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Suppression des ZFE : le triple raté du gouvernement

Suppression des ZFE : le triple raté du gouvernement

Pour la deuxième fois en quelques mois, le 28 mai, les zones à faibles émissions (ZFE) ont fini au tapis parlementaire. En mars, ce dispositif visant à interdire la circulation dans les plus grandes agglomérations aux véhicules les plus polluants avait été abrogé en commission. Bis repetita la semaine dernière, en séance publique cette fois, lorsqu’une coalition composée de 98 députés RN, de droite, de LFI et de quelques macronistes a voté dans le même sens. Infligeant au gouvernement une triple défaite au coût considérable.

La première s’est jouée sur le terrain de la communication. Jamais l’exécutif n’a su défendre un dispositif qui n’avait aucunement la portée avancée par les « pro » comme par les « anti ». La mesure la plus sévère, interdisant à partir de 2025 les diesel de plus de 14 ans et les essence de plus de 19 ans, n’était en effet obligatoire que dans deux villes : Paris et Lyon. Soit deux millions de véhicules. Loin des 12 millions de véhicules et des 40 agglomérations de plus de 150 000 habitants fréquemment évoqués. En refusant de prévoir des mesures d’aides au remplacement des automobiles pour les plus modestes, l’exécutif a aussi alimenté l’idée que cette mesure était injuste socialement.

Par ses silences, il s’est retrouvé pris entre les feux des plus ardents des écologistes qui voyaient dans les ZFE le symbole de la lutte anti-bagnole et ceux des plus radicaux des populistes qui n’y voyaient qu’une idée saugrenue de Parisiens ne comprenant rien au « vrai pays ». Il a laissé les premiers défendre le vélo et les transports publics comme alternative à la voiture jusqu’à l’absurde dans des zones où ils n’ont pas d’existence. Et il est apparu comme déconnecté du terrain face à des « anti-ZFE » revendiquant de s’exprimer au nom du « peuple ».

La débâcle est enfin budgétaire. Car la rigidité du gouvernement pourrait coûter cher à l’Etat. Avec le vote du 28 mai, c’est l’ensemble du dispositif des ZFE (et pas seulement le volet Crit’Air 3) qui est tombé. Or, selon une note de la Direction générale du Trésor, rendue publique en avril, une partie de l’aide versée à la France dans le cadre du plan de relance européen de 2020, qui était subordonnée à la mise en place d’un dispositif de réduction des gaz à effets de serre, risque de devoir être remboursée. Rien n’interdisait pourtant alors d’imaginer des modalités différentes de celles des ZFE, mais il est désormais bien tard pour y réfléchir. Trop tard ?



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Author : Agnès Laurent

Publish date : 2025-05-30 16:49:00

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