dédollarisation de l’économie mondiale », relate Arnaud du Plessis, gérant du fonds CPR Invest Gold Mines chez CPRAM. L’expert précise que les achats des banques centrales dépassent 1 000 tonnes par an depuis trois ans, soit plus du double des années précédentes. « L’once devrait continuer à évoluer aux environs de 3 000 dollars dans les prochains mois, avec des pics au gré des annonces du président américain ou des tensions géopolitiques », anticipe Alexandre Baradez.

Une détention de long terme

Les détenteurs d’or peuvent donc continuer à se réjouir. « L’or physique n’est pas un instrument spéculatif mais un investissement de long terme : 80 % de nos acheteurs le transmettent à leurs héritiers à leur décès », souligne Laurent Schwartz, président du Comptoir national de l’or. Mais est-ce encore le moment d’acheter ? Un éventuel repli autour de 3 000 dollars constituerait un point d’entrée intéressant, avec un horizon de long terme, dans une optique de protection du patrimoine.

Acheter un lingot de 1 kilo n’est cependant pas à la portée de toutes les bourses puisqu’il vaut plus de 90 000 euros. Il existe des lingots de plus petite taille, de 1 gramme à 500 grammes permettant de fractionner son investissement. « Mieux vaut se concentrer sur les poids supérieurs à 20 grammes pour limiter l’impact du coût de fabrication sur le prix », recommande Laurent Schwartz. Il faut par ailleurs conserver précieusement la facture précisant le numéro du lingotin ou du sachet scellé dans lequel sont placées les pièces afin de pouvoir prouver la date et le prix d’acquisition lors de la revente, pour des raisons fiscales.

ETC et fonds minier

Compte tenu de sa valeur, l’or doit être placé dans un coffre-fort. Une contrainte poussant certains investisseurs à préférer l’or papier à l’or physique. Il s’agit alors d’acheter non pas des pièces et lingots mais des placements financiers appelés exchange traded commodities (ETC). Ils sont cotés en Bourse et s’acquièrent, via un compte-titres ouvert chez un courtier ou dans une banque, auprès de sociétés de gestion comme Amundi, Invesco, iShares ou encore Xtrackers. Ces produits sont adossés à de l’or physique : leurs promoteurs détiennent des lingots pour un montant équivalent à leurs actifs sous gestion et leur cours réplique les évolutions du métal jaune.

Enfin, il est possible de miser sur l’or en souscrivant un fonds investi dans des valeurs minières cotées en Bourse. Ces produits s’envolent de plus 35 % depuis le début de l’année et de 46 % sur un an d’après Morningstar, au 17 avril. Le secteur reste bien orienté. « Les valeurs minières ont subi une forte hausse de leurs coûts de production depuis 2020 en raison de l’inflation, rapporte Arnaud du Plessis. La hausse des cours de l’or leur permet de reconstituer leurs marges opérationnelles, voire plus. » Attention, les fonds aurifères sont avant tout un investissement en Bourse, dont ils subissent la volatilité.



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Publish date : 2025-05-01 13:00:00

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