« Une consultation multiple » sur de « grandes réformes économiques, éducatives, sociales ou institutionnelles » : voilà ce qui pourrait être à l’agenda du gouvernement dans les prochains mois. Lors de son interview sur le plateau de TF1, mardi 13 mai, Emmanuel Macron a annoncé vouloir organiser plusieurs référendums « en même temps » dans les « mois qui viennent », sur de grands sujets de société.
« À chaque fois qu’on sera trop lent ou bloqué par la situation politique, on peut aller au référendum et je prendrai mes responsabilités », a-t-il ajouté, tout en appelant les forces politiques au Parlement à « travailler ensemble ». S’il s’est refusé à fixer d’avance les sujets sur lesquels les Français pourraient être consultés, plusieurs possibilités ont néanmoins été esquissées, voire carrément rejetées.
Pas de discussion sur la fiscalité et le budget
Le chef de l’État s’est notamment dit ouvert à ce que des « réformes » du Premier ministre François Bayrou sur le « plan économique et social » fassent l’objet d’une consultation. Mais « la fiscalité, le budget, c’est une compétence du Parlement, ce n’est pas un objet de référendum », a-t-il toutefois prévenu.
Le chef de l’exécutif a précédemment évoqué un référendum sur « un plan d’ensemble » de réduction des déficits, alors que son gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économie à réaliser pour l’année prochaine, une idée accueillie avec scepticisme par la classe politique.
La réforme des retraites exclue
Alors que François Bayrou avait invité en début d’année les partenaires sociaux à rediscuter de la très décriée réforme des retraites, Emmanuel Macron exclut l’organisation d’un référendum à ce sujet, réclamé par la CGT de Sophie Binet.
« Il faut aller au bout de cette discussion », a estimé Emmanuel Macron. « Si vous étiez préoccupé par le sort de ces femmes et de ces hommes, vous seriez resté autour de la table pour les défendre », a-t-il lancé à la responsable syndicale. La CGT a claqué la porte de ce « conclave » le 19 mars, après le refus répété de François Bayrou de revenir aux 62 ans. « Cette réforme, on l’a faite pour sauver le système par répartition, auquel je crois », a défendu Emmanuel Macron. « Si on abroge cette réforme, chaque année on a une dizaine de milliards d’euros qu’il faudra retrouver », a-t-il ajouté.
« J’attendais une inflexion, à commencer par la réforme des retraites, cela aurait permis de sortir par le haut…. Mais il a fermé toutes les portes », a déploré Sophie Binet à la suite de son face-à-face avec le président. « Pourquoi faire 2h20 d’émission si c’est seulement pour faire la com’ de son bilan ? », s’est-elle étonnée. « On a un président qui s’est transformé en professeur Macron, comme si on était ses élèves… Mais les travailleurs, ce n’est pas qu’ils n’ont pas compris sa politique, c’est qu’ils voient sur le terrain que leurs conditions de travail se dégradent ».
Ainsi que l’immigration
Emmanuel Macron ne « voit pas » non plus de référendum possible sur l’immigration, au vu des limites posées par la Constitution, et « qui permettrait surtout d’être efficace ». En vertu de l’article 11 de la Constitution, les électeurs doivent se prononcer pour ou contre un projet de loi portant sur « l’organisation des pouvoirs publics », des « réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale » ou « tendant à autoriser la ratification d’un traité […] qui aurait des « incidences sur le fonctionnement des institutions ».
Fin janvier déjà, François Bayrou avait balayé cette possibilité, estimant que « cette thématique ne peut pas constitutionnellement […] être un sujet de référendum ». Il répondait indirectement à une revendication de longue date de l’extrême droite française, qui demande régulièrement une consultation à ce sujet. Mardi soir, dans la foulée de l’interview d’Emmanuel Macron, le député Éric Ciotti (Union des Droites pour la République) a dénoncé « un scandale démocratique » sur X.
Une possible consultation sur la fin de vie
Concernant une consultation sur la fin de vie, « je ne le ferai que si c’était bloqué » au Parlement, a-t-il précisé. Alors que les députés planchent actuellement sur le sujet à l’Assemblée nationale, le président français a estimé que le référendum « peut être une voie » en cas d’enlisement ». « Je le ferais avec beaucoup de précautions », a néanmoins prévenu le locataire de l’Élysée, qui a également rappelé son soutien à l’aide active à mourir.
Le président aimerait voir émerger des discussions parlementaires « un texte d’équilibre » qui permette que « l’on puisse partir dans la dignité quand il n’y a plus d’espoir, avec des règles et des encadrements ».
Vérification de l’âge sur les réseaux sociaux
Emmanuel Macron a confirmé mardi vouloir que soit imposée aux adolescents une vérification de leur âge pour s’inscrire sur les réseaux sociaux, estimant qu’il y a « une jeunesse qui a été percutée » par ces plateformes. « Il faut protéger nos enfants et donc je suis pour ma part favorable – et je pense qu’il faut y aller – à ce que nos enfants, nos adolescents soient protégés […] et donc qu’on impose une vérification de l’âge dans les réseaux sociaux ».
La liste des thèmes abordés par le chef de l’État n’est pas exhaustive : il a précisé que ce serait « au gouvernement de finir ce travail [de sélectionner les thèmes à débattre, ndlr], et après à moi de prendre la décision », évoquant le mois de « juin » pour des propositions gouvernementales et ensuite « plusieurs mois » pour organiser des référendums. La dernière consultation de ce type en France remonte à mai 2005 : elle portait sur la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe.
Source link : https://www.lexpress.fr/politique/retraite-fin-de-vie-immigration-ces-sujets-sur-lesquels-macron-envisage-ou-non-un-referendum-LNSDUJ3WTZALJOJ7CYHHVAZNZ4/
Author :
Publish date : 2025-05-14 05:59:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.