Alors que le Sénat entame l’examen de son ambition plan budgétaire, Donald Trump se retrouve coincé entre deux fronts : une opposition démocrate vent debout et les attaques virulentes de son ex-allié milliardaire, Elon Musk. « Trump a du pouvoir, un porte-voix puissant et des milliards à dépenser. Musk aussi », ironisait le New York Times.
Dès lors, le sort de sa « big beautiful bill », texte fondateur de son second mandat, s’annonce plus incertain que jamais. Réductions massives d’impôts, coupes budgétaires drastiques, sécurisation des frontières… En un seul texte de plus de 1 000 pages, Donald Trump cherche à redessiner le paysage fiscal et économique américain pour les prochaines années. Mais le pourra-t-il ? Car, à un an des élections de mi-mandat, prévues en novembre 2026, cette méga loi, adoptée d’extrême justesse à la Chambre (à une voix près) met à rude épreuve les équilibres au sein même du camp républicain.
Ce n’est justement pas le moment d’être divisé : si le Sénat retoque le texte ou l’amende de façon trop sévère, l’ex-magnat de l’immobilier risquerait de voir s’effondrer l’essentiel de son agenda législatif. Pire, son image de négociateur redoutable, autoproclamé maître dans « l’art du deal » en sortirait égratignée. Et, dans un contexte de ralentissement économique, l’échec serait difficile à absorber, tant sur le plan intérieur qu’international.
Les républicains divisés
Jusqu’ici allié influent de la droite trumpiste, Elon Musk est devenu l’un des plus féroces critiques du projet de loi, qui serait précisément à l’origine du divorce entre les deux hommes. En cause : la fin annoncée des crédits d’impôts à l’achat de véhicules électriques prévus par la loi sur la réduction de l’inflation de l’administration Biden, pour compenser (partiellement) les réductions d’impôts adoptées pendant le premier mandat de Donald Trump. Pour Tesla, c’est le couperet. Sans prendre de gants, le géant de la Tech avait comparé cette initiative législative à une « abomination répugnante ». Piqué à vif, Donald Trump n’a pas tardé à répliquer, menaçant de couper les nombreux contrats publics de Space X, fournisseur clé de la NASA et du Pentagone. Au total, plus de 22 milliards de dollars d’argent public pourraient être en jeu. « SpaceX est très lié au gouvernement », assurait à l’AFP Dan Ives, analyste de Wedbush Securities.
Dans les rangs républicains, la « grande et belle loi », comme la désigne le président, ne fait pas non plus l’unanimité. Certains républicains modérés redoutent l’effet électoral d’un texte perçu comme trop favorable aux plus riches. Les chiffres du Bureau du budget du Congrès sont formels : si la loi passe telle quelle, les 10 % les plus pauvres devraient subir une baisse nette. Plus à droite, les ultraconservateurs, fidèle à leurs convictions, s’inquiètent de l’explosion de la dette. Et pour cause : selon les projections, le plan ferait grimper le déficit de 2 400 milliards de dollars sur dix ans, dans un pays où l’endettement dépasse déjà les 36 000 milliards. De quoi inquiéter les rigoristes républicains, tiraillés entre loyauté partisane et orthodoxie budgétaire.
Dans son bras de fer avec Musk, c’est donc la crédibilité de son mandat que Trump joue ici. En effet, la méga loi budgétaire est la pierre angulaire de sa vision pour l’Amérique : nationaliste, sécuritaire et pro-business. La faire adopter intacte serait pour l’ancien président un gage d’autorité et de cohérence. L’échec, à l’inverse, ouvrirait une brèche dans son récit de toute-puissance politique. Alors que le calendrier s’accélère – l’objectif étant un vote final avant le 4 juillet – les regards se tournent vers le Sénat. C’est là que se jouera la crédibilité d’un mandat, face aux caprices d’un allié devenu rival.
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Author : Audrey Parmentier
Publish date : 2025-06-07 11:09:00
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