L’Express

En Espagne, le scandale qui fait vaciller le Premier ministre Pedro Sánchez

En Espagne, le scandale qui fait vaciller le Premier ministre Pedro Sánchez

La journée du jeudi 12 juin a été longue pour Pedro Sánchez. Dans la matinée, le numéro trois du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Santos Cerdán, est mis en cause dans une affaire de corruption et doit démissionner de toutes ses fonctions quelques heures après. Le scandale, qui empoisonne depuis plusieurs mois Madrid, concerne également l’ancien bras droit du Premier ministre, José Luis Ábalos.

En fin d’après-midi, Pedro Sánchez s’exprime au siège de son parti. Il demande pardon aux Espagnols pour avoir eu confiance en Santos Cerdán et exclut des élections générales anticipées. Déception pour l’opposition conservatrice, qui ne souhaite qu’une chose : le départ du chef du gouvernement.

Son épouse et son frère accusés

Le 8 juin, le centre de Madrid résonne des « Pedro Sánchez, démissionne ! ». Le Parti populaire (PP) a appelé à une manifestation contre la corruption présumée de l’exécutif. Sur une estrade, le dirigeant de la formation de droite, Alberto Núñez Feijóo, l’accuse de « pratiques mafieuses ». 100 000 personnes selon le parti d’opposition, entre 45 000 et 50 000 selon le gouvernement, ont participé à ce sixième rassemblement organisé par le PP depuis qu’Alberto Núñez Feijóo a pris la tête du parti en avril 2022.

Le déclencheur a été la fuite dans la presse, début juin, de retranscriptions de conversations entre une militante du PSOE, qui a annoncé quitter le parti, Leire Diez, un commandant de la Guardia civil (l’équivalent de la gendarmerie) et un entrepreneur, tous deux mis en cause dans des affaires visant des proches de Pedro Sánchez. Auprès de ses interlocuteurs, Leire Diez semble chercher des éléments compromettants sur des membres d’une unité de la Guardia civil chargés de ces enquêtes.

Les nombreuses affaires judiciaires des proches du secrétaire général du PSOE touchent même sa famille. Son épouse, Begoña Gómez, est impliquée dans une enquête pour trafic d’influence, tandis que le frère du leader socialiste, David Sánchez, doit être jugé bientôt, également pour trafic d’influence. Sur les deux cas, ce sont des associations proches de l’extrême droite qui sont à l’origine des plaintes. Le Premier ministre de 53 ans défend ses proches et accuse la droite et l’extrême droite de « campagnes de diffamation ».

Une fin de mandat compromise

Le chef du gouvernement a connu de multiples crises : des troubles indépendantistes catalans en 2019 aux inondations dans la région de Valence à l’automne 2024 et à la panne électrique géante fin avril, toujours inexpliquée. Pedro Sánchez dirige un Etat qui possède une des meilleures croissances économiques d’Europe, avec 2,4 % de hausse du PIB attendus en 2025. Le pays de la péninsule ibérique subit cependant une profonde crise immobilière. 600 000 logements sont nécessaires d’ici la fin de l’année, selon la banque d’Espagne.

Sans majorité au Parlement, le PSOE avance difficilement sur le plan législatif. Le Premier ministre est dépendant du soutien des ses alliés de gauche radicale et de partis catalans et basques afin de se maintenir au pouvoir. Malgré les attaques de ses opposants, un vote de défiance ne récolterait pas, pour l’instant, suffisamment de voix pour faire chuter le Madrilène.

Le prédécesseur de Pedro Sánchez, Mariano Rajoy, était tombé à la suite d’un vote de défiance lié… à un scandale de corruption. Les prochaines élections générales espagnoles auront lieu en 2027. La fin de mandat du socialiste pourrait être longue, très longue.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/en-espagne-le-scandale-qui-fait-vaciller-le-premier-ministre-pedro-sanchez-STSTGCTC5BB2LDX7FH2JAPYYZA/

Author :

Publish date : 2025-06-13 13:13:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express