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Guerre commerciale de Donald Trump : les premières réponses des entreprises face aux droits de douane

Guerre commerciale de Donald Trump : les premières réponses des entreprises face aux droits de douane

La politique commerciale du président américain Donald Trump brouille les perspectives des entreprises, qui ont tenté d’évaluer l’impact et les réponses possibles lors de leurs récentes publications de résultats trimestriels. Tour d’horizon.

La tech très exposée

La Silicon Valley a rallié en grande majorité le camp Trump au moment de la présidentielle mais n’est pas épargnée par sa politique commerciale. Apple a chiffré jeudi à 900 millions de dollars l’impact des droits de douanes américains pour le trimestre en cours. Pour limiter l’impact, « la majorité des iPhone vendus aux Etats-Unis » devraient provenir d’Inde plutôt que de Chine, exposée à des surtaxes douanières beaucoup plus élevées, a précisé son directeur général Tim Cook.

Nvidia, champion des puces pour l’intelligence artificielle, avait annoncé dès mi-avril que les nouvelles restrictions à l’export de semi-conducteurs vers la Chine allaient lui coûter 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle au premier trimestre.

Si beaucoup des puces utilisées dans les appareils modernes sont fabriquées dans des usines basées en Asie, toutes les entreprises n’accusent pas encore le coup. Le mastodonte taïwanais des semi-conducteurs TSMC a vu sa rentabilité bondir au premier trimestre et a assuré que les surtaxes américaines n’avaient pas changé « le comportement » de ses clients.

L’automobile dans le brouillard

Le secteur automobile est très sensible aux droits de douane américains alors qu’il souffrait déjà de la concurrence chinoise et d’une demande mondiale faible. Il est « paralysé par de nouvelles hausses de coûts et des incertitudes qui, si elles restent en vigueur, modifieront le paradigme de l’industrie automobile américaine pour les années à venir », commente Wedbush Securities dans une note.

L’américain General Motors a baissé ses prévisions annuelles ce jeudi : il estime autour de 4 à 5 milliards de dollars l’impact brut des surtaxes américaines.

D’autres constructeurs ont suspendu leurs prévisions pour l’année, notamment Stellantis (Jeep, Ram, Peugeot, Fiat) qui invoque « l’évolution des tarifs douaniers », ou Mercedes-Benz.

Luxe et aéronautique montent les prix

Le groupe de luxe français Hermès a choisi de gonfler ses prix de vente aux Etats-Unis dès le 1er mai, avec l’espoir de « neutraliser » l’impact des droits de douane.

Une autre société française, Interparfums qui exploite notamment les marques Jimmy Choo, Montblanc ou encore Lacoste, prévoit d’augmenter ses prix de 6 % à 7 % sur le marché américain. Les acheteurs de produits de luxe sont généralement moins sensibles aux augmentations de prix.

Mais l’idée séduit aussi dans l’aéronautique. « La situation est extrêmement volatile sur les droits de douane, (…) mais il ne faut pas se faire d’illusions : nous allons imposer des surcharges sur les prix à nos clients », a assuré fin mars Olivier Andriès, directeur général de Safran qui fournit des moteurs d’avions et d’autres composants pour l’aéronautique et la défense. Guillaume Faury, patron de l’européen Airbus, a estimé lui aussi qu’il incomberait aux acheteurs de ses avions de payer les surcoûts liés aux taxes américaines.

Relocalisations dans la pharmacie… et le luxe ?

Devant la menace de droits de douane, le géant pharmaceutique britannique AstraZeneca a annoncé mardi avoir commencé à transférer vers les Etats-Unis une partie de sa production européenne. Ses concurrents suisses Roche et Novartis ont annoncé récemment des investissements de respectivement 50 milliards de dollars et 23 milliards de dollars sur cinq ans pour produire aux Etats-Unis.

Le numéro un mondial du luxe, LVMH, prépare aussi le terrain : sans accalmie des droits de douane américains, le groupe, qui possède déjà sept ateliers aux Etats-Unis, « sera amené à augmenter (ses) productions américaines », a prévenu son patron Bernard Arnault.

Les banques profitent

Les marchés financiers ont connu des mouvements de grande ampleur depuis le retour de Donald Trump, ce qui a permis à de nombreuses banques d’encaisser davantage de commissions sur les transactions sur les marchés. Les grandes banques d’affaires américaines ont dans l’ensemble publié des résultats meilleurs qu’attendu au premier trimestre. Le patron de Goldman Sachs, David Solomon, a signalé « davantage d’activité » de sa clientèle depuis le 2 avril, et même dès mars lorsque la perspective des droits de douane se concrétisait. Mais il a prévenu que le deuxième trimestre avait commencé « dans un environnement opérationnel radicalement différent ».

« Certains jours, les volumes de négoce ont excédé leurs pics de la période Covid d’environ 30 % », a également souligné Sergio Ermotti, le patron d’UBS, lors de la publication de résultats trimestriels bien meilleurs qu’attendu. La banque suisse a toutefois prévenu que les droits de douane faisaient « peser un risque significatif sur la croissance mondiale et sur l’inflation, assombrissant les perspectives en matière de taux d’intérêt ».



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Publish date : 2025-05-02 14:32:00

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