Qui se cache derrière la « Fondation humanitaire de Gaza » (GHF, en anglais), groupe soutenu par les Etats-Unis pour distribuer de l’aide alimentaire dans la Bande, mais que certains accusent de violer les principes du droit humanitaire ? Lundi 26 mai, cette organisation a annoncé avoir entamé la livraison « de camions de nourriture » aux Gazaouis, « dans des points de distribution sûrs », et que « d’autres cargaisons » seraient distribuées mardi.
Pourtant, pas même les Nations unies ne sont en mesure de confirmer que ces livraisons ont belle et bien été effectuées. Des photos publiées lundi par l’organisation montrent des véhicules en cours de déchargement, sur un site entouré de barrières métalliques, mais sans que le lieu ni le nombre de bénéficiaires de ces distributions n’aient été précisés.
Seule l’armée israélienne a affirmé mardi que deux centres de distribution de la GHF « à Tel al-Sultan et dans le corridor de Morag dans la zone de Rafah, ont commencé à fonctionner », et a fourni une carte mentionnant deux autres points à Rafah (sud de l’enclave) et à Bureij, dans le centre.
Violation du devoir d’impartialité
Soutenue uniquement à l’heure actuelle par le gouvernement américain, cette fondation créée pour acheminer de l’aide alimentaire à Gaza est accusée par plusieurs ONG de servir les plans militaires d’Israël. En effet, après plusieurs pressions à l’international, Tel-Aviv a partiellement levé la semaine dernière le blocus total de la bande de Gaza imposé depuis le 2 mars. Mais la communauté humanitaire assure que les livraisons autorisées jusqu’à présent sont toujours dérisoires par rapport aux besoins immenses des Gazaouis – 2,4 millions de civils qui souffrent de pénuries de nourriture et de médicaments, après 19 mois de guerre.
Alors qu’un nouveau plan de distribution d’aide « élaboré et conçu par les Israéliens » a récemment été approuvé par les Etats-Unis, selon le New York Times, GHF est soupçonnée de n’effectuer ses distributions que dans des zones prédéfinies par Tsahal – une violation des principes d’impartialité du droit humanitaire. Ce modus operandi est également critiqué pour sa dangerosité, puisqu’il génère d’importants mouvements de population, et oblige les civils à se déplacer pour obtenir une aide vitale. Dimanche, l’ancien directeur exécutif de GHF, Jake Wood, a annoncé sa démission, estimant impossible de faire son travail en suivant les principes humanitaires de neutralité et d’indépendance.
« Militarisation de l’aide »
À l’exception de Washington, tous se refusent à collaborer avec la GHF, à commencer par les Nations unies qui parlent d’un plan, qui « n’est pas en ligne avec nos principes de base, y compris l’impartialité, la neutralité et l’indépendance », a indiqué leur porte-parole, Farhan Haq. Un groupe d’ONG, dont ActionAid, a pointé de son côté que « de l’aide utilisée pour masquer de la violence continue n’est pas de l’aide, c’est une couverture humanitaire pour cacher une stratégie militaire de contrôle et de spoliation ».
Pendant des décennies, c’était l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens, qui chapeautait les opérations humanitaires à Gaza. Mais Israël a accusé cette agence de connivence avec le Hamas (fait pour lequel Tel-Aviv n’a pas réussi à fournir de preuves concluantes, bien que des enquêtes aient révélé certains « problèmes liés à la neutralité » au sein de l’UNRWA), et interdit ses activités.
Face aux soupçons qui planent sur la GHF, le groupe humanitaire suisse Trial International a demandé l’ouverture d’une enquête pour savoir si ses activités étaient conformes aux lois suisses et internationales. Enregistrée à Genève en février, la Fondation humanitaire de Gaza n’a en effet ni bureaux ni représentants connus dans cette ville, où siègent les organisations humanitaires internationales. Trial International a également pointé le recours supposé à des sociétés de sécurité privées risquant de mener à une « militarisation de l’aide ».
À Gaza, le ministère de l’Intérieur du Hamas a estimé que la GHF faisait partie d’un plan israélien pour « contrôler la distribution de l’aide ». Il a qualifié ce groupe d’organisation « suspecte » et accusé Israël de l’utiliser à des fins militaires. La GHF, de son côté, a accusé lundi le mouvement islamiste de « menaces de mort à l’encontre d’organisations soutenant les opérations humanitaires sur les sites de distribution sécurisés » et de « s’efforcer d’empêcher les habitants de Gaza d’accéder à l’aide sur ces sites ».
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Publish date : 2025-05-27 17:30:00
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