Le cessez-le-feu est censé apporter un répit et sécurité aux Ukrainiens, une respiration dans la pluie de bombes et d’attaques russes qui menacent quotidiennement les militaires comme les civils à bout de souffle. Selon un rapport de l’ONU consulté par le New York Times, la vie est pourtant devenue plus difficile pour les civils depuis le début des discussions pour un cessez-le-feu. Et les chances de mourir, plus importantes. Depuis le début des négociations en février, les combats sur la ligne de front auraient fait plus de victimes civiles qu’à la même période l’année dernière.
Plus de bombardements, et plus de cibles civiles
Immeubles d’habitation, aires de jeux pour enfants, trottoirs bondés… Parmi les cibles touchées par la Russie en Ukraine, les zones peuplées de civils sont encore plus visées qu’avant le début des pourparlers menés par l’administration de Donald Trump, révèle aussi une analyse des frappes récentes. « Au cours des 24 premiers jours d’avril, 848 civils ont été tués ou blessés, soit une augmentation de 46 % par rapport à la même période l’an dernier, selon l’ONU », rapporte le grand quotidien américain. Sur les trois premiers mois de l’année, l’ONU a documenté plus de 2 641 civils tués ou blessés, soit 900 civils de plus que la même période l’année précédente.
Un autre rapport, issu cette fois de l’armée de l’air ukrainienne, rapporte que dans les 30 jours qui ont suivi l’appel téléphonique de Donald Trump aux deux dirigeants, le 12 février 2025, la Russie a lancé 4 694 missiles et drones contre l’Ukraine, contre 1 873 lors des 30 jours précédents. Les stratégies militaires de l’Ukraine sont aussi mises en cause. Le matin même ou Kiev a accepté le cessez-le-feu, le 11 mars dernier, les forces ukrainiennes ont lancé sur Moscou la plus grande attaque de drone depuis le début de la guerre, tuant trois personnes et en blessant 18 autres, selon la Russie.
Les conquêtes territoriales au cœur des négociations
Si elle peut paraître contradictoire et contre-productive pour atteindre un climat de paix, une recrudescence de la violence n’est pas rare durant les phases de négociation pour atteindre un cessez-le-feu, selon les analystes de l’ONU cités par le NYT. « Lorsque des négociations sont en cours, disent-ils, les armées en guerre cherchent souvent à prendre l’avantage avant qu’une trêve ne mette fin aux combats », précisent-ils.
Mais pour Samuel Charap, analyste de la Russie à la RAND Corporation interrogé par le journal, si « les armées portent tous les coups possibles avant de devoir s’arrêter », une augmentation des attaques « ne signifie pas nécessairement un rejet du processus de négociation ». La capture de villes avant le cessez-le-feu fait aussi souvent office de leviers supplémentaires pour les parties, afin d’imposer leurs conditions durant les négociations.
Si l’espoir d’un cessez-le-feu est présent, pour l’heure aucun accord n’est publiquement proche d’être atteint. Après avoir entamé des pourparlers le 12 février par des appels téléphoniques à Vladimir Poutine et à Volodymyr Zelensky, une première proposition américaine de trêve inconditionnelle de 30 jours avait été acceptée le 11 mars par l’Ukraine, sans aboutir. La courte trêve de 30 heures proposée par la Russie pour le dimanche de Pâques a quant à elle été violée par les deux camps, qui s’accusent mutuellement.
Alors que Donald Trump assurait durant la semaine de Pâques qu’un accord était proche, son vice-président J.D. Vance a laissé entendre jeudi dernier sur Fox New que les négociations pourraient se poursuivre jusqu’à l’été. Ce samedi 3 mai, Kiev a d’ailleurs fait savoir qu’elle s’opposait aux « courtes trêves » proposées par Vladimir Poutine, estimant ces délais trop courts pour mener des pourparlers sérieux.
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Publish date : 2025-05-03 13:02:00
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