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Ce que l’on sait des rassemblements « No Kings » prévus ce samedi à travers les Etats-Unis

Ce que l’on sait des rassemblements « No Kings » prévus ce samedi à travers les Etats-Unis

Environ 2 000 lieux de rassemblements et des manifestations massives sont annoncés ce samedi 14 juin à travers les Etats-Unis, pour protester contre ce que les organisateurs décrivent comme une dérive autoritaire de la présidence Trump. Baptisés « No Kings », ces événements veulent s’opposer symboliquement à Donald Trump et à la parade militaire organisée à Washington pour le 250e anniversaire de l’armée américaine — une célébration qui coïncide avec l’anniversaire du président, né un 14 juin.

Volonté de reconquête démocratique

Selon l’Associated Press (AP), le mot d’ordre « No Kings » est porté par le 50501 Movement, un collectif national rassemblant « des Américains ordinaires qui défendent la démocratie et s’opposent aux actions autoritaires de l’administration Trump ». Le nom fait référence à « 50 Etats, 50 manifestations, un seul mouvement ». L’idée : organiser un contre-récit à travers le pays. « Ils ont défié nos tribunaux, expulsé des citoyens américains, fait disparaître des gens dans la rue, attaqué nos droits civiques et détruit nos services publics. Et tout cela au service de leurs alliés milliardaires », affirme le groupe sur son site Internet.

Le slogan « No Kings » – « In america we don’t do kings », « Pas de rois en Amérique » – vise explicitement Donald Trump, accusé par les organisateurs de gouverner comme un monarque. Des slogans comme « destituez le roi » étaient d’ailleurs scandés dans de manifestations précédentes. « Nous voulons reprendre notre drapeau », revendique Sharon Harmon, porte-parole de la branche d’Indivisible (l’une des organisations qui coordonne les manifestations) à Charlotte, citée par le WSJ.

Une démonstration de force contre la démonstration de force

La date n’a rien d’un hasard. Ce samedi 14 juin, Donald Trump organise une parade militaire d’envergure à Washington qui exhibera le fleuron de l’armée américaine. Chars Abrams, obusiers automoteurs Paladin, unités d’élite et avions de combat… L’évènement s’annonce spectaculaire et impressionnant, alors que les conflits armés se multiplient sur le globe. Le Pentagone a évalué son coût potentiel à 45 millions de dollars, selon le Wall Street Journal (WSJ). En réponse, le but des organisateurs des manifestations « No Kings » est d’offrir à l’opinion publique un « split screen », en Français un « écran partagé », soit une image contrastée du pays.

« Être partout là où il n’est pas »

Près de 2 000 localités, grandes villes comme communes rurales, seront concernées par les manifestations, selon les sources des deux médias américains. Certaines localités traditionnellement conservatrices accueilleront aussi des événements, à petite échelle. Selon les organisateurs – qui espèrent la plus grande mobilisation en une seule journée depuis le retour au pouvoir de Donald Trump – la participation pourrait dépasser celle des manifestations « Hands Off » d’avril dernier, qui avaient réuni au moins 3,5 millions de personnes.

Dans un souci de stratégie, aucun événement n’est prévu à Washington, où aura lieu la parade présidentielle. « Nous ne voulions pas jouer son jeu », explique l’organisateur Levin au WSJ. « Le 14 juin, nous serons présents partout où il ne sera pas — pour dire non aux trônes, non aux couronnes, non aux rois », précise encore leur site Internet. Objectif de cette stratégie : déplacer la focale médiatique, se concentrer sur le « partout ailleurs », selon les termes des organisateurs cités par l’AP.

Cette dynamique a été récemment exacerbée par le déploiement violent de la Garde nationale à Los Angeles face aux manifestations de la communauté latino-américaine contre sa politique migratoire, contre l’avis même du gouverneur démocrate Gavin Newsom. Selon Ezra Levin, cofondateur du mouvement Indivisible interrogé par le Wall Street journal, plus de 200 nouveaux événements se sont ainsi ajoutés à la liste ces derniers jours.

Soutiens associatifs et milliardaires

Nombreuses sont les organisations progressistes qui appuient la mobilisation. De l’American Civil Liberties Union (ACLU), Planned Parenthood, la Fédération américaine des enseignants en passant par l’équipe de campagne de Bernie Sanders, d’après le WSJ. Le sénateur indépendant du Vermont appelle d’ailleurs à manifester dans 18 circonscriptions républicaines clés, là où il avait déjà mené ses rassemblements « Fighting Oligarchy ».

Des membres de l’élite économique s’associent même au mouvement, souligne le WSJ : Christy Walton, héritière de Walmart, a financé une publicité en pleine page dans plusieurs quotidiens nationaux, appelant à rejoindre les manifestations. L’entreprise a précisé qu’elle ne soutenait pas cette initiative.

Encouragement à la non-violence

Les organisateurs insistent sur un mot d’ordre central : aucune arme, aucune violence. Le site officiel du mouvement affiche d’ailleurs comme l’un des principes fondamentaux « un engagement en faveur de l’action non violente », et encourage les participants à désamorcer toute confrontation. Selon le WSJ, des volontaires formés à la désescalade, ainsi que des « marshals » en civil, seront présents sur le terrain, comme à Chicago ou 250 volontaires ont été spécialement préparés pour intégrer les plusieurs dizaines de milliers de manifestants attendus. En amont des manifestations, des ateliers en ligne ont été proposés pour former aux droits civiques et permettre des échanges avec les élus démocrates locaux comme le gouverneur du Kentucky, Andy Beshear.

Quel risque d’escalade ?

Malgré la volonté de non-violence affichée, les participants de « No Kings » seront confrontés « à une très grande force » s’ils approchent de sa parade, a prévenu Donald Trump. Avant d’ironiser devant la presse : « No Kings ? Je ne me sens pas comme un roi. Je dois passer par l’enfer pour faire approuver quoi que ce soit ».

Si les organisateurs insistent sur le fait que la sécurité est leur priorité, certains analystes anticipent le risque d’escalade. « Vous avez une autre Kent State », met en garde le politologue et directeur du Suffolk University Political Research Center, David Paleologos dans le WSJ, en référence à la répression meurtrière de manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam en 1970, des membres de la Garde nationale de l’Ohio avait fini par tirer à balles réelles sur les manifestants.

Pour David Paleologos ces manifestations pourraient néanmoins marquer un tournant stratégique pour l’opposition à Donald Trump, alors que les démocrates ont souvent échoué à trouver un message clair face à l’ancien président.



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Author : Enola Richet

Publish date : 2025-06-14 12:29:00

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