Le président américain Donald Trump arrivera mardi 13 mai en Arabie saoudite pour une visite de plusieurs jours dans les pays du golfe. Après Riyad, il se rendra au Qatar et aux Emirats arabes unis, où un programme de négociations chargé l’attend. Il s’agit de sa première tournée internationale depuis sa réélection, et la destination n’a pas été choisie au hasard, tant la visite revêt d’importants enjeux économiques et géopolitiques.
C’est une région aux équilibres géopolitiques chamboulés par la guerre, que Donald Trump s’apprête à retrouver depuis sa dernière visite, en 2017. Le président américain n’a pas totalement enterré son espoir d’une normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël, comme entre l’Etat hébreu avec les Emirats arabes unis et Bahreïn, via les accords d’Abraham en 2020.
Guerre à Gaza
Mais cette perspective s’est éloignée depuis les attaques terroristes du 7 octobre. Depuis, plus question pour Riyad de reprendre ce dossier : « l’Arabie saoudite souhaite que la visite reste axée sur les relations bilatérales », analyse Ali Shihabi, un commentateur saoudien proche de la cour royale, au Financial Times. « La normalisation est en suspens, à moins qu’Israël ne prenne des mesures sérieuses, à savoir la fin de la guerre et la création d’un Etat palestinien ».
Une position que Riyad maintient moins par humanisme que par peur des réactions des opinions publiques arabes, dont toute une jeune génération révulsée par le carnage de la guerre à Gaza. Mais par sa place de leader au sein du monde musulman sunnite et sa puissance économique, l’Arabie saoudite reste la pièce manquante clé du processus de normalisation.
En parallèle, les médiateurs poursuivent leurs efforts pour la signature d’un cessez-le-feu, alors qu’Israël se dirige vers une occupation totale de la bande de Gaza, qu’il déclare vouloir commencer après le voyage de Donald Trump. Face à cette impasse, les parties pourraient choisir de se focaliser sur les enjeux économiques de la visite et la possibilité de signatures de contrats milliardaires. « La question principale sera l’économie et ils ne voudront pas que l’acrimonie vienne la miner », analyse pour sa part Michael Wahid Hanna, du Crisis Group, auprès du FT.
Investissements massifs
Et pour cause, l’Arabie saoudite, les Emirats (EAU) et le Qatar ont prévu d’injecter des centaines de milliards supplémentaires dans l’économie américaine. Riyad, qui cherche à diversifier son économie des activités pétrolières, a déjà promis 600 milliards sur quatre ans, tandis qu’Abou Dhabi a suivi avec une promesse de 1,4 milliard de dollars sur 10 ans, axés sur l’IA, les semi-conducteurs et la fabrication d’énergie. Les EUA se sont en effet mis en tête de devenir l’une des places fortes de l’Intelligence artificielle.
« Les Emirats arabes unis voient une occasion unique de devenir un contributeur important en matière d’IA et de technologie avancée », analyse Anwar Gargash, conseiller diplomatique du président des Emirats arabes unis, auprès de CNN. Les principaux dirigeants de la tech américaine seront d’ailleurs du voyage : Elon Musk, Sam Altman (Open AI), Mark Zuckerberg (Meta) ainsi que Larry Fink, patron du fonds d’investissement BlackRock. Ces derniers sont attendus à un forum mardi sur les nouvelles technologies à Riyad, où devraient être annoncés une série de partenariats. Enfin, le Qatar devrait faire sa propre promesse d’investissement d’une valeur de centaines de milliards de dollars au cours de l’étape de Donald Trump à Doha.
Sécurité et armement
La sécurité sera également un enjeu majeur de la visite pour les pays du Golfe, qui sont d’importants clients de l’industrie d’armement américaine. Le mois dernier, Donald Trump a d’ailleurs publié un décret visant à assouplir les restrictions imposées sur certaines ventes d’armes, vu d’un bon œil par ces dirigeants. Ces derniers pourraient également vouloir pousser à un accord entre les Etats-Unis et l’Iran, concernant le programme nucléaire de la république islamique, alors qu’ils s’inquiètent du risque d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Les Saoudiens et les Emiratis craignent en effet d’être pris pour cibles en cas d’embrasement avec Téhéran.
La région revêt aussi un caractère stratégique important pour les Etats-Unis. En 2022, l’administration Biden avait désigné le Qatar comme un allié majeur « non-Otan », le pays abritant la plus grande installation militaire américaine au Moyen-Orient. Symptôme de leur influence croissante, les pétromonarchies cherchent également à jouer un rôle diplomatique, bien au-delà de la guerre à Gaza, mais aussi dans le cadre du conflit qui oppose Occidentaux et Russes.
« Les Etats du Golfe considèrent la médiation des conflits comme une source d’influence et de prestige », indique Alhasan à CNN. « Ils ont réussi à utiliser leur rôle de médiateurs pour se positionner comme des partenaires indispensables à l’agenda politique de Trump ».
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Publish date : 2025-05-12 17:20:00
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