Pour comprendre le drame qui se joue en ce moment entre Donald Trump et Elon Musk, il faut aller au cinéma. En l’occurrence sur Netflix qui diffuse depuis quelques jours la mini-série de Molly Smith Metzler, Sirens.
Michaela Kell (Julianne Moore), alias Kiki, représentation implicite de Donald Trump, dirige une secte de grand luxe au bord de la mer. Au nom de la protection des rapaces en voie d’extinction qu’elle élève, nourrit, caresse puis libère, mais qui, après avoir goûté à la liberté, reviennent se fracasser sur la baie vitrée de la chambre de leur maman adoptive, Kiki recueille des quantités de dons subtilement extorqués à des femmes de milliardaires désœuvrées, ou milliardaires elles-mêmes, toutes acquises à la cause de Kiki et qui se soumettent de bon cœur à un rite sectaire aussi grotesque qu’humiliant. Tout ça dans un décor de palace balnéaire au luxe trumpien qui pue la névrose à plein nez. Du marbre qu’on tirait du plastoc, de l’or qu’on dirait du toc. Même la bucolique réserve du parc historique de l’Etat de Caumsett (NY) où a été tournée la série, fait penser à un décor de train électrique ou de minigolf.
Climat de meurtre
La reine Kiki circule dans son royaume avec l’air guindé, froid et aigre de celle qui ne s’est pas encore remise d’avoir passé la cinquantaine, et ça fait plus de dix ans. Pour se rajeunir, elle a élu comme première esclave la petite Simone (Milly Alcock). Simone, c’est l’Elon Musk de ma théorie comparative. Poupée échappée d’un contexte familial toxique (père alcoolique, mère suicidée, sœur junky) elle a caché tout ça à Kiki qui la prend pour un bébé Cadum. Le problème, c’est qu’à force de surjouer sa dévotion, elle a fini par véritablement adorer sa patronne, sa maîtresse, devenue sa déesse. L’éclatement de la vérité fait suspens.
Comme dans un Hitchcock, la proximité de la mer avec ses hautes falaises fait peser sur ce paradis factice un climat de meurtre. L’un vient d’avoir lieu, un autre se prépare. Il ne fait pas de doute aux spectateurs que Kiki en est l’exécutrice et que Peter, son mari (Kevin Bacon) en est conscient, et donc complice. Blasé, dilettante, on ne sait pas s’il est arrivé là comme gigolo de Kiki ou s’il est le manitou de cette vaste supercherie. Pour pallier son ennui, en contravention avec les règles de la secte, il monte dans son nid d’aigle fumer un gros pétard en regardant la mer. Car c’est de la mer que va venir le danger, et de la mer que surgit Devon (Meghann Fahy), la grande sœur de Simone.
Devon a sauté du yacht de Kiki pour gagner à la nage les rivages du domaine : elle veut sauver sa petite sœur. C’est le personnage sympathique de l’histoire, l’ange gardien de Simone, celle qui œuvre au réveil de sa conscience et de sa vraie nature de déglinguée pathétique et surdouée. Comme Elon Musk, Simone a voulu rompre avec sa famille impossible, elle s’est fait passer pour ce qu’elle n’était pas auprès de Kiki-Trump, mais elle est devenue plus kikiste que Kiki. Heureusement, la réalité la rattrape avec l’entrée en scène de Devon qui débarque au milieu des dames patronnesses hyperfriquées vêtues de couleurs pastel en minijupe cuir, tatouages et piercings. Et toute mouillée.
Après avoir échoué dans un affrontement direct avec Kiki qui l’a menacée ni plus ni moins de la trucider, Devon choisit la ruse. Elle va se faire passer pour une adepte de la secte, allant jusqu’à accepter d’enfiler une de ces épouvantables robes aux couleurs pastel et adopter le salut de la secte : « Hey Hey ! ». Mais voilà qu’elle aussi, ne tarde pas à y prendre goût, à ce luxe hideux. Eternelle histoire…
Entre le calife de Bagdad et son vizir Iznogoud, François Hollande et son jeune Macron, Nicolas Fouquet et son roi Louis XIV, je ne sais pas qui du plus riche, du plus malin, du bon ou du méchant l’a emporté. Entre Musk et son président j’aimerais bien que l’un d’entre eux emporte l’autre dans sa chute. Pour savoir si ma théorie tient debout, je vais regarder les deux derniers épisodes de ce formidable Sirens.
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Author : Christophe Donner
Publish date : 2025-06-11 04:45:00
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