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Budget aux Etats-Unis : ce que contient le mégaprojet de Donald Trump

Budget aux Etats-Unis : ce que contient le mégaprojet de Donald Trump

1 116 pages. Pas une de plus, ni de moins. Autant qu’il en faut pour faire basculer l’ensemble de la politique intérieure américaine. Ce pavé législatif, intitulé « One Big Beautiful Big Act » (soit une « belle et grande loi » en français) condense l’agenda de Donald Trump : réductions d’impôts, coupes budgétaires sévères, sécurisation des frontières. Des mesures qui lui valent d’être qualifié d' »extrême et toxique » par Hakeem Jeffries, le leader du parti démocrate à la Chambre des représentants et d' »abomination répugnante » par Elon Musk.

Rédigé en coulisses durant des mois, le texte a finalement été adopté fin mai à la Chambre des représentants, sous la pression du président républicain. A l’occasion de son examen depuis ce lundi au Sénat. L’Express revient sur le contenu de cette loi fleuve.

Plus de crédits d’impôt et la création du Trump Account

Au cœur des 1 116 pages de cette « belle et grande loi », la réforme fiscale occupe une place centrale. Fidèle aux promesses de campagne de Donald Trump, le texte vise à prolonger, voire rendre permanents, les allègements d’impôts adoptés en 2017, au bénéfice des particuliers et des entreprises. Les républicains proposent ainsi de maintenir les réductions d’impôts sur le revenu et les successions pour les ménages les plus aisés, d’exonérer de taxes les pourboires, les heures supplémentaires, ou encore certains intérêts de prêts automobiles. Des mesures populaires dans la rhétorique trumpiste, mais critiquées pour avantager les hauts revenus, au détriment d’une classe ouvrière déjà fragilisée par l’inflation.

Le texte prévoit également un relèvement du plafond des crédits d’impôts locaux et d’Etat, qui passerait de 10 000 à 40 000 dollars pour les contribuables dont le revenu est inférieur à 500 000 dollars. Il inclut également un crédit d’impôt supplémentaire de 500 dollars pour les familles avec enfants à charge.

Autre nouveauté : la création du Trump Account, également appelé MAGA Account, qui signifie cette fois Money Account for Growth and Advancement. Derrière cet acronyme barbare se cache la création d’un compte d’épargne pour les enfants, alimenté dès la naissance par une contribution fédérale de 1 000 dollars pour les bébés nés entre 2024 et 2028. Parents, proches et employeurs pourraient y verser jusqu’à 5 000 dollars par an. Les fonds seraient bloqués jusqu’à la majorité, puis 50 % de l’argent disponible serait accessible pour payer l’enseignement supérieur, la formation et l’achat d’un bien immobilier. A partir de 30 ans, les titulaires pourraient utiliser la totalité du solde sans condition.

Pour compenser partiellement la perte de recettes fiscales, estimée entre 2 000 et 4 000 milliards de dollars sur dix ans selon des analystes indépendants, le texte prévoit la suppression progressive des crédits d’impôt pour les énergies propres introduits durant la présidence de Joe Biden. Ces incitations avaient pourtant permis de générer plus de 841 milliards de dollars d’investissements dans des projets comme les parcs éoliens ou les usines de batterie. Le texte introduit également une taxe de 5 % sur les envois d’argent à l’étranger, une mesure controversée qui cible principalement les travailleurs immigrés transférant des fonds à leur famille restée dans leur pays d’origine.

Un tour de vis sur l’aide aux étudiants

Le projet de loi opère également un virage net en matière de financement de l’enseignement supérieur. Les critères d’éligibilité aux aides fédérales pour les étudiants devraient être durcis. Le texte prévoit également une hausse d’impôt pouvant atteindre 21 % sur certaines dotations universitaires, ciblant principalement les grandes universités privées disposant d’importants fonds de réserve.

Mais c’est surtout la refonte du système de prêts étudiants qui constitue un changement majeur. Le projet de loi prévoit la suppression du programme SAVE, qui adapte les remboursements à la situation financière des emprunteurs, ainsi que d’autres dispositifs de remboursement basés sur le revenu, comme Pay As You Earn. Ces programmes seraient remplacés par un plan de remboursement unique, moins favorable, qui alourdirait la charge de nombreux emprunteurs.

En santé, un durcissement massif des aides

Au niveau des dépenses sanitaires, le projet de loi prévoit près de 700 milliards de dollars de coupe dans le programme Medicaid sur dix ans. Et ce, notamment en restreignant considérablement l’accès à cette assurance santé pour les plus démunis : les adultes valides sans enfants à charge devraient désormais travailler, étudier ou faire du bénévolat au moins 80 heures par mois. L’aide serait également réduite dès que le revenu du bénéficiaire dépasse le seuil fédéral de pauvreté. Les immigrés sans papiers en seraient, eux, totalement exclus.

Autre interdiction majeure : celle de financer l’avortement ou les soins liés à la transition de genre avec Medicaid. Selon les démocrates, cela limiterait fortement l’accès à la contraception, aux dépistages et aux soins préventifs pour des millions de patientes.

Du côté des aides alimentaires, les coupes atteindraient 267 milliards de dollars sur dix ans. Le programme de bons alimentaires (SNAP), qui bénéficie actuellement à plus de 41 millions de personnes, deviendrait plus restrictif. Les exigences de travail seraient étendues jusqu’à 64 ans pour les adultes valides sans personne à charge, contre 54 aujourd’hui. Seuls les parents d’enfants de moins de 7 ans seraient exemptés de cette obligation, contre 18 actuellement.

La politique migratoire au cœur du projet de loi

Si les coupes budgétaires sont majeures, le projet de loi consacre une enveloppe colossale à la défense et à la sécurité intérieure, avec près de 150 milliards de dollars de dépenses supplémentaires pour le Pentagone et le département de la Sécurité intérieure. Parmi les priorités affichées : la reconstruction d’un arsenal militaire plus offensif, le renforcement de la dissuasion antimissile, et la relance de la politique migratoire musclée de Donald Trump.

Sur le front militaire, le texte prévoit 25 milliards de dollars pour le lancement du « Golden Dome », un système de bouclier antimissile national. A cela s’ajoutent 21 milliards pour reconstituer les stocks de munitions, 34 milliards pour développer la flotte navale et 9 milliards dédiés aux conditions de vie des militaires, allant du logement aux soins de santé, en passant par la rémunération.

La politique migratoire occupe également une place majeure. 46,5 milliards de dollars sont alloués à la reprise de la construction du mur à la frontière américano-mexicaine, emblème du premier mandat de Donald Trump. Le projet de loi prévoit également d’injecter 70 milliards dans le poste « sécurité aux frontières ».

Une stratégie qui a un prix. Selon les dernières estimations, cette « belle et grande loi » ajouterait à elle seule 3 800 milliards de dollars à la dette fédérale, qui s’élève déjà à plus de 36 200 milliards de dollars.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-06-04 16:21:00

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