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Un « génocide anti-Blancs » en Afrique du Sud ? La lubie infondée de Donald Trump

Un « génocide anti-Blancs » en Afrique du Sud ? La lubie infondée de Donald Trump

Il était pourtant venu accompagné de deux champions de golf pour séduire le milliardaire américain. Mais cela n’aura pas suffi. Mercredi 21 mai, le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est retrouvé au beau milieu d’une embuscade tendue par Donald Trump dans le bureau Ovale. Alors que le dirigeant se rendait à Washington pour rencontrer le chantre du « MAGA » (Make America Great Again), ce dernier a interrompu leurs échanges en diffusant une vidéo inattendue montrant, d’après lui, des agriculteurs blancs fuyant leurs terres.

Le président sud-africain a aussi eu la surprise de découvrir Julius Malema, leader d’un parti d’opposition de gauche radicale d’Afrique du Sud, en train réciter des discours xénophobes et entonner « Kill the Boer », un chant hérité de la lutte anti-apartheid. Après quatre minutes de montage, la vidéo s’est achevée sur des images de croix blanches, érigées sur une route rurale en hommage à des fermiers blancs assassinés.

Sur 19 696 meurtres, seuls 7 concernent des agriculteurs

Selon le président américain, ces images sont la preuve irréfutable que des familles entières d’agriculteurs blancs sud-africains sont victimes de « génocide ». « Vous leur permettez de prendre les terres, et quand ils prennent les terres, ils tuent le fermier blanc et quand ils tuent le fermier blanc, il ne leur arrive rien », a affirmé sans preuve tangible Donald Trump. Celui-ci a également présenté des coupures de presse à Cyril Ramaphosa, insinuant que les agriculteurs blancs étaient particulièrement ciblés. Des dires que le président sud-africain a démentis.

S’il est vrai que les meurtres dans les fermes sud-africaines existent, ils ne représentent de fait qu’une minorité de ceux dans le pays. Selon les données officielles sud-africaines, parmi les 19 696 meurtres ayant eu lieu entre avril 2024 et décembre 2024, seuls 36, soit environ 0,2 %, étaient liés à des fermes ou à de petites exploitations agricoles et seules 7 des 36 victimes étaient agricultrices. Selon CNN, les 29 autres concernent des employés agricoles. Des postes majoritairement occupés par des personnes noires.

De plus, en 2003, une commission gouvernementale sud-africaine a constaté que le principal motif des attaques contre les fermes était le vol. Une conclusion qu’ont confirmée des experts originaires du pays cette année. « L’isolement des fermes rend les agriculteurs particulièrement vulnérables à la criminalité, mais c’est une fonction de la géographie et des conditions socio-économiques plutôt que de l’intention politique ou raciale », a constaté Anthony Kaziboni, sociologue politique au Centre de développement social en Afrique de l’Université de Johannesbourg interviewé par le média FactCheck.org.

Une cinquantaine d’Afrikaners accueillis aux Etats-Unis

Malgré le manque de crédibilité de son discours, ce n’est pas la première fois que Donald Trump dénonce la discrimination raciale en Afrique du Sud, que subit, selon lui, la minorité blanche descendant des premiers colons européens. Depuis son premier mandat, le pays est devenu l’une de ses cibles favorites. En février, un décret présidentiel a suspendu l’aide américaine envers l’Afrique du Sud.

Il y a quelques jours, une cinquantaine d’Afrikaners, des Sud-Africains blancs d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave, ont été accueillis aux Etats-Unis sous le statut de « réfugiés ». Une arrivée motivée par Donald Trump alors même que l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile est toujours suspendu.

A l’issue de l’entretien dans le bureau Ovale, le président sud-africain a tout de même souhaité garder la tête haute. « Dans l’ensemble, je pense que notre visite ici a été un grand succès », a-t-il jugé. Si Cyril Ramaphosa semble imperturbable, c’est que le sommet des pays du G20 organisé en Afrique du Sud en novembre prochain arrive à grands pas et que la présence des Etats-Unis est encore incertaine. Se mettre à dos Donald Trump serait donc malvenu.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-05-22 10:55:00

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