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Mike Waltz : comment le « Signal Gate » a poussé le conseiller de Donald Trump vers la sortie

Mike Waltz : comment le « Signal Gate » a poussé le conseiller de Donald Trump vers la sortie

Difficile de ne pas considérer la décision comme un camouflet. Donald Trump a officialisé jeudi 1er mai le départ de son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz. « J’ai le plaisir d’annoncer que je vais nommer Mike Waltz au poste d’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social. Le secrétaire d’État Marco Rubio occupera son poste stratégique par intérim en attendant le remplacement de ce proche du milliardaire républicain.

En annonçant la nouvelle, premier mouvement majeur dans son équipe depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a tout fait pour ménager Mike Waltz, dans la tourmente depuis plus d’un mois pour son implication dans le « Signal Gate ». Pas question pour le locataire de la Maison-Blanche de faire mention du malencontreux épisode. « Du champ de bataille en uniforme à son rôle de conseiller à la sécurité nationale, en passant par le Congrès, Mike Waltz a travaillé dur pour faire passer les intérêts de notre nation en premier. Je sais qu’il fera la même chose dans ses nouvelles fonctions », a simplement souligné le dirigeant dans son message.

Donald Trump, une confiance de façade

Pourtant, l’implication de Mike Waltz dans ce retentissant scandale semble bien être à l’origine de son départ de la garde rapprochée du président américain. Fin mars, le magazine The Atlantic publiait un long article dans lequel son rédacteur en chef, Jeffrey Goldberg, racontait comment il avait été ajouté par le conseiller à la sécurité nationale sur un groupe de la messagerie cryptée Signal, où se trouvaient plusieurs proches de Donald Trump, comme le vice-président J.D. Vance, le directeur de la CIA John Ratcliffe ou encore la patronne du renseignement militaire Tulsi Gabbard. Problème : des informations ultrasensibles ont été échangées sur ce groupe, en particulier par le ministre de la Défense Pete Hegseth, qui a communiqué les horaires précis d’attaques aériennes américaines à venir.

Après son ajout sur le groupe, Jeffrey Goldberg a donc eu accès sans le vouloir au plan détaillé de frappes prévues par l’armée américaine sur les rebelles houthis au Yémen. Forcément, l’affaire a pris un tour politique dès sa révélation par le journaliste, l’opposition demandant la démission de Mike Waltz pour son rôle dans cette faille de sécurité. Ce dernier avait d’ailleurs lui-même reconnu sa « responsabilité » pour avoir ajouté par mégarde Jeffrey Goldberg dans ce groupe. Après la publication de cette enquête choc dans la presse, Donald Trump, lui, a malgré tout affiché sa confiance envers son conseiller. « Il fait de son mieux » et « c’est un homme très bien », l’a-t-il ainsi défendu, ciblant le travail d’un journaliste jugé « tordu ».

La sérénité du président américain n’était en réalité peut-être qu’une façade. Ces dernières semaines, Mike Waltz paraissait avoir tout de même sérieusement entaché sa crédibilité auprès du magnat. Comme rapporté par le New York Times, Donald Trump n’hésitait pas à solliciter l’opinion de ses interlocuteurs sur son conseiller à la sécurité nationale lors de ses différentes rencontres à Washington ou dans son complexe floridien de Mar-a-Lago. Certains des stratèges de la Maison-Blanche voyaient aussi d’un mauvais œil le rôle de Mike Waltz dans la débâcle du « Signal Gate ». L’influente et discrète cheffe de cabinet de Donald Trump, Susie Wiles, faisait notamment partie de ses détracteurs, selon le Wall Street Journal. D’autres, à l’inverse, ont plaidé en faveur de l’ex-représentant de Floride, à l’instar de l’influenceuse d’extrême droite Laura Loomer, qui a un temps persuadé Donald Trump de le conserver dans son équipe.

Bourdes à répétition

Ses arguments n’auront pas suffi. Il faut dire que Mike Waltz a continué de multiplier les bourdes malgré la fragilisation de sa situation au sein de l’administration. Début avril, d’autres articles de presse ont révélé qu’un collaborateur du républicain avait utilisé la messagerie Gmail, encore moins sécurisée que Signal, pour transmettre des informations sensibles. Ces données portaient entre autres « sur des positions militaires sensibles et des systèmes d’armement puissants liés à un conflit en cours », avait précisé le New York Times.

La même source a recensé au moins 20 conversations entre hauts responsables américains sur Signal au sujet de nombreux domaines : la guerre à Gaza, l’Europe, la Chine ou encore le conflit ukrainien. Mercredi encore, Mike Waltz a été mis en cause après la publication d’une photographie, le montrant en train d’échanger sur la même messagerie cryptée avec J.D. Vance, Tulsi Gabbard ou Marco Rubio. De quoi poser des questions sur les enseignements tirés par le responsable du « Signal Gate »…

Quoi qu’il en soit, les élus démocrates voient dans cette déconfiture une nouvelle occasion de s’en prendre à Donald Trump. Plusieurs d’entre eux ont promis un accueil mouvementé à Mike Waltz lors de sa future audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat. Pour que sa nomination en tant qu’ambassadeur américain aux Nations Unies soit validée, il aura en effet besoin du soutien de la chambre haute du Congrès. « Il y a beaucoup de choses à discuter au cours de ce qui sera, je pense, une audition très animée et passionnée », a lancé le sénateur démocrate du Delaware Chris Coons, dans un message sur X.

Au tour de Pete Hegseth ?

De nombreuses personnalités démocrates en ont aussi profité pour demander la démission du ministre de la Défense Pete Hegseth, également dans une situation délicate au sein du gouvernement depuis le « Signal Gate ». Dans l’entourage trumpiste, personne n’évoque en public pour le moment une décision de ce genre au sujet de cet ex-présentateur de Fox News.

D’ailleurs, J.D. Vance l’assure : le transfert à New York de Mike Waltz, au sein de l’ONU, une institution exécrée par Donald Trump, n’aurait rien d’une sanction. « Si le président avait voulu le renvoyer […] il l’aurait fait, mais il a décidé qu’il était préférable pour Mike d’occuper ce nouveau rôle », a-t-il justifié. Une « promotion », selon lui, qui devrait tout de même laisser un goût amer au conseiller à la sécurité, qui a tenu à peine plus de 100 jours à ce poste. C’est néanmoins déjà plus qu’un de ses prédécesseurs, Michael Flynn, qui avait été viré au bout d’un mois par Donald Trump lors de son premier mandat présidentiel.



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Publish date : 2025-05-02 06:54:00

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