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Mégaprojet budgétaire aux Etats-Unis : Donald Trump face au mur de la dette

Mégaprojet budgétaire aux Etats-Unis : Donald Trump face au mur de la dette

Comme (très) souvent avec Donald Trump, il est question de milliards. Ce jeudi 22 mai, son mégaprojet de loi budgétaire a été adopté in extremis par la Chambre des représentants à 215 voix contre 214. Et il l’a clamé sur sa plateforme Truth Social : « La grande et belle loi a été adoptée à la Chambre des représentants ! C’est sans doute le texte législatif le plus important qui sera signé dans l’histoire de notre pays », a-t-il écrit. Néanmoins, la bourse de Wall Street et la quasi-moitié des élus de la Chambre des représentants semblent être moins enjoués tant ce projet de loi fait craindre un nouveau bond de la dette publique aux Etats-Unis.

Le texte se dirige à présent vers le Sénat, où les élus républicains ont déjà annoncé leur intention d’apporter d’importantes modifications. La navette parlementaire devrait donc se prolonger, sans certitude sur la date à laquelle ce projet de loi emblématique pour le président américain sera parachevé.

Baisse d’impôts et déficit fédéraux

Pour Donald Trump, l’enjeu est en premier lieu l’extension des gigantesques crédits d’impôt datant de son premier mandat et qui arrivent à expiration à la fin de l’année. Selon différents analystes indépendants, prolonger les crédits d’impôt pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2 000 milliards à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Même en tenant compte des revenus tirés des droits de douane actuels, le déficit américain resterait supérieur à 6 % du PIB jusqu’en 2030, avant de se s’aggraver encore note le journal Les Echos.

Le projet de loi prévoit en outre des allocations supplémentaires à l’armée et à la sécurité des frontières au détriment de coupes dans Medicaid, l’assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes. Des coupes devraient par ailleurs intervenir sur l’aide alimentaire, l’éducation et les programmes d’énergie propre, aggravant ainsi considérablement les déficits fédéraux. Avant même le vote de la loi au Congrès de nombreux élus, y compris du camp républicain s’inquiétaient de ces effets. Dans une tribune publiée par The New York Times, le sénateur républicain du Missouri, Josh Hawley, écrivait : « M. Trump a promis des baisses d’impôts pour la classe ouvrière et une protection de ses assurances sociales, comme Medicaid. Mais aujourd’hui, un contingent bruyant de républicains corporatistes – appelons-le l’aile Wall Street du parti – exhorte le Congrès à ignorer tout cela et à revenir à la religion d’antan : cadeaux aux entreprises, préférences pour le capital et coupes sombres dans les assurances sociales ». Selon l’analyse du CBO, une agence parlementaire non partisane, les coupes actuellement prévues dans ce programme public menacent de priver d’assurance santé plus de 7,6 millions de personnes d’ici 2034.

« Arnaque fiscale »

Les démocrates se sont, eux, opposés en bloc au texte. « L’arnaque fiscale du Parti républicain arrache des soins de santé et de l’aide alimentaire des mains de millions de gens afin de donner des crédits d’impôt aux riches », a dénoncé après le vote le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.

En outre, la Bourse de New York évoluait en hausse jeudi, après un net recul la veille, les investisseurs restant toutefois sur leurs gardes. « L’attention (des investisseurs) se porte sur les rendements obligataires et sur le déficit budgétaire », résume auprès de l’AFP Karl Haeling, de LBBW. Les taux de l’emprunt américain à trente ans se hissaient vers 14 heures à 5,11 %, contre 5,09 % la veille en clôture, atteignant des niveaux comparables à ceux connus au début de la crise financière de 2007. Le taux de référence à dix ans était lui aussi en hausse, à 4,59 %, un niveau inédit depuis janvier. « Les investisseurs commencent à se demander si la dette américaine, qui ne cesse de croître, est vraiment viable », abonde Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank. Début avril, les craintes concernant les droits de douane imposés par Donald Trump avaient déjà entraîné une hausse des taux, plombés par un désamour des investisseurs envers les actifs en provenance des Etats-Unis. Cet épisode intervient quelques jours après la rétrogradation de la note de la dette des Etats-Unis par l’agence Moody’s.



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Publish date : 2025-05-22 16:56:00

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