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Jeunes diplômés : pourquoi les entreprises n’arrivent pas à recruter en 2025

Jeunes diplômés : pourquoi les entreprises n’arrivent pas à recruter en 2025

En 2025, les jeunes diplômés peinent à décrocher un poste, tandis que les recruteurs, eux, peinent à embaucher. C’est le paradoxe que révèle une étude publiée ce lundi 20 mai par la plateforme JobTeaser, qui analyse les tensions sur les métiers destinés aux jeunes diplômés en France.

Alors que le taux de chômage des moins de 25 ans a grimpé à 19,2 % en février 2025, plus de la moitié des recruteurs affirment rencontrer des difficultés à pourvoir leurs postes juniors. « En 2025, le chômage des jeunes repart à la hausse, et les recruteurs n’ont jamais reçu autant de candidatures. Mais malgré ce volume croissant, la qualité et l’adéquation des profils ne suivent pas toujours. Le paradoxe est là : plus d’un recruteur sur deux peine à pourvoir ses postes ouverts », souligne Michael Giaj, Insight Manager chez JobTeaser. Un déséquilibre criant entre l’offre de talents et les besoins des entreprises, notamment dans les secteurs techniques et innovants.

Ingénierie, commerce, environnement : les trois secteurs les plus en tension

En tête de liste, les métiers de l’ingénierie, victimes d’un manque chronique de jeunes diplômés. Alors que la France aurait besoin de 60 000 ingénieurs par an, seules 40 000 personnes sont formées chaque année, creusant un déficit annuel de 20 000 talents. « Parmi les 10 métiers les plus en tension, 7 concernent des métiers ingénieurs », alerte l’étude. À ce rythme, l’écart pourrait atteindre 54 000 d’ici 2030.

Ce phénomène est accentué par une désaffection croissante des jeunes, en particulier des femmes, pour les filières scientifiques : leurs inscriptions ont chuté de 28 % depuis 2019, selon la plateforme JobTeaser, qui participera au Colloque Management et Leadership de l’Express le 26 mai prochain.

Deuxième secteur sous tension : la vente. Si les métiers commerciaux attirent de nombreux candidats, l’offre d’emploi est trop abondante pour être comblée. Pour en venir à ce constat, JobTeaser a élaboré un indice de tension des « métiers jeunes diplômés » qui évalue la difficulté à pourvoir un poste junior (stages, alternances et premiers emplois confondus), « en croisant le volume de candidatures reçues et le volume de postes à pourvoir ». Au total, plus de 4 millions de candidatures et 250 000 offres d’emploi publiées sur la plateforme ont été analysées. Résultat : malgré leur accessibilité, les métiers de la vente ont obtenu un indice de tension de 72, ce qui signifie que le niveau de candidatures effectif est de 72 % par rapport aux candidatures attendues pour ce métier.

Le secteur de l’environnement, quant à lui, souffre d’un cruel manque d’attractivité. Malgré une explosion de l’offre (+ 270 % depuis 2022) portée par la transition écologique, il n’arrive qu’au 19ᵉ rang des métiers les plus recherchés. Les salaires peu compétitifs y jouant pour beaucoup. Certains métiers sont, à l’inverse, plus faciles à pourvoir, à l’instar de ceux dans le secteur de la finance d’entreprise (indice de tension à 164), des services financiers (indice de tension à 174) et de la gestion d’actifs (indice de tension à 247).

Des leviers à activer pour les entreprises

Plusieurs facteurs expliquent ces tensions persistantes. D’abord, l’inadéquation des formations : certains secteurs émergents comme la cybersécurité voient leurs besoins exploser, sans que l’offre éducative n’ait encore suivi. Des problématiques de genre réduisent également les viviers de talents : seulement 15 % de femmes dans la programmation, 20 % d’hommes dans les ressources humaines.

Le manque d’attractivité de certaines filières – faibles rémunérations, image poussiéreuse, manque de perspectives – décourage les vocations. Enfin, la méconnaissance des débouchés joue un rôle central. Pour Amber Wigmore Álvarez, directrice des Partenariats Universités et Ecoles chez JobTeaser : « Notre étude dresse un constat fort : les choix d’orientation des étudiants se font trop souvent à l’aveugle. Il est urgent de mieux informer les jeunes talents sur les opportunités réelles d’intégration professionnelle. »

Face à ces constats, les entreprises doivent revoir leur stratégie d’attractivité et de recrutement. Parmi les pistes recommandées par JobTeaser : l’active sourcing dans les écoles, une communication transparente sur la marque employeur, l’investissement dans la formation continue, ainsi que la promotion de la parité dans les filières techniques. Participer régulièrement aux forums écoles, renforcer les rémunérations et avantages, et clarifier les perspectives de carrière, apparaissent également comme des leviers essentiels.

Et d’ici quelques années ? Malgré les tensions actuelles, les perspectives sont encourageantes pour les jeunes diplômés. D’ici 2030, plus de 800 000 postes seront à pourvoir chaque année, en grande partie en raison des départs massifs à la retraite, selon la Dares. Les fonctions commerciales et d’ingénierie, notamment en informatique, devraient figurer parmi les plus demandeuses de jeunes talents. À condition, toutefois, de mieux aligner les compétences disponibles avec les besoins du marché.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-05-16 15:05:00

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