Par une opération inédite le 1er juin, le temps d’une matinée, Kiev a déplacé les détonations de la guerre vers des territoires russes dont le quotidien semblait jusqu’à présent très éloigné de l’invasion que mène leur pays contre l’Ukraine.
Lors de cette opération coordonnée, désormais connue sous le nom de « toile d’araignée », une vague de drones ukrainiens s’est déployée dans le ciel russe avant de viser quatre aérodromes militaires. L’attaque, d’ampleur, a été menée à l’aide de petits drones FPV, pilotables à distance et équipés d’un système de diffusion vidéo adapté au pilotage en immersion. Munis de charges explosives, ces petits engins dotés de quatre hélices ont ciblé avec précision les appareils des forces aériennes stratégiques russes, bien plus gros qu’eux.
Des dégâts indéniables
Selon Kiev, l’opération aurait permis de détruire 34 % des bombardiers stratégiques russes vecteurs de missiles de croisière, qui, depuis plus de trois ans, pilonnent les villes ukrainiennes. Une source au sein des services de sécurité ukrainiens a avancé auprès de l’Agence France Presse la destruction de 41 avions utilisés pour « bombarder les villes ukrainiennes », citant notamment des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22 et des appareils radar A-50. Par un travail d’analyse de données satellites, certains médias, dont The New York Times, ont réussi à confirmer l’anéantissement de bombardiers stratégiques dans au moins deux aérodromes, à Belaya et à Olenya.
Mardi, la Russie a également accusé l’Ukraine d’être à l’origine des explosions ayant provoqué le week-end dernier l’effondrement de deux ponts et des accidents de trains qui ont fait sept morts et plus d’une centaine de blessés, dont des enfants. Ces derniers mois, alors même que les forces ukrainiennes ont perdu du terrain sur le front et que des pourparlers ont eu lieu pour évoquer un cessez-le-feu, Kiev a minutieusement préparé son assaut pendant 18 mois pour s’infiltrer au cœur du territoire russe, jusqu’à plus de 1 000 kilomètres de la frontière russo-ukrainienne.
Des mois de préparation
Comment ? Dimanche 1er juin, des villages de Sibérie et de l’Arctique russe, à des milliers de kilomètres du front, ont vu des drones kamikazes jaillir du chargement de poids lourds garés sur de paisibles aires de repos rurales, raconte The Daily Telegraph, repris par Courrier International. Le résultat d’une introduction clandestine de drones ukrainiens en Russie, cachés notamment dans les conteneurs de camions.
Une vidéo diffusée sur Telegram et vérifiée par le New York Times, montre ainsi deux drones lancés depuis des conteneurs montés à l’arrière d’un semi-remorque. Une fois en l’air, à quelques secondes d’intervalle, les deux engins prennent la même direction, volant vers des panaches de fumée s’élevant de la base militaire de Belaya, à moins de six kilomètres de là. Aux points d’impact, des aérodromes militaires russes donc, d’autres images délivrées par les services de sécurité ukrainiens, montrent la vue depuis un drone qui survole un tarmac où sont parqués six avions, avant de descendre vers un bombardier Tupolev Tu-95. L’émission de la vidéo s’arrête brusquement, suggérant une explosion. Selon le quotidien new yorkais, les dégâts confirmés sur la base de Belaya constituent un « coup dur pour la campagne russe d’utilisation de bombardiers à long rayon d’action pour cibler l’Ukraine ».
Plan minutieux
Dans ce raid, parmi le plus impressionnant depuis le début de la guerre, rien n’a été laissé au hasard. Plus tard dans la journée du dimanche 1er juin, d’autres vidéos d’habitants de la zone, postées sur les réseaux sociaux, ont fait état de camions en feu, les mêmes d’où sont sortis les drones des heures plus tôt. Dans un communiqué publié lundi, les responsables ukrainiens ont indiqué que les caisses transportant les drones étaient conçues pour s’autodétruire une fois les drones lancés.
Selon des informations du Daily Telegraph, les drones dissimulés dans des conteneurs étaient « installés sur des remorques de poids lourds dont les toits pouvaient s’ouvrir en appuyant sur un bouton de commande à distance ». « Tout porte à croire que les chauffeurs n’avaient aucune idée de ce qu’ils transportaient », ajoute le quotidien britannique. Selon plusieurs observateurs, les bombardiers russes ont toujours été la cible de l’Ukraine, mais de nombreux ajustements ont été nécessaires après que Moscou a déplacé une grande partie de sa flotte aérienne stratégique à l’intérieur des terres pour la protéger des frappes. Des images satellites montrent par ailleurs l’installation d’avion leurres, probablement en pneus et autres matériaux, pour tromper ce genre d’attaque. Indéniablement, pas à tous les coups.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/operation-toile-daraignee-recit-de-laudacieuse-offensive-ukrainienne-au-coeur-de-la-russie-NS5F62JPC5FMTOLWUA4WWRYXZY/
Author :
Publish date : 2025-06-03 15:17:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.