Finie l’époque où il était question de fermer Guantanamo… Si Barack Obama et Joe Biden avaient formulé leur souhait de fermer la prison militaire lors de leurs mandats, sans jamais y parvenir, l’actuel président des Etats-Unis en a décidé autrement. Plutôt que de fermer le camp – qui ne compte aujourd’hui que 15 détenus -, Donald Trump compte au contraire y expulser pas moins de 9 000 migrants étrangers, et entamer les transferts dès cette semaine.
L’administration Trump compte dans un premier temps procéder à des tests médicaux sur les détenus pour déterminer « s’ils sont suffisamment en bonne santé pour être envoyés à Guantanamo ».
9 000 migrants visés par ce plan, dont des ressortissants français
Plus inattendu encore, 800 détenus européens seraient visés par ces expulsions et figureraient même sur une liste déjà établie, que le Washington Post et Politico ont pu consulter. Parmi eux : des ressortissants français, mais aussi des Britanniques, Allemands, Italiens, Belges, Irlandais, Hollandais, Lituaniens, Polonais, Turcs, Ukrainiens et Roumains.
Si ces pays « alliés » coopèrent d’ordinaire avec les Etats-Unis pour rapatrier leurs ressortissants arrêtés sur le sol américain, l’administration Trump pourrait bien rompre avec la tradition. Ainsi, des ressortissants européens pourront dorénavant être expulsés vers la prison militaire de Guantanamo sans qu’en soient informés leurs pays d’origine.
30 000 migrants déjà ciblés fin janvier
Fin janvier déjà, Donald Trump avait annoncé préparer l’envoi de 30 000 sans papiers sur la base navale de Guantanamo, dans un centre de rétention de migrants déjà existant sur la base – et distinct de la prison militaire. Le président des Etats-Unis avait alors indiqué vouloir porter à « pleine capacité » ce centre de rétention de migrants – pour en faire un espace « géant » et y enfermer « les pires criminels étrangers présents de manière illégale » sur le territoire américain.
Une annonce immédiatement dénoncée par plusieurs ONG de défense des droits de l’homme, alarmées par une politique toujours plus répressive : « Une autre idée terrible, juste au moment où nous nous rapprochions de la possibilité de fermer la prison illégale qui y existe déjà », avait ainsi réagi sur X Daphne Eviatar, d’Amnesty International USA.
Depuis plusieurs décennies, le centre pour migrants sert à héberger occasionnellement des Haïtiens et des Cubains repêchés en mer notamment.
« Désengorger les centres de rétention américains »
Pour justifier ces transferts vers Guantanamo, l’administration Trump affirme n’avoir d’autre choix pour désengorger les centres de rétention saturés aux Etats-Unis. Ceux-ci sont devenus surpeuplés depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, alors que celui-ci mène une répression sans précédent à l’encontre des migrants sans papiers.
« Sous la direction du président Trump, nous cherchons à fixer un objectif d’au moins 3 000 arrestations par jour pour l’ICE » (l’agence de contrôle aux frontières), avait déclaré le chef de cabinet adjoint de l’administration américaine, Stephen Miller, à Fox News en mai dernier, s’engageant à augmenter ce nombre.
Créée en 2002, au lendemain des attaques du 11-Septembre aux Etats-Unis, pour y enfermer des terroristes, la prison de Guantanamo est largement connue pour les traitements inhumains infligés aux détenus en son sein. Plusieurs rapports de l’ONU font notamment état de torture et d’abus infligés aux prisonniers sur le site.
Un projet réaliste ?
En plus de 20 ans, environ 800 détenus sont passés par la prison de Guantanamo. Alors que Donald Trump prévoit d’y envoyer dix fois plus de prisonniers, la question de la capacité d’accueil se pose donc… sans parler du coût astronomique de ces incarcérations. Selon les déclarations du sénateur Gary Peters en mai, le principal démocrate de la commission sénatoriale sur la sécurité intérieure et les affaires gouvernementales, chaque détenu retenu dans le centre de rétention de Guantanamo coûterait à l’Etat américain 100 000 dollars par jour.
Quelques mois plus tôt, une analyse du Wall Street Journal avait également révélé que le déplacement d’un seul étranger vers la baie de Guantanamo – à bord d’avions de l’armée de l’air – coûtait plus de 20 000 dollars. Depuis mi-février, les vols militaires ont donc été remplacés par des avions civils, qui restent néanmoins coûteux.
Enfin, après avoir annoncé en janvier vouloir expulser 30 000 migrants au centre de rétention de Guantanamo, Donald Trump avait d’ailleurs été contraint de rétropédaler, pour des raisons financières et juridiques. Il avait alors dû réexpédier plusieurs dizaines de migrants vers les Etats-Unis, une décision de justice ayant conclu que le centre de Guantanamo ne pouvait être utilisé que pour des détentions provisoires, mais pas pour des détentions de longue durée. Reste donc à voir ce que statuera la justice concernant la récente annonce de réinvestir la prison militaire. Une chose est sûre : même les ressortissants européens ne sont plus épargnés.
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Publish date : 2025-06-11 15:41:00
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