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Fin du conclave sur les retraites : les militants socialistes réunis en congrès divisés sur une censure

Fin du conclave sur les retraites : les militants socialistes réunis en congrès divisés sur une censure

Faut-il voter la censure ? A l’image de leurs dirigeants, les militants socialistes, réunis ce week-end pour le congrès de leur parti à Nancy, sont divisés sur la question, alors que prend fin la respiration de quelques mois que François Bayrou s’était achetée avec son « conclave » sur les retraites.

« Tout est sujet de censure mais tout est sujet de compromis aussi », a estimé récemment le premier secrétaire réélu, Olivier Faure. Une prudence qui reflète bien l’état d’esprit des troupes socialistes, dont le parti a plusieurs fois refusé de voter la censure du gouvernement de François Bayrou, à la différence du reste de la gauche, notamment au moment du budget en début d’année.

La journée de mardi marquera la clôture des discussions sur les retraites – et le Premier ministre a déjà écarté un retour à l’âge de départ à 62 ans. Sans surprise, les partisans d’Olivier Faure penchent plus pour une censure, alors que ceux de son principal opposant, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, adoptent un ton plus mesuré.

« Quand le PS n’a pas censuré au moment du budget, c’est qu’ils avaient la promesse de Bayrou de ramener le sujet des retraites devant le Parlement. Si ce n’est pas le cas, l’accord sera caduc », estime Nicolas Fetet, agriculteur de 68 ans, venu du Thillot, dans les Vosges. « Et si on ne peut pas débattre à l’Assemblée d’un retour à 62 ans, il faudra censurer le gouvernement. La moitié des syndicats ne sont pas là (FO et CGT ont claqué la porte des négociations, ndlr) c’est n’importe quoi », ajoute ce soutien d’Olivier Faure, « consterné qu’on puisse dire que le PS », dont il est adhérent depuis plus de 25 ans, ne soit « plus un vrai parti de gauche ».

Autre génération, mais même constat pour Lisa Louanchi, 25 ans, soutien également de la direction, dont un des axes de campagne lors du congrès était la volonté d’ancrer le parti « au coeur de la gauche ». « Le PS doit censurer. On doit représenter un véritable parti d’opposition à la majorité présidentielle et à la droite », estime cette étudiante venue de Rennes. Pour la gauche, « le sujet des retraites est un marqueur très structurant dans le deuxième quinquennat de Macron, en termes de mobilisation », ajoute-t-elle.

Au nom de « la responsabilité »

Parmi les électeurs de Nicolas Mayer-Rossignol, on adopte une approche plus prudente, pour des raisons de fond comme de stratégie politique. « Quelles propositions porte-t-on, nous, sur ce sujet ? La position de notre parti sur les retraites n’est pas claire. Censurer sur un sujet sur lequel nous-mêmes ne sommes pas clairs, c’est compliqué », estime Soizic Guiselin, directrice d’équipement public de 52 ans, venue de Rennes. « Doit-on parler en termes d’âge ou de durée de cotisation? », interroge-t-elle.

L’accord du Nouveau Front populaire signé entre les PS et les autres partis de gauche l’année dernière prévoyait d’abroger la réforme des retraites pour « réaffirmer l’objectif commun du droit à la retraite à 60 ans ». Une position dont se sont détachés les dirigeants socialistes, la jugeant trop peu réaliste.

Si elle comprend que son parti ait participé à la censure du Premier ministre (LR) Michel Barnier à l’automne, Soizic Guiselin estime que François Bayrou « incarne un corps mou », qui « irrite sûrement moins ». « Est-ce que c’est le bon moment pour remettre le bazar? Est-ce que les socialistes ont une alternative pour le poste de Premier ministre? Je ne suis pas sûre », dit-elle, se plaçant du côté de la « responsabilité ».

A ses côtés, Eric Quiviger, un conseiller principal d’éducation de 53 ans, également venu d’Ille-et-Vilaine, fait le calcul que Marine Le Pen, qui a été condamnée à de l’inéligibilité, ne votera pas la censure, par peur d’une dissolution de l’Assemblée et donc d’une élection législative à laquelle elle ne pourrait pas participer. « Si on fait une censure, il faudrait quand même qu’elle aille au bout », estime cet autre soutien de Nicolas Mayer-Rossignol. Sur le sujet des retraites, les arbitrages seront rendus par le Premier ministre et présentés « mi-juillet », a indiqué Matignon.



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Publish date : 2025-06-15 13:07:00

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