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Purges au FBI : ces décisions de Kash Patel qui font vaciller l’institution

Purges au FBI : ces décisions de Kash Patel qui font vaciller l’institution

L’organigramme présent sur le site Internet du FBI est à l’image de l’institution : désordonné. Des cadres qui ont quitté le bureau d’investigation y figurent toujours, tandis que d’autres, récemment promus, n’y apparaissent pas. Alors que les purges internes se multiplient depuis la récente nomination de Kash Patel en tant que directeur du bureau d’investigation le 21 février dernier, le malaise grandit. Pour le New York Times, une douzaine d’anciens et d’actuels responsables ont accepté de témoigner.

La chasse aux voix dissidentes est ouverte

Certains ont été accompagnés vers la porte de sortie. D’autres ont été rétrogradés ou placés en congé administratif sans la moindre explication. Parmi eux : deux hommes chargés de l’enquête sur l’ordinateur portable de Hunter Biden. Un objet que les républicains ont longtemps qualifié de preuves de politisation. Depuis 2020, cet ordinateur est un symbole dans l’imaginaire de la droite trumpiste. Pour ses partisans, il contiendrait la preuve que le fils de Joe Biden a monnayé l’influence de son père à l’étranger, notamment en Chine et en Ukraine, au profit d’intérêts privés. Si plusieurs courriels ont été authentifiés, d’autres restent invérifiables. L’un de ces deux agents du FBI avait déjà été sanctionné auparavant pour avoir osé examiner les liens entre la campagne de Donald Trump et la Russie en 2016. Et ce, avant même que Kash Patel ne devienne directeur.

D’autres ont connu un sort similaire. Un employé qui était responsable du renseignement au bureau de Los Angeles jusqu’en avril a été invité à déménager sur le campus de Huntsville où de moindres responsabilités l’attendent. Autre exemple : en mai, un haut fonctionnaire a été remercié notamment parce qu’il n’avait pas révélé à Kash Patel que son épouse s’était agenouillée lors des manifestations contre les violences policières dans le district de Columbia en 2020. L’équipe qui avait enquêté sur la tentative de Donald Trump de renverser l’élection de cette même année a, quant à elle, été dissoute au début du mois de février.

Outre les conséquences sur le plan humanitaire, ces départs posent question puisqu’ils se traduisent par une perte importante de compétences. Le renvoi brutal de l’un des fonctionnaires en l’est l’exemple même. Alors qu’il dirigeait un bureau créé en 2020 pour découvrir et réduire les risques d’utilisation abusive de la surveillance de la sécurité nationale, celui-ci a été poussé vers la porte de sortie, mettant en péril l’avenir de ce garde-fou. « Ces actions ont effacé des décennies d’expérience en matière de sécurité nationale et en matière criminelle au FBI », peut-on lire dans le New York Times.

Le FBI, « arme » de l’administration Trump

Avant même d’être confirmé à la tête du FBI, Kash Patel avait clairement exprimé son intention de le refonder à sa façon. Dans son livre intitulé Government Gangsters, le proche de Donald Trump avait affirmé que les plus hauts gradés du bureau d’investigation devaient être éliminés : « Le FBI est devenu si corrompu qu’il restera une menace pour la population à moins que des mesures drastiques ne soient prises ». Mais aujourd’hui, cette accusation se retourne contre lui. Les actions de Kash Patel ont alimenté les mêmes critiques que celles qu’il avait adressé au bureau sous l’administration Biden : que le FBI est en train de devenir une arme.

Entre autres, d’anciens et actuels responsables du FBI ont averti que les tentatives de Donald Trump de façonner l’institution pourraient avoir un effet dissuasif. Certains agents qui souhaiteraient ouvrir des enquêtes à l’encontre de l’administration Trump pourraient rapidement se raviser pour ne pas perdre leur poste. D’autres ont d’ores et déjà préféré prendre une retraite précoce plutôt que de courir le risque d’être la future cible des dirigeants du FBI.

Ces dernières semaines, l’utilisation accrue du polygraphe n’a fait qu’intensifier cette culture d’intimidation. Selon le quotidien new-yorkais, Kash Patel a notamment eu recours à cet outil pour vérifier que ses employés ne faisaient pas fuiter ses décisions. Une utilisation inhabituelle au sein du FBI que déplorent d’anciens agents.

Certains, proches de l’administration Trump, acceptent tout de même de rejoindre le bureau d’investigation. « Le directeur et moi aurons constitué la plupart de nos équipes d’ici la semaine prochaine », a déclaré il y a quelques jours Dan Bongino, l’adjoint du directeur, sur les réseaux sociaux. « Le processus d’embauche peut prendre un peu de temps, mais nous approchons de la ligne d’arrivée. Cela nous aidera tous les deux à redoubler d’efforts dans notre programme de réformes », a-t-il assuré. Reste à savoir s’ils posséderont les connaissances nécessaires pour poursuivre le travail du FBI.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-06-02 13:19:00

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