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Une « situation d’échec » : l’école primaire épinglée par un rapport de la Cour des comptes

Une « situation d’échec » : l’école primaire épinglée par un rapport de la Cour des comptes

Le fonctionnement de l’enseignement primaire en France est « en décalage avec les besoins de l’élève », estime la Cour des comptes dans un rapport sévère publié ce mardi 20 mai, qui critique entre autres l’organisation des rythmes scolaires, l’aggravation des inégalités et un niveau scolaire « inacceptable », ou encore un système trop centralisé. « En dépit d’une augmentation constante ces dix dernières années de la dépense consacrée à l’école primaire (maternelle et élémentaire, ndlr), le niveau des élèves a suivi une tendance inverse », déplore la Cour des comptes, institution chargée de contrôler la dépense publique, qui évoque une « situation d’échec ».

La Cour publie un rapport sur l’#école primaire, soulignant une aggravation des #inégalités entre élèves et une baisse générale du niveau, notamment en mathématiques, où la France se classe avant-dernière au sein de l’#OCDE.

Lire le rapport 👉 https://t.co/tWm7CzQCS2 pic.twitter.com/45zQtayp6T

— Cour des comptes (@Courdescomptes) May 20, 2025

Pour expliquer ce « déclin des performances scolaires des élèves, notamment vis-à-vis de nos voisins européens », l’institution souligne que la France « dépense moins que les autres pays dans l’enseignement élémentaire ». Elle pointe aussi l’organisation du temps scolaire, qui « n’apparaît pas prioritairement conçue en fonction des élèves » et des connaissances de la chronobiologie de l’enfant.

La semaine de quatre jours remise en question

Dans son viseur notamment : la semaine de quatre jours, « à nouveau devenue la règle largement majoritaire depuis 2017 », après une réforme conflictuelle des rythmes scolaires de 2014 qui avait relevé la semaine à quatre jours et demi.

L’ex-ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer avait donné en 2017 aux communes la possibilité de repasser à quatre jours, liberté dont s’étaient déjà emparées 85 % des communes à la rentrée 2018.

La semaine de quatre jours et demi, « très hétérogène dans sa mise en œuvre », a été abandonnée sans avoir « été évaluée, ni stabilisée dans le temps », regrette la Cour des comptes. Celle-ci souligne aussi que le « modèle dominant » dans l’OCDE est « celui d’une semaine scolaire de cinq jours pleins », et la semaine de quatre jours n’est « en vigueur que dans l’enseignement primaire français ».

Des inégalités sociales aggravées

L’institution rappelle que la France est classée dernière sur 21 pays de l’UE concernant le niveau des CM1 en mathématiques, et avant-dernière sur 18 en français. Or, « le déclin des performances scolaires des élèves », s’accompagne selon la Cour des comptes « d’une incapacité de la politique éducative à résorber les fortes disparités de niveau, en particulier la proportion d’élèves qui sont en difficulté majeure ».

La juridiction note que « la difficulté scolaire est fortement liée à la position sociale. Ainsi, le groupe rassemblant les 20 % d’élèves les plus en difficulté aux évaluations nationales de sixième comprend 40 % des élèves avec l’indice de positionnement social le plus bas, contre seulement 6 % des élèves d’indice le plus élevé. » Les disparités de performance entre filles et garçons en français sont aussi « significativement plus élevées en France que dans le reste de l’Union européenne. »

Pour la Cour des comptes, ces résultats sont « d’autant plus paradoxaux » que les élèves français passent en moyenne plus d’heures sur les bancs de l’école que dans d’autres pays européens.

En outre, l’institution pointe des inégalités territoriales dans la scolarisation, et suggère la mise en place « d’actions supplémentaires » comme « instaurer des règles facilitant la mobilité géographique » pour  » fidéliser » les enseignants « et pourvoir l’ensemble des postes nécessaires ». En effet selon la Cour, « la qualité de l’enseignement » est « de loin le premier levier qui peut influer sur la réussite et l’épanouissement à long terme d’un élève ».

Mauvaise dépense et réforme du système

La Cour des comptes ajoute dans son rapport que le primaire est confronté à « une dépense mal évaluée qui ne cesse de croître ». « La dépense totale à destination de l’école primaire est donc estimée à 52 milliards d’euros en 2022, soit 2 % du PIB français, ce qui représente 29 % de la dépense nationale d’éducation », mais « par rapport à la moyenne de l’OCDE, on observe ainsi une contribution moindre de l’État (1,3 % du PIB contre 1,5 % en 2020) » alors que l’Etat dépense plus que la moyenne pour l’enseignement secondaire. A cela s’ajoute un « système éducatif trop centralisé qui n’intègre pas suffisamment tous les acteurs », dont les collectivités territoriales.

Selon la Cour, il existe donc une « impérieuse nécessité de repenser le modèle actuel de l’école », et notamment d’assurer « une plus forte cohérence entre activités scolaires, périscolaires et extrascolaires », pour prendre « davantage en compte les besoins globaux de l’enfant ».

La juridiction recommande également d’engager une réforme du statut de directeur d’école et de « systématiser les regroupements pédagogiques ou les regroupements d’écoles dans les territoires confrontés à une baisse des effectifs ».

Cette analyse de la Cour des comptes est publiée alors que le président Emmanuel Macron a annoncé début mai une convention citoyenne sur « les temps de l’enfant ». Elle débutera le 20 juin et abordera les sujets « du périscolaire, du postscolaire, du temps familial, et bien sûr de l’école », selon le président du Conseil économique social et environnemental (Cese), Thierry Beaudet, qui l’organisera.





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Publish date : 2025-05-20 10:55:00

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