Les images satellites parlent d’elles-mêmes. La Russie intensifie son activité militaire près de sa frontière avec la Finlande, qui a rejoint l’Otan en 2023. Les évolutions sur plusieurs sites sont flagrantes, comme à Olenia, a observé cette semaine le New York Times. Des dizaines de bombardiers russes ont été repérées sur cette base aérienne de l’Arctique, à environ 150 kilomètres de la frontière finlandaise.
Egalement situé au nord du cercle polaire, l’aérodrome militaire de Severomorsk-3 a bénéficié de nouveaux abris pour les avions de chasse. Quant à la base aérienne de Severomorsk-2, elle est en cours de rénovation. Fermé en 1998, le site a été réactivé en 2022, plus de deux décennies après. Des hélicoptères sont visibles sur les images satellites.
« Se préparer au pire »
« Nous constatons actuellement un développement des infrastructures militaires, des changements au niveau organisationnel et très probablement la formation de nouveaux soldats. Mais ces changements ne sont pas encore radicaux », expose à France 24 l’analyste militaire finlandais Emil Kastehelmi, qui a travaillé sur ces images satellites au sein d’une équipe appelée Black Bird Group.
La frontière terrestre entre les deux pays mesure 1 340 kilomètres, ce qui est, de très loin, la plus longue ligne de contact de la Russie avec l’Alliance. A Kamenka, à moins de 60 kilomètres du sud de la Finlande, plus de 130 tentes militaires sont apparues ces derniers mois. Un peu plus loin, à Petrozavodsk, trois halls de stockage, pouvant accueillir des dizaines de véhicules, sont sortis de terre. Un quatrième était en construction en avril.
Le responsable de la stratégie des forces de défense finlandaises, Sami Nurmi, indique au Guardian que l’armée suit de « très près » les manœuvres de Moscou. « Se préparer au pire » fait partie, selon lui, des obligations du pays de 5,6 millions d’habitants envers l’Otan. Le haut gradé se montre plutôt rassurant : « Ils [les militaires russes, NDLR] le font par phases. Je dirais que ce sont encore des volumes modérés. »
Les Finlandais sur le pied de guerre
Le déploiement militaire à la frontière avec la Finlande reste très éloigné de l’impressionnante concentration de troupes russes précédant l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Après le déclenchement de la guerre en février 2022, Helsinki, historiquement non-aligné, avait demandé à rejoindre l’Alliance atlantique. Lors de son adhésion en avril 2023, le Kremlin avait alors dénoncé « une atteinte à [sa] sécurité » et promet des « contre-mesures ».
Fin 2023, la Finlande a fermé ses postes frontaliers avec la Russie. Elle accuse Moscou d’avoir orchestré l’arrivée, sur plusieurs semaines, de près d’un millier de migrants sans visa. Le Kremlin dément toute tentative de déstabilisation. Pour empêcher un afflux de demandeurs d’asile instrumentalisé par son voisin, le pays nordique est en train de construire 200 kilomètres de barrière répartis le long de sa frontière orientale. Ce mercredi 21 mai, les gardes-frontières annoncent avoir terminé les premiers 35 kilomètres de la clôture de trois mètres de haut.
Le renforcement de l’activité militaire russe n’est « pas une surprise » pour Antti Häkkänen. Le ministre finlandais de la Défense assure à l’AFP ce jeudi 22 mai que son pays « occupe une position solide en matière de sécurité ». Une arrivée de milliers de soldats russes n’est sans doute pas imminente. « L’augmentation de la force militaire dans nos régions voisines se produira après que les combats en Ukraine se seront calmés », déclare au New York Times Janne Kuusela, directeur de la politique de défense au ministère de la Défense.
Le gouvernement finlandais, composé de partis de droite et d’extrême droite, a augmenté ses investissements militaires et la préparation de ses soldats et de ses habitants. Helsinki s’est engagé en avril à consacrer au budget de la défense 3 % de son PIB d’ici 2029. L’âge des réservistes pourrait également être repoussé à 65 ans. Le pays nordique, où le service militaire est obligatoire pour les jeunes hommes, vise un million de personnes mobilisables en 2031. Soit près d’un Finlandais sur cinq.
En novembre, un exercice d’artillerie d’une ampleur inédite a réuni plusieurs milliers de soldats de l’Otan dans l’Arctique finlandais. Depuis l’entrée du pays aux mille lacs dans l’Alliance, les entraînements militaires s’y sont multipliés. En Finlande, un proverbe dit : « Mieux vaut avoir une bonne guerre qu’une mauvaise paix. »
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Publish date : 2025-05-23 16:49:00
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