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Procès P. Diddy : la justice, machine à séries américaines

Procès P. Diddy : la justice, machine à séries américaines

C’est le procès qui fascine l’Amérique : celui de Sean « Diddy » Combs, géant du rap des années 2000, jugé depuis le 12 mai à Manhattan pour trafic sexuel, enlèvement et intimidation. Il est accusé d’avoir édifié un système d’exploitation sexuelle à l’ombre de son empire musical. En à peine quinze mois, l’affaire a déclenché une frénésie de contenus : cinq séries documentaires sont déjà sorties ou été annoncées sur HBO Max, Hulu, Netflix, Peacock ou TMZ. Une avalanche inédite, même pour les Etats-Unis.

Reprenons la chronologie. En novembre 2023, Cassie Ventura, ex-petite amie de Diddy, porte plainte. Le grand public découvre les freaks offs, les soirées sexuelles qu’il aurait organisées. L’affaire offre un cocktail idéal pour la télévision américaine : un homme parti de rien – Diddy –, des célébrités évoquées (Kid Cudi, Jay-Z…), des soirées sordides, et l’héroïne par laquelle le scandale éclate.

Dès le début 2024, des séries sont commandées – parfois par ses rivaux, comme 50 Cent, producteur d’un projet Netflix. Un tempo révélateur : seize ans ont par exemple séparé la première inculpation du chanteur R.Kelly pour pornographie infantile (en 2002) et la sortie d’un premier documentaire d’ampleur (R.Kelly, Sex lies and videotapes, 2018). D’autres suivront (Surviving R Kelly en 2019, ou R.Kelly, The Verdict, en 2021). Sans toutefois tenir la comparaison avec l’intérêt soulevé par le procès de Sean Combs.

Course contre la montre

L’affaire « Diddy » révèle une transformation dans le traitement des affaires judiciaires outre-Atlantique. MeToo et la sensibilisation accrue aux violences contre femmes et enfants sont passés par là. Mais la véritable explication est probablement à chercher du côté des réseaux sociaux, en particulier de TikTok. Aux Etats-Unis comme en France, les vidéos sur l’enquête peuvent vite dépasser les dizaines de milliers de vues. Appâtés par cette audience, les studios se sont lancés dans une course contre la montre. Les plateformes doivent produire vite si elles ne veulent pas être exclues de la conversation.

Pour l’instant, la tendance est purement américaine. En France, difficile de trouver une exploitation similaire d’une affaire judiciaire. La série la plus évidente, Grégory, ayant pour objet le meurtre du petit Grégory Villemin en 1984, a été diffusée sur Netflix trente-quatre ans après les faits. Il aura fallu attendre trois ans pour voir l’adaptation à l’écran du Consentement, le récit autobiographique de Vanessa Springora de sa relation, à 14 ans, avec Gabriel Matzneff, écrivain de trente-six ans son aîné. La tradition du « true crime » à la française, incarnée depuis des années par l’émission Faites entrer l’accusé, reste aussi bien plus sobre quand elle se décide à mêler fiction et réalité. Difficile de trouver un point commun entre Laëtitia, mini-feuilleton basé sur le meurtre de la jeune Laëtitia Perrais, tiré d’un livre-enquête de l’historien Ivan Jablonka, et Les Monstres sur Netflix. Dans cette série d’anthologie de Ryan Murphy, chaque saison reconstitue des faits divers sordides. Les deux premières saisons ont mis en scène le tueur cannibale Jeffrey Dahmer (incarné par l’acteur Evan Peter) et les frères Menéndez, assassins de leurs parents. La troisième, prévue pour septembre 2025, se concentrera sur le tueur en série Ed Gein. Ryan Murphy s’intéressera-t-il un jour à Diddy ?



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Author : Alexandra Saviana

Publish date : 2025-05-29 09:00:00

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