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Gérard Depardieu condamné : la presse étrangère déplore les progrès « dérisoires » du cinéma français

Gérard Depardieu condamné : la presse étrangère déplore les progrès « dérisoires » du cinéma français

L’acteur aussi populaire que controversé du cinéma français Gérard Depardieu a été condamné mardi 13 mai à dix-huit mois de prison avec sursis, coupable d’avoir agressé deux femmes sur le tournage du film Les Volets verts de Jean Becker en 2021. Les réactions de la presse internationale se sont multipliées, à la conclusion du premier procès de l’acteur « devenu un personnage extrêmement controversé en France », note le national allemand Der Spiegel, en raison d’une vingtaine d’accusations d’agression sexuelles à son encontre.

Il s’agissait d’un procès très attendu en France et en Europe, puisque ce qui a été considéré comme le début d’une nouvelle vague #MeToo, cette fois dans le cinéma français, avait été déclenché par l’émission Complément d’Enquête en décembre 2023, consacrée à « la chute de l’ogre Depardieu ».

« Une remise en question tardive » du cinéma français

Depardieu devient ainsi le premier grand acteur de l’industrie cinématographique française condamné pour des délits sexuels dans le cadre du travail, « un fait que beaucoup considèrent comme le début d’un #MeToo à la française », pointe le quotidien espagnol El País. « Dès le départ, il était évident que le procès portait sur bien plus que deux agressions sexuelles commises par l’une des plus grandes stars du cinéma français », décrypte quant à lui le grand quotidien américain The New York Times. « Ce qui s’est joué au tribunal faisait partie d’une remise en question tardive mais nécessaire de l’obsession française pour la séduction, de l’adulation aveugle envers ses artistes, et de l’avancée freinée du mouvement #MeToo en France », conclut-il.

Connu pour sa personnalité hors-norme, l’acteur a lui même défendu au cours de son procès appartenir à une génération qui trouvait ses plaisanteries graveleuses amusantes, et qu’il utilisait un langage vulgaire sur les plateaux pour irriter les gens et provoquer des réactions. « Je viens de l’ancien monde, bien sûr, et je ne suis pas certain que ce nouveau monde m’intéresse », a-t-il déclaré.

Comme le souligne le journal suisse Le Temps, un élément a joué en la défaveur de l’accusé : « Les déclarations de Gérard Depardieu ont évolué significativement entre sa garde à vue et l’audience », selon le président du Tribunal correctionnel de Paris. Elément marquant pour la presse internationale : le comportement de l’avocat de Depardieu, Me Jérémie Assous, particulièrement agressif à l’égard des victimes et de leurs avocates. « Il utilisait des termes dégradants pour décrire leur position et était allé jusqu’à se moquer de leur voix », décrit ainsi le média suisse. Une stratégie dénoncée par l’avocate de l’une des plaignantes comme de la « victimisation secondaire » ayant résulté en une sanction par le juge, sous forme de dommages et intérêts.

Une condamnation loin de « la peine exemplaire » attendue

Une autre observation semble faire l’unanimité chez les observateurs internationaux : le procès s’est déroulé dans un climat « tendu du début à la fin », juge notamment El País. En partie à cause des grandes voix ayant défendu l’acteur par le passé. En 2023, l’acteur avait été « défendu à l’époque par le président français Emmanuel Macron, poursuit le journal hispanique. Il l’a également été cette semaine par l’actrice française légendaire Brigitte Bardot », qui a accordé une interview exceptionnelle à BFMTV lundi soir après dix ans de silence médiatique.

L’acteur, qui n’était pas présent lors du délibéré, sera enregistré comme délinquant sexuel et devra suivre un traitement psychologique. L’acteur va faire appel de cette condamnation. Le juge lui a ordonné de verser des dommages et intérêts de 15 000 euros à l’une des deux victimes et 14 040 € (incluant ses frais médicaux) à l’autre, qui s’ajoutent aux dix-huit mois de prison avec sursis. « Une futilité », tance le journal britannique The Independent. « La sentence de Depardieu est la preuve que la France n’a rien appris du procès Gisèle Pelicot », titre-t-il, jugeant les progrès de la France « dérisoires » depuis le début du mouvement #MeToo en 2017.

« Que Depardieu ait été reconnu coupable représente sans doute une victoire pour les femmes courageuses qui l’ont accusé, y compris les plus de vingt dont les plaintes n’ont jamais abouti à un procès, faute de preuves ou en raison de la prescription », reconnaît l’éditorialiste du média. « Mais je ne peux m’empêcher de ressentir une forme de déception face à cette justice limitée pour laquelle les femmes sont censées se sentir reconnaissantes ».

« Ceux qui pensaient que l’affaire Pelicot avait abattu les stéréotypes persistants autour des agressions sexuelles en France devraient revoir leur copie », fustige la journaliste Claire Cohen. Avant de poser la question : « Où est la peine exemplaire qui enverrait un signal fort à ceux qui pensent pouvoir nuire aux femmes en toute impunité ? »



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Publish date : 2025-05-13 17:52:00

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